Hushed and Grim
7.4
Hushed and Grim

Album de Mastodon (2021)

Étouffant et sombre? Ouais, c'est pas loin d'être vrai ...

Il s’est fait désirer, ce nouveau Mastodon. 4 ans et demi après la sortie de l’excellent Emperor Of Sand, la formation heavy-sludge-psyché-progressif (au moins ça) originaire d’Atlanta nous propose ici son nouvel effort, qui plus est - et comme une récurrence ces dernières années chez beaucoup de groupes (Iron Maiden, Dream Theater, Metallica, Threshold ...) - un double album, pour très exactement, 86 minutes de musique.


En tout cas moi, je l’attendais avec une certaine impatience, d’autant plus que l’EP Cold Dark Place, sortit très peu de temps après Emperor Of Sand, donnait ce signe (visiblement trompeur) que le groupe deviendrai beaucoup efficace et productif.


Non, parce que, cet EP n’étant que des chutes de studios antérieures, mon analyse était donc tronquée.


En tout cas, de prime abord, j’ai été plutôt intrigué par la pochette. Pas que je la trouve moche hein, mais elle dégage une atmosphère à la fois … terne et curieuse. Cette teinte de couleur, bleu-gris, lui donne un aspect assez fantomatique, pas aidé par le visage du regretté Nick John - ancien manager du groupe décédé en 2018 - dessiné au bas de l’arbre, qui du coup évoque une sorte de stèle funéraire ...


Alors oui, on imagine aisément qu’ils s’agissait de lui rendre hommage mais … Drôle de mise en scène. Enfin passons.


(Ouais nan je confirme, plus je la regarde et plus elle m’angoisse cette pochette)


Revenons au concret. D’un point de vue … musique.


Alors, soyons d’emblée honnête. Jusqu’à ce jour – de mon point de vue en tout cas - jamais Mastodon n’a sorti de mauvais album. Certains ont des styles différents, c’est vrai, mais ils sont intrinsèquement tous de qualité. Et ce Hushed And Grim ne déroge pas à la règle, c’est un album à n’en pas douter, qui a est lui aussi de qualité.


Mais il y a quand même beaucoup à en dire, on va voir ça tout de suite.


Déjà, on peut dire qu’il est trompeur. Car quand on écoute les … disons, deux premiers morceaux, on se dit qu’enfin : « aaahh, ça tabasse comme avant, ça tartine, ça fait du bien ! Seraient-ils repartis sur un style plus rugueux, genre Blood Mountain !? »


Bah non. Bah ouais faut pas rêver non plus.


(impression qui était également renforcée par le morceau qu’ils avaient fait fuité avant la sortie de l’album, à savoir « Pushing The Tides », qui lui aussi était un morceau « nerveux »)


Mais en gros, ça se tasse vite, l’euphorie retombe rapidement, surtout au moment de « Teardrinker », dont le début semble être un clone de « Show Yourself », en moins marquant. Oui là, vraiment, on commence à ressentir une petite lassitude.


Et en fin de compte, excepté quelques fulgurances ici et là, sur le deuxième disque, c’est ce même rythme qui perdurera, il n’y aura pas de retournement de situation.


Après, on peut analyser un peu plus en profondeur.


Car si on y fait bien attention, on se rend compte que l’accent est mis ici sur l’aspect psychédélique et mélodique, toujours dans la lignée depuis au moins … The Hunter, mais de façon encore plus prononcée cette fois-ci. Vous voyez le morceau « The Sparrow » qui clôture ce même album là, The Hunter ? Bah c’est un peu comme si on avait plusieurs « The Sparrow » sur le disque. Très bon morceau hein, mais une certaine redondance s’installe au bout d’un moment.


Et comme un symbole, la présence du clavier est renforcée ici, j’ai l’impression qu’on en a partout (pas une surprise du coup de voir qu’ils avaient engagé un claviériste sur la tournée qui a suivi). Et même le côté progressif, au sens un peu traditionnel du terme est, j’ai l’impression, plus présent également (dans certains patterns et certaines progressions d’accords et d’arrangements).


Hmm, oui.


Cela dis ... album émouvant c’est vrai, plus introverti que les précédents (accentué par une ambiance plus sombre, et presque angoissante par moments).


Mais voilà, de la part de Mastodon, on s’attend à avoir plus de surprises et de riffs un peu plus sauvages, je dois reconnaître cette frustration.


On remarquera aussi le peu de présence du chant de Brent Hinds (seulement 2 morceaux sur les 15!), c’est dommage de s’être passé de sa voix, j’apprécie particulièrement son timbre « redneck nasillard » qui fait tout son charme. Et pas de guest vocal de Scott Kelly sur cet album ! Ça aussi ça m’a surpris. Une première depuis le premier album, Remission. Cette absence peut s’expliquer par le fait qu’il était présent sur le morceau Fallen Torches, morceau exclusif sorti sur l’album compilation Medium Rarities, l’année précédente (d’ailleurs faudra qu’on m’explique l’intérêt de ce disque …) et qu’ils n’ont peut-être pas jugé opportun de le faire intervenir une nouvelle fois ici.


En tout cas, un album de Mastodon, sans le petit guest de Scott Kelly … Ahh ouais naaaan, c’est dommage. Même si sa présence est généralement brève, ça apporte ce côté rugueux et corrosif qui pimente un peu plus le propos.


En définitive, je dirai que sans être un mauvais album (objectivement il ne l’est pas), il ne m’a pas particulièrement marqué et m’a parfois ennuyé (en plus, double album, donc album plutôt long), mais c’est une direction artistique que j’essaierai de ne pas critiquer et que je respecterai. J’admire ce groupe et ces musiciens, pour toute cette musique passionnante qu’ils ont crée jusqu’à présent, j’apprécie leurs thématiques et leurs personnalités, c’est pour cela que cette critique que j’émets à travers cette chronique est complètement bienveillante et ne changera pas le fait que Mastodon restera un de mes groupes préférés de ces dernières années.


Moments marquants : les passages qui tabassent sur Pain With An Anchor et The Crux, le passage avec Brent Hinds sur The Beast, le refrain de Skeleton Of Splendor avec les backing vocals de Brann Dailor, la partie centrale de Gobblers Of Dregs et la fin de Gigantium.

lépagneul
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le 30 mars 2022

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