Internal Travels
7.2
Internal Travels

Album de Gravenhurst (2002)

La lecture de l'argument publicitaire inspirait une certaine méfiance : n'égale pas Nick Drake (et à un degré - mythe ? moindre, Low et les Red House Painters) qui veut. Méfiance d'autant plus légitime que depuis quelques années et la redécouverte progressive de sa musique, personne ne s'est réellement privé pour citer à qui mieux mieux le nom de Nick Drake dès qu'un nouveau songwriter solitaire au regard de chien battu faisait entendre quelques notes de guitare acoustique sur un album forcément "révélation".
Mais, là, pour le coup, pas de déception, "Internal Travels" est à la hauteur du sticker qui orne son joli digipack à velcros. A l'aide de guitares au fingerpicking vif et personnel quoique effectivement descendant en droite ligne du folk anglais seventies incarné par Nick Drake ou Bridget Saint John, seulement soulignées de rares clochettes ou de lointaines nappes vrombissantes, Nick Talbot bâtit son propre univers, d'une voix simple et fragile qui évoque parfois Harvey Williams, sans jamais rien devoir à personne plus qu'il ne faut. Introspectifs (d'où le titre), souvent hantés par la mort et doucement allusifs, les textes du bonhomme font mouche, sans pleurnicherie inutile ni prétention pseudo-poétique. Sur "The High Seas" ou "Mountain", le chant de Nick se fait même presque candide, rafraîchissant - et là, pour le coup, on pense au Nick Drake irradiant d'un semblant d'espoir son "Northern Sky". Mais d'espoir, il est finalement peu question ("Song of the Summoning" et ses pulsions quasi suicidaires) ou alors, suspendu à un hypothétique amour idéal ("The High Seas") dont on a tout à attendre ("I'll take my own life / And rebuild it / Around you", sur le magnifique dernier morceau, "Meet the Family", et son long final à l'instrumentation soudainement plus étoffée - trompette, batterie, deuxième guitare, basse). "Internal Travels" est un album laissant loin vacuité et pause complaisante, dont la sincérité n'est pas sans rappeler le premier album de Sophia, "Fixed Water", la rage en moins. Triste coïncidence, Nick Talbot a en commun avec Robin Proper-Sheppard, de Sophia, d'avoir vécu la perte d'un musicien de son précédent groupe, auquel est dédié ici l'instrumental "Song For Luke". Le malheur des uns fait décidemment souvent le bonheur de l'auditeur. Un disque rapidement essentiel. (Popnews)

bisca
7
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le 27 mars 2022

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