II
7.4
II

Album de Espers (2006)

Le deuxième album d'Espers, s'intitule simplement II. Ce groupe, mené par le songwriter Greg Weeks, avait déjà sorti un premier album éponyme, sublime exercice de folk pastoral et spatial, suivi d'un disque plus court composé uniquement de reprises couvrant un spectre très large allant de chansons traditionnelles à un morceau de Blue Oyster Cult. Sur son nouvel album, le groupe établit à nouveau une synthèse qu'on pensait impossible entre folk-rock anglais et américain, s'imposant comme une version moderne et américaine des légendaires formations britanniques Fairport Convention ou Pentangle, qui sévissaient dans les années 60 et 70. Weeks a démarré le groupe au moment où il en avait assez de sa carrière solo, voulait se débarrasser de questions d'ego et jouer sans se soucier d'être l'unique responsable de la musique. Le premier album d'Espers était tout entier baigné de psychédélisme.Le nouvel album Espers II est dans la continuité, mais se dévoile plus complexe : le groupe joue de façon très serrée, sans jamais tomber dans la technicité pure. Les entrelacs des voix du groupe, féminines et masculines, emportent les compositions vers un ailleurs très aérien, les font flotter et transportent l'auditeur dans un espace clos, cotonneux et lymphatique. Avec de tels disques, plus besoin de drogue. (Inrocks)


Avec ses allures de Stairway To Heaven du pauvre, le médiéval Dead Queen introduit bien mal ce nouvel album d'Espers, dont la numérologie rappelle d'ailleurs tristement le groupe d'un certain Jimmy Page. Il y a des influences que l'on se passerait bien de distinguer, et, au risque de choquer les hordes de ses adeptes, Led Zep en fait assurément partie... D'autant que l'embarrassant cadavre de la reine donne le ton de l'album : Espers II sera folk, baroque et morbide. Ou ne sera pas. Widow's Weed donne à la suite l'occasion d'entendre ce que donnerait Dead Can Dance s'il s'essayait au psychédélisme sur une guitare trouée en son centre et, croyez-le ou non, ça fait mal. Certes, pas autant que la paire à suivre, Cruel Storm-Children Of Stone, qui réveille sans en mesurer les conséquences le fantôme Aphrodite's Child d'un Demis Roussos en pleine possession de ses moyens, mais tout de même. Tout esprit sain aurait déjà retrouvé sans attendre ses albums de Six Organs Of The Admittance, et il faut convenir d'une certaine dose de masochisme pour expliquer la suite de l'exploration d'Espers II : l'acquis de conscience ne justifie pas tout. Car après la reine, c'est maintenant au roi d'y passer : il semble alors évident que l'on nous raconte une histoire, un conte tragique dont Dead King figure un des chapitres les plus cruciaux. Doit-on rire ou pleurer ? Seuls des roadies ivres et unplugged de Pink Floyd sauraient parvenir à un tel niveau de marasme instrumental mais, à ce stade, on espère plus rien, si ce n'est que cela s'arrête. Définitivement.(Magic)
Avec ce troisième album, Espers nous ouvre une nouvelle fois les portes de son royaume, un univers doux-amer où les cyclopes côtoient les enfants de pierre, où les éléments se déchaînent, où les rois et les reines périssent d'une mort mystérieuse. De la féerie que l'on connaît, celle des contes, Espers préserve toute l'ambivalence : entre la magie d'un monde nouveau et la cruauté des drames qui s'y déroulent. La voix douce et envoûtante de Meg Baird donne un peu de fraîcheur et d'innocence à cet univers dont la tristesse est suggérée par la lenteur des rythmes, par l'allure mélancolique des mélodies, par la lourdeur occasionnelle des violons. L'instrumentation riche et variée (flûte, violon, guitare, et même cornemuse dans "Children of Stone") est au service de la construction de paysages sonores, de tableaux très complets dans lesquels il nous est donné de nous aventurer quelques instants. On a l'impression de chroniques venues d'ailleurs : chaque morceau est comme un fragment de ce monde qui s'offre à nous pour la contemplation. Mais réduire Espers à une simple porte d'entrée au royaume de Féerie serait une erreur. Là où les contrefaiseurs de musique médiévale se seraient contentés d'une orchestration classique, la formation de Philadelphie n'hésite pas à mêler aux harpes et aux clavecins le grincement d'une guitare électrique bien contemporaine. L'arrière-fond de percussions omniprésent tempère l'ardeur des violons ; la présence insistante de bourdonnements qui se prolongent parfois pendant des minutes entières (comme dans "Dead Queen") brise la dimension enchanteresse de la mélodie, et en fin de compte, si l'on est transporté ailleurs, c'est bien en gardant les pieds sur terre. Il en résulte une musique qui, tout en ayant un fort pouvoir évocateur, garde la remarquable sobriété caractéristique du folk. "Cruel Storm" est un morceau d'un dépouillement extrême, dont la mélancolie calme rappelle la simplicité des complaintes de Beth Gibbons. Dans "Children of stone", les voix se contentent pendant quelques minutes d'une simple guitare et d'une flûte pour accompagnement. De cette alliance entre un folk épuré et une instrumentation très évocatrice naît donc un mélange original, difficile à caractériser en un mot ("acid folk" et "psychedelic folk" sont, semble-t-il, ce qu'on a trouvé de plus court en la matière...). Quoiqu'il en soit, le mariage est heureux, et le résultat vaut le détour. C'est rafraîchissant, envoûtant et dépaysant.(Popnews)
Découvert l’année passée avec un premier album éponyme, ce collectif de Philadelphie qui pourrait s’apparenter à une communauté baba-cool des années 70 a fait quelques tournées, notamment en compagnie de Stereolab ou Devendra Banhart… Ayant connu une première reconnaissance grâce au bouche-à-oreille, ils reviennent avec un deuxième opus sobrement intitulé "II". Construites autour d’une guitare acoustique, leurs folk-songs souvent psychédéliques développent des ambiances fragiles qui n’empêchent pas de longues errances électriques. Tel des Mamas & Papas tristes et mystérieux qui rencontreraient A Silver Mt. Zion dans les bois, Espers nous envoûte par la voix de Meg Baird, à la fois source d’ombre et de lumière. Des contes marqués par la joie, la curiosité et l’humour, tout en étant clairement ancrés dans une sincère mélancolie. Les arrangements de cordes, la flûte (Dead King), des percussions indiennes (dumbecks, dholaks), offrent des teintes personnelles dans un genre souvent voué au mimétisme et par-là même à l’essoufflement. Le groupe assoit avec ce deuxième tableau une patte propre, un caractère proche de la féerie qui devrait définitivement l’installer parmi les incontournables du genre atmosphérique. (indiepoprock)
bisca
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le 24 mars 2022

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