J'ai appris avec effarement -autant que mépris je dois avouer- que beaucoup considéraient Genesis, Phil Collins et Peter Gabriel comme de petits artistes, j'ai même entendu le mot "soupe". Jusqu'où peut se nicher la beauferie? Jusque dans le snobisme masturbatoire et poseur le plus éculé semble-t-il.

Je m'empresse donc de déclarer que cette bafouille se fera sous l'auspice d'une très bonne cuisinière. Miss Collins nous a concocté là une soupe pas loin d'être succulente.

-"I dont't care anymore": alors même si ça fait peu de temps que je me penche sur Genesis, Collins, Gabriel et consorts, même si je n'y connais pas grand chose en musique, j'entends tout de suite avec ce morceau la patte de Collins. Et je suis convaincu que ce n'est pas juste la voix. Me prenez pas pour un aussi con, j'avais bien sûr pensé à cela mais il y a quelque chose que je suis infoutu de distinguer, je ne sais pas, le rythme, le jeu sur la voix métallisée, le doux crescendo, je ne sais pas. En tout cas, c'est bien prenant. On entre dans l'album sans s'essuyer les pieds. Direct. Un morceau direct dans la viande.

-"I cannot believe it's true": très enjoué. Musicalement, je suis un peu moins client mais mélodiquement, c'est attirant. Ça me rappelle bien les jeux musicaux de l'époque. C'est moi ou j'ai l'impression que les saxos étaient hyper présents dans les années 1980? Plus que maintenant? Bref, années 80, gai, entrainant, j'ai l'impression que Michael J. Fox va pointer son nez pour nous révéler le secret de son succès. Voyez?

-"Like China": superbe intro à la guitare. Très entrainant, très péchu, j'aime. Ce morceau va directement loger dans ma case "favoris" de l'album. Je le trouve très riche, avec beaucoup de variations. Et la voix de Collins est mieux mise en valeur.

-"Do you know, do you care?" ressemble beaucoup à "The west side" à venir. Un truc toujours entrainant. Dans l'ensemble tout l'album est très dansant et porté par de la grosse beat non? Mais il y a autre chose que de la pomme. Il y a quelque chose de très élargi. Difficile pour moi qui suis inculte en la matière de trouver les mots, mais une impression de grandeur, d'espace vaste se dégage. Sans doute la voix de Collins comme électrisée, transformée en écho? La musique qui traine, bourdonne en fond?

-"You can't hurry love": géniale? Géniale! Très vive, très dynamique, rieuse, joie, liesse, plaisir, la vie quoi! Idéale pour se lever le matin avec la patate. Un hymne à la vie en somme. J'adore. Elle dépasse l'album et se place dans les plus grandes chansons tout court. Marquante : je suis tatoué.

-"It don't matter to me": elle a l'air bien. Mais elle ne me plait pas énormément. Pas désagréable, hein. Même très péchue. Et pourtant, ça ne colle pas pour moi. Quelque chose cloche. Sais pas. Les trompettes? Sont-ce des trompettes? Clarinettes, saxos? Ya des cuivres qui m'emballent moyen, trop rapides. J'aime bien les saxos rauques, qui roucoulent et trainent, lourds. Là, c'est très vif, comme des cris de poules. Bon passons.

-"Thru these walls": ah, un morceau très doux! Petite rupture pour se reposer du morceau pétaradant précédent, sans doute. Respiration très années 80, la musique derrière la voix, ces percussions me font penser au départ au "Careless whisper" de George Michael. C'est dire mon horizon culturel mélomane sur ces années là! J'vous dis que je suis très pauvre! Bon, en tout cas, j'aime bien. Pas le grand frisson, mais j'aime bien. Et je ne vois décidément pas comment on peut parler de "soupe" avec des chansons aussi variées sur un même album. Y a vraiment du foutage de gueules parfois!

-"Don't let him steal your heart away": intro piano. On part sur une base très classique. Dans l'ensemble, ici c'est la voix de Collins qui fait le gros du boulot. Encore un morceau très élégant, une belle recherche.

-"The west side": pauvre morceau, vampirisé par la pub Manpower! Difficile de se sortir ces images de la tête quand on l'écoute. Si l'on fait preuve d'un tant soit peu d'honnêteté, on ne peut que reconnaitre la beauté de cette chanson. Tiens, un saxo qui roule et traine. Joli.

-"Why can't it wait 'til morning?" on conclue avec un autre morceau plus classique. Piano, violons, flûte, haut bois, j'en sais rien mais grande orchestration et la voix de Collins qui sort de la clairière laissée par les instruments. Joli moment mais j'avoue que ce n'est pas pour celui-là non plus que j'écoute l'album.

En somme c'est un album très riche, plein de ressources. Même s'il ne trouve pas une grâce particulière à mes yeux, j'ai beaucoup aimé quelques unes de ses chansons. Franchement, je pense que je préfère d'autres albums de Phil Collins, mais celui-là se tient très bien. Un bon album, pas génial mais bon. Il a une allure, une densité, une cohérence générale qui me plaisent bien. L'a de la gueule, quoi!
Alligator
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le 3 janv. 2013

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