JVLIVS
7.4
JVLIVS

Album de SCH (2018)

Titre faisant référence au morceau de l’album : Prêt à Partir.


« SCH, c’est juste une partie obscure de moi que je n’ai pas besoin de montrer quand je vais au centre commercial m’acheter des habits. [Sourire] Cette partie obscure m’a poussé à faire certaines choses pas terribles dans ma vie, mais elle m’a aussi donné l’envie de faire de la fiction trash. Surtout, ça permet d’extérioriser plein de trucs enfouis, que je n’exprime pas au quotidien, parce que je suis de ces tempéraments « cocotte-minute » qui ne disent jamais ce qui ne va pas. La musique, ça coûte moins cher qu’un psy et ça baise moins la santé que de fumer du shit. [Sourire] »


Première critique d’un album (hors bande-originale), il fallait bien que ça arrive et je suis content de commencer par cet album : JVLIVS. Album de SCH, un rappeur que j’ai appris à respecter et à apprécier son travail au fil des écoutes. En effet, la première fois que j’ai écouté une musique de cet artiste, j’ai complètement détesté. Pourquoi ? Parce que Champs-Elysées est vraiment mauvais tant dans l’écriture, le flow, l’autotune et le clip : rien à sauver de ce morceau. Mais heureusement, SCH a fait bien mieux et je suis totalement rentré dans le délire. C’est un style qui n’est peut-être pas à la portée de tout le monde et qui peut en rebuter plus d’un, mais une fois qu’on est entré dans le délire, on n’en sort pas facilement. Je n’ai pas tout écouté, mais dans l’ensemble je suis satisfait. Voilà, comme ça je peux citer Fusil, A7, Interlude ou encore J’reviens de loin qui m’ont marqué dans ce que j’ai pu écouter. Mais maintenant je vais m’intéresser à son album JVLIVS, premier du nom en essayant d’analyser les paroles, les instru, et les clips.


JVLIVS est un album à concept où SCH nous raconte de manière explicite et brutale la violence de cette vie, fantasmée, de gangster. Un peu comme pour Anarchie quoi. C’est aussi un album très personnel, où Julien, l’homme derrière SCH, va plus se confier sur sa vie. Très vite, j’ai vu que le travail était très intéressant, de par son côté cinématographique et aussi très réussi avec des instrus de qualité, un texte bien pensé et une voix qui colle parfaitement avec l’ambiance des morceaux. Même les interludes sont soignées, écrites par Furax et interprétées par José Luccioni et sa voix impériale, bien que ce soit parfois un peu cliché et bateau… A l’image de la couverture de l’album. Ne vous méprenez pas, je la trouve stylée et plus réussie que celle du tome 2. Mais force est de constater qu’on a là un cas d’égotrip (dont on en reparlera) avec un personnage torse nu, comme sur ses anciennes pochettes, d’ailleurs, avec des chaînes en or, des bagues...De plus, il est clairement mis en valeur avec une faible profondeur de champ, ne laissant que lui dans la zone de netteté. A noter qu’ils ont choisi un des décors du film Le Parrain 3. On a ,donc, là un homme qui a réussi sa vie et qui le montre avec ses bijoux et sa fourrure. Et pourtant…SCH a la tête baissée, à l’instar de ses dernières pochettes également, et les mains croisées, comme s’il n’était pas fier de ce qu’il est devenu (et ce sentiment de fierté, mais accompagné de remords, on va le retrouver durant ce projet) et comme s’il priait. Le titre du projet est : JVLIVS, en référence, évidemment, avec le prénom du rappeur, Julien. Mais, le titre est en latin, (le ‘v’ à la place du ‘u’), à l’instar de son précédent album : Deo Favente qui veut dire : Avec la faveur de Dieu. Ce qui peut justifier le fait qu’il croise ses mains. On remarque un intérêt pour le latin et JVLIVS, peut également faire référence à Jules César, le conquérant, qui en latin donne : JVLIVS CAESAR. Déjà, SCH, donne un indice sur la tonalité de l’album et reprend le nom d’une des personnalités les plus importantes de l’Antiquité romaine. Toujours de l’égotrip, mais le fait qu’il donne son prénom à ce projet montre que l’album sera beaucoup plus personnel et introspectif...


Alors, je vais commencer par parler très rapidement du court-métrage : Absolu, Tome 1. En gros, c’est sympa, mais ça reste encore très amateur dans le jeu, je trouve, mais l’image est soignée et c’est une réalisation type d’une personne qui a vu et adoré la série Gomorra. D’ailleurs, SCH prend ici des allures de Salvatore Conte, personnage de la série. Mais, je salue l’effort, ça démontre bien tout le travail qu’il a consacré à l’album et j’aimerais en voir plus. Bref, beaucoup de potentiel.


Bon allez, l’album débute sur le morceau : VNTM. Une musique bien vénère et violente qui nous plonge directement dans le bain. Nous pouvons déjà parler du titre : Va Niquer Ta Mère. On ne fait pas dans la subtilité. Ca commence doucement avec un choeur féminin, un caractère presque solennel et petit à petit des sons très courts et la voix du S interviennent pour quelques secondes plus tard, faire basculer la musique dans un autre registre avec une instru beaucoup plus percutante et un tempo plus rapide, dû notamment à l’apparition des Hats en fond qui viennent donner du rythme. Des sons électroniques très aigus accompagnés de basses très graves (normal). Parfois, il y a même des ruptures dans l’instru, pendant quelques secondes avec des sortes de percussions plus rapides et graves qui vont ensuite relancer la mélodie en lui donnant plus de vivacité. Et la voix d’SCH est...disons particulière et pas évidente à écouter au début. Et c’est cette voix qui va venir apporter du punch au morceau : il va notamment accentuer et appuyer les dernières syllabes. Avec cela, revient le choeur. Un choeur différent. En effet : si au début les notes sont liées, ce qui donne ce caractère calme, là les notes sont détachées : on a encore plus de rythme et plus de puissance. La musique devient presque épique. Et après, l’instru se répète avec quelques différences, mais c’est pratiquement la même chose. Les paroles : en gros, on retrouve cet égotrip, où Julius nous dit à quel point il a réussi...


« J'les tue, question d'éthique, j'compte à tous les dix mille
Je rajoute un élastique (ouais) »


...et qu’il n’est pas prêt de s’arrêter, comme il le dit lors de sa première ligne de texte :


« Je recherche encore mes limites »


Il décrit aussi ce mode de vie violent dans les quartiers. Un quotidien ancré dans la violence…


« Maman peut ré-ouvrir ses rideaux, y'a plus de crimes, en bas y'a la piscine »


...Mais, une violence nécessaire, pour sortir de ce quotidien. Un mal pour un bien finalement.


Dans ce morceau SCH, va constamment se mettre en avant sans forcément se remettre en question. D’où le titre VNTM. Il continue, il avance, détruisant tous ses obstacles jusqu’à atteindre les sommets :


« Tu nous connais, mieux vaut qu'on discute »
« Personne va racketter S (va niquer ta mère) »


Enfin, pour continuer dans la violence, à la fin du morceau il va répéter deux fois de suites : «Baron Rouge », qui est le surnom de Manfred Von Richthofen, un aviateur allemand de la Première Guerre Mondiale. Une légende, même, l’as des as...
Dans ce morceau, il fait un parallèle entre le monde de la rue et sa vie en tant qu’artiste en se mettant en avant, une fois encore, en disant qu’il a servi d’inspiration pour beaucoup de rappeurs, il utilise même le terme « enfanté ». De plus, il se décrit comme étant méfiant envers son entourage. Maintenant qu’il a réussi, on revient vers lui « comme si rien n’était » pour profiter de son argent. Il veut s’éloigner de ceux « qui voient tout en pourcent », puisque dans ce monde « y a rien que des Judas ». C’est un thème que l’on retrouve chez pas mal d’artistes : un changement d’attitude soudain des proches lorsque le succès sonne à la porte. Enfin, il dit à la fin du morceau, reprendre son « rrain-té ». Et ce texte, il l’explique comme ça, lors d’une interview accordée à ‘abcdrduson’ :


« J’ai créé un label pour voler de mes propres ailes et faire ce que j’avais envie. J’avais une vraie volonté de reprendre mon terrain, d’autant plus qu’un an et demi dans le rap, ça équivaut à dix années. C’est réel, vu le niveau de la consommation musicale actuelle. Voilà pourquoi je parle énormément de récupérer mon terrain sur ce disque. J’ai laissé pas mal de mes gosses dans le rap faire ce qu’ils avaient envie pendant un certain laps de temps, il fallait que je revienne au charbon. [Sourire] C’est de bonne guerre évidemment, je dis ça sans aucune animosité. On fait du rap, on rigole. »


Le prochain morceau s’intitule Pharmacie et lui a été clippé. On retrouve toujours cette ambiance mystérieuse, cette ambiance mafioso dans l’instru. On retrouve aussi la même structure que pour VNTM, mais avec un tempo plus lent et avec plus de coupures dans l’instru. Notamment une, intervenant avant le refrain : l’instru s’arrête brutalement, pour arriver, en crescendo, à un son bien percutant qui vient frapper l’instru pour la relancer. A cela viennent deux sons et j’avoue, je ne sais pas comment les décrire, si ce n’est qu’ils sont courts aigus, réverbérés et qu’ils donnent au refrain un caractère entraînant. Une instru un peu bordélique. En effet, j’ai même eu l’impression, pendant un court instant que l’instru était jouée à l’envers. Et cet aspect bordélique, on le retrouve dans le clip avec beaucoup de coupures, des images subliminales du S, des zoom optiques brutaux et du coup il n’est plus net, des gestes qui se répètent, le S se chevauche même parfois avec tous ses clones, des moments où l’on décompose les mouvements du rappeur et même un changement de format: le cadre se resserrant, parfois, beaucoup plus sur lui. Le montage est donc survitaminé, mais il l’est seulement avec le décors représentant les symboles d’une pharmacie. Dans ce morceau, la pharmacie fait référence à un lieu où l’on récupère la drogue. D’ailleurs ce décor est sombre et illuminé par ces fameuses croix, comme pour signifier qu’il n’y a que la drogue qui peut l’aider à sortir de son quotidien. Il peut la consommer, d’où tous ces effets visuels bizarres ou les vendre, d’où le reste du clip, normal, où on le voit bien habillé, avec des bijoux tout ça (ouais c’est tiré par les cheveux j’avoue). Le reste des décors nous montre un SCH classe et charismatique avec un montage un peu plus normal. Les paroles : SCH explore les mêmes thèmes que lors du précédent morceau : description crue de la rue :


« La rue, j'ai une vue d'ensemble, elle sait qu'on y a tous un intérêt
Tit-pe, dix g dans l'jean, des clients du soir à la matinée
On prend, on vend on s'enlise, un Glock, on fait pas des sports combinés »


Le fait qu’il contrôle tout :


« Tu vas plus chanter si j'ferme mes robinets »


La trahison :


« Le rap, c'est un jeu d'échecs et les fous sont toujours au plus près du roi »
« T'es beaucoup trop bon pour être un ami, beaucoup trop con pour pouvoir me faire »


SCH va même faire allusion à la célèbre phrase de Jules César : Veni vidi vici, en la reprenant de façon plus violente :


« j'suis venu voir et j'ai vu, j'ai ué-t »


Ah et il y a une ligne que je trouve assez intéressante :


« Rire en vélo ou pleurer dans une Enzo »


Ici, SCH, reprend ce fameux proverbe : l’argent ne fait pas le bonheur. Il commence à douter de ses choix de vie. A force de vouloir sortir de la rue en ne pensant qu’à faire de l’argent, il a oublié de vivre et d’être heureux.


Enfin, nous pouvons remarquer que le refrain est plutôt entraînant voire même dansant. Pourtant ce caractère est clairement en opposition avec les couplets et les paroles, pour donner cette image fantasmée de la réussite de la vie au quartier et en même temps la contredire…


« C’est un disque construit dans la continuité, dans le but de raconter une histoire, celle d’un jeune qui sort d’une pharmacie et veut finir plus loin. »


Le prochain morceau s’intitule Tokarev, en référence au pistolet semi-automatique du même nom. Un des meilleurs morceaux de l’album, selon moi, et pour cause, SCH rappe avec ses tripes et sa haine, je trouve, avec un débit de paroles assez important, et ça donne de la force à ce morceau. L’univers mafieux est bien assumé ici, avec des notes de guitares. Et là, l’instru est plus discrète avec des basses et la guitare, pour laisser de la place à la voix du S, lui donner plus d’importance. C’est lui qui va donner de la puissance. De plus, l’autotune se fait beaucoup moins ressentir qu’avant. Ce qui nous donne l’impression qu’il nous parle de manière plus crue et sans filtre. C’est un son qui nous montre la violence, l’ambition et la loi du quartier.


« Du sang des ch'mises, on r'vient défait »


Ici, on peut supposer qu’il y a eu une rixe, Julius a du sang sur les mains, peut-être, et il revient défait. Ce mot peut avoir deux sens : soit il revient perdant, soit, ça vient du verbe ‘défaire’, c’est-à-dire qu’il revient, changé et déconstruit : il a supprimé l’ordre établi. Mais les deux se rejoignent : il n’en sort pas vainqueur.


« Dix forêts pour un trèfle, un Tokarev pour la trêve »


Là aussi, j’aime bien la manière qu’il a d’annoncer tout son parcours, son travail et ses sacrifices même. Le trèfle est un symbole de chance. Et la chance, on ne la connaît que trop rarement quand on vit dans le quartier. SCH a réussi à en trouver un, mais après avoir exploré dix forêts… La seconde moitié du vers, reprend un peu l’expression latine : « Qui veut la paix, prépare la guerre ». Ca nous résume bien qu’une arme, peut régler tous les problèmes et instaurer une paix. Un mal pour un bien, mais à quel prix et pour combien de temps.


« Un trois quarts Boss couleur pègre
Comme si on allait tuer l'juge et l'préfet »


Ici, le S fait référence à l’assassinat du Juge Michel, commandité par la French Connection. Donc Julius se comparerait presque à cette organisation.


« T'sais, un te-traî capuché au phone sur l'trottoir devant l'Starbucks
Minuit en ville, un 530 SX et c'est pas les Daft Punk »


Là, il nous décrit de manière plus imagée, la violence, la loi du Talion peut-être du quartier.


« Le putain d'bruit d'la pointeuse, le courant d'air froid du vestiaire
Tu m'paies mes supplémentaires d'heures,
Dehors, j'me suis jamais laissé faire
Tu t'fais pincer mon ami, c'est l'risque, ouais »


Ici,le rappeur fait référence au travail à l’usine. Un travail au dur labeur, mais au salaire bien maigre. Une issue garantie, mais bien moins gratifiante. Alors au risque de se faire pincer, autant tomber dans l’illégal :


« On passe du légal au létal, un homicide, un Esso »


Et, il y a encore plein de passages où le S évoque la violence :


« le monde avec trois six », qui renvoie au nombre maudit. Une vision très pessimiste et très sombre d’un monde, vu par quelqu’un qui a grandi dans l’illégal et qui ne connaît que ça.


« Pendejo, le quartier meurt, t'as fumé ton re-frè, le quartier fait flipper »
« Ils sont morts pour des doutes, pas l'intime conviction »


Il décrit aussi la misère du quartier et la seule façon d’en sortir :


« Le hall et l'escalier, le parking et les caves, les préaux, les fauteuils
Les flingues à la buvette, l'héroïne, les épaves
Le ciel est rouge et gris, on reprend, on découpe, on emballe, on écoule »


Et avec tout ça, il finit seul.


« Les couilles, la condition, l'époque et l'ambition, j'suis seul sur l'addition »


C’est lui le trèfle pour dix forêts...


Enfin, le couplet se termine par : « cric cric, baw ». Et ça veut dire que ça veut dire quoi…


Le prochain morceau et, encore une fois, un des meilleurs de l’album s’intitule Otto, en hommage à son père, décédé en 2017. Et là encore, l’instru, comparée aux deux premières, est plus discrète et beaucoup plus calme, afin de laisser de l’espace à la voix, pour qu’il puisse s’exprimer : un tempo plus lent et les notes qui ressortent le plus sont celles d’un piano. Et là, où, dans Pharmacie, c’était une grosse basse qui venait percuter par moments l’instru, là c’est toujours un piano, une note plus légère qui entre en opposition avec la voix du rappeur et les paroles. A la fin, l’instru s’éloigne des codes du rap avec l’apparition de cordes, des instruments pas vraiment communs dans ce genre de musique. Une instrumentale, plus sombre et plus mélancolique. Dans, le clip, il y a ce plan assez intéressant, en parfaite cohésion avec l’esprit du son et de l’album : des photos assemblées, qui montrent des visages aux yeux barrés, ce qui signifie qu’ils sont décédés, qui forment les lettres qui constituent le prénom de son père : OTTO. Le tout est entouré de roses rouges. Dans les autres plans (autres de ceux du court-métrage), on peut voir un SCH habillé tout en noir, couleur du deuil, mais également en jaune bien flashy. Il est en contradiction avec le décors et les autres personnages : peut-être une manière pour lui de montrer qu’il a fait son deuil, ou peut-être même tout le contraire, du moins que grâce à cette musique, il peut faire son deuil. Au niveau des paroles : si le S s’est créé un personnage, il aurait très bien pu en créer un pour son père :


« J'connais des tueurs que tu trouves adorables »
« Un gosse, une crosse qui dépasse de l'anorak », là le gosse pourrait même être Julius, du coup, qui aurait grandi entouré d’armes.


« Un ennemi mort, c'est la tranquillité », ce vers renvoie au morceau précédent : « un Tokarev pour la trêve »


Dans, ce morceau, le S, nous montre à quel point il a galéré…


« Fils de pute, on tire, on va pas rater, j'avais pas un radis »
« J'viens du trou du cul d'en bas moi, nous, on a ramé »


...pour atteindre ce succès


« Sur un banc, j'ai grandi, là j'vis rue Paradis »
« J'passe le prod au piano dans mon quatre anneaux »
« Ces pierres précieuses en témoignent », il s’inclut lui-même, dans sa réussite matérielle. En effet, là, il parle de ses yeux qui brillent à cause de la fatigue.


Mais pour l’atteindre, il a dû passer par des voies illégales et SCH n’est pas dans l’égotrip, vu les manières qu’il emploie pour en parler :


« Yeux tout black, j'reprends ton rrain-té comme l'Antéchrist »
« On n'a plus d'âme et tu sais déjà qu'on est maudits »
« Et t'faire mourir, j'ai 10 000 façons, là, c'est la moisson
On va t'ligoter comme un saucisson »


Il évoque également la Cosa Nostra, la mafia sicilienne. De plus, il dit aussi :


« J'tourne en ville phares éteints, les films ont déteint » Et Cosa Nostra est un film de Terence Young, sorti en 1972.


Mais, évidemment, tout cela se paie, un jour ou l’autre :


« J'ai perdu des potos, j'ai même plus les photos »
« T'as l'choix, jugé par douze ou porté par six »


Ici, SCH, nous propose deux choix, les deux seules issues possibles, une fois qu’on est rentré dans l’illégal : soit on se fait juger par douze et c’est direction prison, soit on se fait descendre et c’est direction cercueil, porté par six.


Dans, ce morceau, avec la mort de son père, il va se rendre compte du temps qui passe et dont le passage est immuable et inéluctable.


« Le ciel s'éclaire avec ou sans toi »
« Une seule vie donc le temps presse »


Enfin, il va évidemment mentionner ses parents et notamment, sa mère, son seul parent qui lui reste :


« J'la quitterai si mère veut que j'm'en sépare », la seule femme qui mérite tout son amour, comme il l’a prouvé avec « Allô Maman ».


Bref, un morceau complet, où Julius, laisse un peu plus sa place à SCH qui lui, laisse sa place à Julien.


Le prochain morceau s’intitule « Skydweller » et je pense que c’est celui qui, lors de la première écoute, m’a le moins marqué et pourtant… Alors pourquoi ce titre ? Ce dernier, fait référence à une marque de Rolex : des montres de luxe. Un choix pas anodin quand on voit son goût pour le luxe sur la pochette, mais aussi, quand on voit ce qu’il dit sur le temps et le fait de profiter de chacun des moments. Et en fait, je me suis rendu compte que l’instru était très intéressante. En parfaite cohésion avec son titre, l’instru nous laisse entendre le temps qui passe avec ce tic-tac constant et oppressant (toujours exagérer), accompagné, parfois par de lourdes basses et une guitare aux notes détachées et mélancoliques. Le morceau, sera plus tard, agrémenté d’un saxophone qui vient accentuer cette tristesse. Tristesse, qui peut venir des regrets du S. Regrets que l’on peut comprendre avec l’utilisation de son autotune qui lui donne une voix moins grave et plus mélodieuse. Et les paroles sont en adéquation avec l’instru :


« J'regarde mes rêves tomber dans l'eau 
J'ai mes plus belles étoiles là-haut, mes amis derrière les barreaux »


« On n'a pas grandi dans la norme
J't'en prie, souris, les bons moments reviendront »


« Ça pue le crime à ma table
Tous les prix de mes choix, fréquente tous mes types »


On retrouve l’idée du temps qui passe et des regrets, sur sa jeunesse et sur son train de vie. Il commence à prendre peu à peu conscience de ce qu’il fait : on s’est donc un peu éloigné de l’égotrip du début.


« La valeur qui régit le monde, c’est le temps, pas l’argent »


Dans le prochain morceau , Facile, SCH va nous exposer sa réussite, son ascension sociale et son goût pour le luxe avec un refrain assez explicite hein :


« OG, Hazi, Marseille, 1-3, argent, facile, facile
OG, Hazi, Marseille, 1-3, argent, facile, facile, facile
Givenchy, Margiela, Saint Laurent, Gabbana, Gucci, Versace, Y-3, Prada
Givenchy, Margiela, Saint Laurent, Gabbana, argent, facile, facile, facile »


Là, on retrouve le SCH du début avec cet égotrip :


« J'endosse un chèque, là, j'suis en digestion
Au fait, la baraque ça fait 600 plaques »


Un SCH, différent du son précédent. Peut-être même que c’est de ce SCH là qu’il parle dans ses autres morceaux lorsqu’il parle du temps qui passe : il regrette peut-être d’avoir été comme ça : une course contre le luxe, l’argent… Le crime paie :


« j'suis chaque semaine dans un nouveau guêpier »
« Bétonneurs et tueurs qu'ont l'air amicaux, on va t'tuer mais j'vais pas salir mon tricot »


Sinon, au niveau de l’instru, c’est assez simple et banal : c’est presque la même chose tout du long avec quelques drops, pour la relancer. Et c’est pareil avec la voix du S. Sauf pendant un cours instant, ce qui le rend un peu plus remarquable :


"Doute pas d'ma came, occupe-toi d'inhaler
Doute pas d'moi, bitch, occupe toi d'avaler
D'être pauvre à être riche, y'a qu'un petit espace
Plein de messes basses, plein d'enculés
J'dors dans un king size, j'dormais sur un BZ, hey
1-3, Aubagne, Marseille, quatorze, quinzième
Mallette à mousse noir, chacun son CZ"


A la fin du second couplet, il rappe avec beaucoup plus de hargne et de puissance, pour, en gros, évoquer son changement de situation, de pauvre à riche, qui s’est fait dans la violence, d’où le CZ, une marque de pistolets.


Le prochain morceau, Prêt à Partir, est certainement le plus emblématique de l’album, celui qui se rapproche le plus de cet esprit mafieux que le S a voulu retranscrire. On ressent toute la violence du milieu dans le clip, déjà : il commence, d’ailleurs, avec une porte qui grince et avec des sons sourds et lourds ainsi que des images subliminales du S, instaurant une ambiance pesante. Tout le clip, nous présente un univers luxueux, très stylisé : le crime paie. Et en même temps, on nous présente tous les vices, toutes les débauches de cet univers avec des individus étranges autour d’une table de poker et des règlements de compte, ce qui crée un ensemble assez malsain. Et il y a deux vers qui confirment cette idée :


« Bienvenue dans la mafia (bienvenue) »
« On a vendu la mort pour gagner nos vidas »


Une antithèse qui montre un peu l’absurdité et le manque d’éthique de ce monde où il faut tuer pour vivre. Une vraie guerre, mais une guerre tout en Gucci...
D’ailleurs, la musique passe parfois au second plan pour ne laisser que des rires, des coups, des suffocations, etc...L’instru démarre par des accords au piano très lents et graves, accompagnés par des notes plus rapides et régulières qui vont introduire une voix. Une voix assez calme et douce, mais qui est pourtant en parfaite cohésion avec cette ambiance mafieuse. Elle instaure même un certain suspens. Elle s’arrête lorsque le S débute son couplet : l’instru devient un peu plus classique, à base de basses, de kicks, de hats et de snares. Mais, le piano est toujours présent avec les mêmes notes, régulières et discrètes. Le piano va prendre le dessus sur les autres par moments avec des notes plus aigües et plus rapides pour former une mélodie à part entière, détachée de l’instru de base, ce qui rappelle le titre : Prêt à Partir (toujours surinterpréter dans les critiques). Et il intervient, par exemple, lorsque le S dit :


« J'étais jeune et naïf, j'avais pas un rond »


Il n’avait pas le choix et le caractère mélancolique du piano expose une nouvelle fois les regrets de Julien. Aussi, il nous décrit les conséquences quand on entre dans ce milieu.


« j'suis prêt à filer, j'ai l'cœur anéanti »
« Prêt à partir pour mon honneur, j’ai perdu mon coeur, j’attends un donneur »


Ils ont perdu leur coeur, leur faculté d’éprouver des sentiments, leur faculté de pouvoir aimer. Ou sinon, au sens propre : ils ont perdu leur coeur, ils ont perdu la vie, ils sont donc prêts à partir...


La fameuse voix va revenir, elle aussi, pour les refrains : la voix devient alors plus mystérieuse et tragique. Refrain où l’on peut retrouver ce :


« Bienvenue dans la Mafia »


Une phrase ironique, qui arrive après :


« J'ai traîné la moitié d'ma vie (la moitié d'ma vie, j'ai traîné)
J'leur ai tout volé pendant la nuit (pendant la nuit, tout volé) »


La Mafia. Un milieu où l’on est prêt à commettre tous les coups-bas, à planter des couteaux dans tous les dos pour tout rafler.


Sinon les voix de nos rappeurs s’assemblent très bien et le choix de Ninho pour le seul feat de l’album est très bon avec des paroles toujours aussi crues pour un morceau qui oppose l’ambition, la réussite à la mort. Comme si c’était obligatoire quand on approche de près ce milieu...


Mort de Rire, est le prochain morceau à avoir été clippé. Un clip, dont la réalisation et la démarche artistique se rapprochent de Pharmacie. En effet, on peut retrouver, dans l’image, des ralentis et des mouvements accélérés. Pareil pour la caméra, avec des mouvements brutaux et parfois aléatoires. On retrouve aussi des plans où le mouvement est décomposé et par moments répété et saccadé. Bref, un montage bien nerveux et parfois épileptique. Il n’y a pas énormément de tableaux dans le clip : un, en pleine journée qui n’est pas aussi intéressant que les deux autres. En effet, le plus prédominant se déroule dans une sorte d’église, avec des vitraux, des cierges et un cercueil. Normal, mais on va également y trouver des douilles et une lumière bien rouge. Un crime a certainement été commis, mais le S s’en moque, mieux que ça, il en joue : il se marre, s’allonge sur le cercueil, etc. Un S plus immoral qu’avant. En effet, tous ces effets n’ont qu’un seul objectif : retranscrire l’esprit dérangé et torturé de Julius et aussi certainement de Julien. On retrouve l’idée du précédent morceau : Il ne ressent plus aucune empathie, un ennemi mort, c’est la tranquillité. Enfin, on a ce tableau qui arrive vers la fin du clip, où Julius se place au bout d’une table, dans une pièce noire enfumée. Un décor presque onirique. Des balles viennent se loger sur cette table, mais il rit : preuve qu’il s’en moque, preuve qu’il se sent fort peut-être, preuve qu’il ne ressent plus rien. Et cela nous indique déjà que le SCH superficiel, usant de l’égotrip est de retour...Au niveau de l’instru, c’est assez lent on a une mélodie principale, constituée de notes venant d’un piano électrique, sur laquelle vont venir se poser les hats, les kicks et les snares. Mais surtout, et ce sont les éléments qui ressortent le plus de l’instru : on a des lourdes et longues basses et ça renforce le côté sombre de ce personnage pour une musique au titre évocateur : Mort de Rire. On a ici un SCH confiant et sûr de lui...


« C'est pas demain qu'il y'a un nouveau S dans l'game »


...et surtout vis-à-vis de la gente féminine :


« On a ramassé ta go, quand t’es parti vomir »
« J'sais qu'elle va revenir et j'sais qu'elle va rien me dire » 


Il nous dit ici qu’il peut avoir toutes les femmes qu’il veut et qu’elles reviendront toujours, pour son argent certainement et qu’elles ne vont pas le remettre en question. Julius contrôle sa vie. Et un vers le démontre parfaitement :


« J’ai Vici avant Vidi » (= j’ai gagné avant de venir)


C’est un morceau qui va montrer les côtés sombres du S, transformé par cet univers nocif, où argent, drogue et meurtre sont les maîtres mots...


« J'suis venu prendre un maximum, j'vais toujours m'en souvenir »
« Tout doux chérie, j'vois, rien qu'tu vappes à fond, ma frappe t'rend parano »
« T'es mort, on est mort de rire »


On va continuer dans cette descente aux Enfers de notre personnage avec Ivresse & Hennessy. On a l’impression que ce dernier est la suite logique du morceau précédent. En effet, on retrouve ces notes de piano qui sont presque les mêmes. Avec cela, vont venir s’ajouter de lourdes basses, presque agressives qui instaurent une ambiance pesante et toujours aussi sombre. La voix du S a ici beaucoup d’importance : en effet, elle est grave et puissante, il rappe de toutes ses tripes, avec une certaine haine même et avec un débit de paroles assez élevé. Et le tout est joué rapidement pour montrer toute la violence qu’il contient. La violence passe aussi dans des paroles très crues :


« j'ai mûri dans la furie »
« Sympa fils de pute, ivresse, Hennessy, j'la baise dans l'Mercedes inédit
En bas c'est Medellín, on t'fume vite fait, t'y restes comme Kennedy »


Une violence, ‘tout pour le bénéfice.’


«  on rentre, on cherche le fric, pas la Wi-Fi »
« Plein d'fric dans un sac »


Argent, drogue, meurtre… Et il trouve son remède dans l’ivresse en buvant de la Hennessy. En effet, le mot ‘Hennessy’ est répété près de vingt fois. Il ne jure que par cet alcool qui l’aide à vivre, mais on le voit avec ces répétitions, qui l’envahit et qui le détruit.


« Hennessy, Skydweller, j'peux t'péter les yeux »


Ce passage le démontre très bien : l’alcool qui le ronge et le temps, même avec une montre de luxe, qui passe n’arrange pas les choses, bien au contraire...Mais l’alcool est trompeur il pense se soigner, mais il se trompe. Il essaie de se rassurer et réussit mais seulement pendant un court moment, comme le démontre ce court passage où un piano acoustique aux notes mélancoliques vont prendre le dessus sur l’instru trap du départ, avec un tempo beaucoup plus lent, plus aucune basse, une voix plus rassurante et un débit de paroles moins élevé :


«  Avant d'partir d'une cirrhose, ivresse, Hennessy
Comme une abeille dans du sirop, j'veux m'en aller d'ici
J'rendrai ta vie moins morose, chérie si tu m'astiques
J'ai trouvé remède à mes névroses, ivresse, Hennessy »


Un très bon texte où il prend conscience de son alcoolisme en se comparant à une abeille. Il sait qu’il doit arrêter de boire, mais il n’y arrive pas. Il en a besoin pour profiter d’un paradis artificiel. Il se noie sous l’alcool pour se sauver, au risque de mourir d’une cirrhose. Il peut tout avoir avec l’argent, donc il en profite jusqu’à l’excès : l’alcoolisme, mais aussi la luxure. Mais la boisson ne l’a pas aidé, en témoigne la suite du morceau, où il retombe dans la violence avec sa voix grave et son tempo rapide. Enfin, il va rebasculer dans cet état avec :


« Oui, ivresse, avant d'partir d'une cirrhose »


Il en redemande encore et encore. Et à noter que le « chérie si tu m’astiques » n’est plus cité à la fin. Je ne sais pas trop comment le comprendre, peut-être qu’il a abandonné la luxure. Bref, un morceau très efficace où SCH se livre de plus en plus...


Le prochain morceau, Je t’en Prie est également la suite logique du précédent. En effet, on retrouve dans l’instru ces notes de piano acoustique, dans la tonalité mineur, qui témoignent de la mélancolie de notre personnage. Sauf qu’ici, elles sont présentes tout au long du morceau. Un cap a été franchi, le S a basculé dans un autre registre. Les éléments habituels de la trap vont venir s’ajouter à cette mélodie pour lui donner plus de rythme, mais c’est cette dernière qui va marquer. Et le titre est là aussi très évocateur : Je t’en Prie. On assiste là à la rédemption du personnage, il exprime ses regrets et prend conscience de qui il est dans un morceau sombre et morose. Et cette ambiance, on la ressent dans son ton de voix : un ton plus grave et posé et avec un débit de paroles assez bas. Mais après vient l’autotune, qui est très bien utilisée, puisque l’on ressent encore plus cette détresse et son chagrin dans sa voix. Et cette rédemption, on la retrouve au niveau des paroles : en effet, ici on n’a pas le Julius superficiel et sûr de lui, mais bien Julien qui s’expose de plus en plus…


« Dans les vitrines et les villas, quand s'élèvent le soleil et la brume
Quand les larmes se décomptent en litres
Yeux vers le ciel je n’suis qu'un Homme
J'y perds mon père mais j’ferai les dates, j'suis c'gosse enchaîné sous les ruines
Une 'teille en ville, j’vais rentrer minable »


Les deux premiers vers illustrent le célèbre dicton : « L’argent ne fait pas le bonheur ».


« J'ai toutes les couleurs en billets, tous mes proches morts en photos »


L’argent ne sert qu’à assouvir des désirs éphémères. Comme le dit Ninho dans Prêt à Partir :


« La mort m'a rappelé qu'elle met tout l'monde d'accord et qu'on emportera rien après »


Et il y fera une nouvelle fois mention avec


« Le temps se fout du prix d'ma Rolex et mes souliers Fendi »


Et au fond, il n’est qu’un Homme et l’argent ne l’empêchera ni de verser ses larmes ni de contrôler le temps. Mais, avec ce vers, on remarque l’absence d’égotrip, on est loin du S numéro 1 et qui aime le montrer. Il fait ensuite référence au décès de son père, qu’il n’arrive pas à oublier, puisqu’il doit faire ses dates : il est enchaîné sous les ruines, en gros, il n’est pas libre tant qu’il ne peut pas faire son deuil. Le mot ‘gosse’, le fait redescendre à l’état de simple enfant, pour montrer que cet événement l’a énormément marqué. Enfin, il prend, une fois encore, conscience de son alcoolisme alors qu’au dernier morceau il en ventait les mérites. Avec ce morceau, Julien, montre qu’il a mûri


«La haine et la mort, c'est gratuit, j'ai eu l'temps d'y songer quand j'm'ennuyais »
« J'apprends d'mes erreurs à froid »


Donc forcément, il fait référence à ses conquêtes infructueuses...


« J'crois qu'mon cœur est juste plein d'bleus, j'crois qu'j'vais pas dormir de la nuit »


...mais aussi et surtout à son père, dont la mort l’a beaucoup affecté :


« J'te vois tout l'temps dans l'ciel bleu, j'sais qu't'en rêvais dans c'putain d'lit »


« J't'en prie veille sur moi, flingue et loves depuis p'tit
Ton p'tit devient un Homme, j't'en prie veille sur moi


Des lignes où il s’adresse à son père. Il l'implore de l’aider. De l’aider à devenir un Homme et de l’aider à vivre sans lui aussi peut-être. Bref, un morceau très introspectif et un des meilleurs de l’album.


Après ce morceau, vient Le Code. Un très beau morceau, efficace qui profite d’un clip simple mais efficace lui aussi. Un bon plan-séquence de trois minutes, au ralenti, avec un SCH de dos, durant la majeure partie du clip. Le plan de profil, nous permet de voir sa tristesse avec son expression faciale. Et la caméra se replace derrière lui, peut-être, par pudeur, par fierté. On comprend à la fin, qu’il décide de libérer les cendres de son père. Mais, on comprend également que le clip a été monté à l’envers. Une manière pour lui, de dire qu’il n’a finalement pas réussi à faire son deuil. Au niveau de l’instru, on retrouve cette guitare mélancolique. Le reste de l’instru est plus classique avec des hats, des snare et des basses. La guitare sort donc du lot, au tempo lent, qui va vite s’accélérer avec l’ajout de ces éléments. Au niveau des paroles : dans les couplets, on retrouve une voix assez rauque du S qui nous décrit la dure réalité de son quotidien avant son ascension, mais également les défauts de cette même ascension.


« J'ai commis des fautes et j'ai fait face à l'orage »


« J'connais l'bruit du charbon, j'connais la vie dure » 


« T'as tout fait pour y être, on a tout fait pour partir »


« C'est tout pour la bande, laissez-moi partir »


Les deux derniers vers peuvent faire référence à Prêt à Partir. Elles décrivent cette envie d’en finir avec cette vie. Aussi, avant qu’il prononce ce dernier vers, il dit : « Je connais ma bande, on veut tenir le center » . D’un vers à l’autre, il change radicalement de point de vue. Il veut qu’on le laisse partir, mais ce n’est pas aussi simple que ça. Le troisième couplet est encore plus symbolique. Il en a marre et le fait comprendre. Cette ascension l’a aidé et en même temps détruit. La vie n’est fait que de compromis.


« Pire que l'enfer, pire que le pire
Sous prométhazine, tout n'est pas plus facile »


Lors, du refrain, sa voix est plus ‘autotunée’ et sa mélancolie, nostalgie est plus audible.


« Mes potos sont tis-par (ouais ouais ouais) »


«On a quitté l'école, quitté l'école, tout pour le code »


Tout ça pour respecter un certain code, comme une obligation. Pour s’en sortir, il n’avait peut-être pas le choix et maintenant il veut se libérer et partir…


On passe maintenant à Incompris, un morceau assez rythmé grâce aux ‘drums’ qui accompagnent une mélodie plutôt calme, qui va dans les aigus. Mais par moments, on a l’impression que l’instru revient en arrière. La mélodie disparaît pour laisser un son étrange . Peut-être pour être en cohésion avec le titre ‘Incompris’, je ne sais pas, j’essaie de trouver des trucs à dire. C’est avec ce morceau qu’il va faire un point sur sa carrière. C’est donc SCH qui nous parle et qui remarque son succès :


« Six cent mille albums vendus, j'ai payé mes dettes, six cent mille albums vendus, j'peux payer ces 'teilles »


« J'ai pas peur qu'le mix soit moins bon qu'la maquette »


Il va aussi commencer ses couplets de la même manière :


« Maman s’inquiète », « Papa s’inquiète »


Pour montrer qu’ils sont toujours importants pour lui et pour ensuite essayer de les rendre fiers. Enfin, la ligne la plus importante :


« Oh merde, oh oui, j'ai tout compris mais pour eux, j'reste un incompris »


Une ligne qu’on pourrait rattacher à celle-ci : «  J’aurais été bon en tout, mais j’aimais trop l’été ». Il a tout compris, compris comment réussir, mais il n’emprunte pas des chemins compréhensibles, selon ses proches, pour atteindre les sommets. Voilà, j’ai pas grand-chose d’autres à dire sur ce morceau, donc je vais laisser le S s’exprimer :


« Ça, c’est à cause de Twitter. [Rires] Je ne me trouve pas du tout sous-côté : je me trouve plutôt incompris. Dans le sens où je pense avoir fait des grands morceaux qui n’ont pas été considérés en tant que tel. Dans ma discographie, mes deux morceaux préférés sont « Quand on était mômes » et « Essuie tes larmes » et ce sont des morceaux qui n’ont pas forcément été relevés. C’est là-dessus que je me considère plus comme incompris. Je suis fier de « Champs Élysées », mais ce n’est pas ce qui exploite le mieux mon potentiel je trouve. J’ai juste l’impression de ne pas être considéré à ma juste valeur par certains, mais Dieu merci je sais qu’il y en a qui le font. »


L’avant dernier morceau s’intitule Ciel Rouge, auquel SCH a déjà fait allusion dans Tokarev


« Le ciel est rouge et gris... »


Et ce ciel rouge, fait peut-être référence au film Le Seigneur des Anneaux : en effet, le soleil est rouge, lorsqu’une bataille sanglante a eu lieu la veille. Ca n’a certainement aucun rapport, mais ça peut fonctionner . Bref, c’est un morceau que j’aime bien, très singulier, très différent qui sort un peu de l’univers mafieux. Là on est plus dans du synthwave et c’est pour ça que j’ai directement accroché à ce morceau. Une instru planante, presque dansante Ce dernier, semble donc hors du temps, en-dehors de l’album. Un peu comme une rupture pour ne plus montrer Julius, mais Julien. Et cela se ressent dans le clip. On retrouve le S de la pochette avec sa fourrure et sa tête baisée. Aucun des tableaux n’est tourné en plein jour et on a droit à des lumières artificielles à base de bleu et de rouge. L’une qui montre la solitude du personnage, étant froide et l’autre, plus chaude, montre le contraire avec plus de figurantes. Mais dans les deux cas, on peut observer un Julius désespéré, résigné, même et ce avec une expression faciale plus mélancolique, ce qui est certainement dû à une rupture pour Julien et à la fin d’un règne pour Julius. En effet, il y a une partie du clip : éclairée par une forte lumière rouge et où l’on voit des hommes s’approcher de notre personnage. Dans le court-métrage, on apprend qu’il s’est pris une balle, il n’est pas invincible. Et ce passage nous montre aussi son esprit dérangé et torturé : les hommes disparaissant d’un plan à l’autre, des plans flous, il a la tête baissée (toujours) et le montage est lui aussi particulier avec des plans accélérés. Enfin, la rupture se fait aussi avec les paroles. Des paroles, en opposition avec l’instru dansante, puisque Julien nous livre son ressenti sur ses pertes, malgré son succès : ce que l’argent ne peut pas acheter. Comme par exemple, l’Amour. Dans le clip, il est accompagné par plusieurs femmes, mais celle qu’il a aimée n’est plus là et il s’en rend compte lorsqu’elle n’est plus là.


« Quand j't’ai trouvé jolie, c’était déjà trop tard… »


« J’avais ton visage dans les yeux quand t’étais pas là »


«J'serais parti t'arracher la lune si j'avais su mieux t'éclairer
J'serais parti seul dans la brume si j'avais su mieux t'aimer »


«  j'ai plus ton reflet dans l'eau »


Cette dernière est la plus symbolique. En effet, dans le morceau Fusil, il disait : « J’parle à la Lune, je vois ton reflet dans l’eau ». Un morceau sentimental où il évoque la fin d’une histoire d’amour. Il évoque également son sacrifice pour atteindre les sommets dans le rap :


« Ouais ouais ouais, travailleur acharné, malheureusement, j's'rai souvent peu présent »


« Y'a rien qui va s'arranger (non) y'a plus rien à renouer »


« J'serais encore seul dans la tempête, trempé, les mains dans l'sang »


« Le ciel est rouge, dans mon hood, mon hood, on va mourir ensemble ouais mais tout seul »


Un morceau efficace, très introspectif où le S exprime toute sa solitude et ses regrets, au travers, notamment de sa voix, face à son succès. Et justement, le genre du synthwave décrit parfaitement cette nostalgie...


Enfin, nous allons finir cette analyse par Bénéfice qui est, selon moi, le meilleur morceau de l’album et de ce que j’ai entendu de l’artiste, son meilleur morceau tout court. Un morceau, encore une fois très introspectif et très beau où Julien va abandonner sa carapace qu’est Julius et se mettre à nu, pour ainsi dire pour exprimer ses émotions, tout simplement. C’est aussi le morceau le plus long du projet : il prend le temps de bien finir l’album et laisse le temps s’écouler pour nous faire profiter de cette dernière instru. Une instru très calme, très posée et tempo lent. Elle débute tout doucement par des notes tenues planantes et qui vont former un crescendo pour introduire le morceau. On a ensuite une première note de piano, une seule, avant d’en avoir d’autres mais qui seront réverbérées, à l’instar de la voix de Julien. Voix qui va aussi servir l’instru avec des onomatopées en fond et ses back qui sont plus graves et répétés pour créer une sorte d’écho. Et ça continue comme ça jusqu’à la fin du morceau avec quelques ajouts comme des basses et une sorte de voix pendant un court instant. Et à la fin, on la laisse, presque sans paroles dessus, pendant près de deux minutes. Même la voix du S s’estompe pour la laisser. Le tempo est un peu plus rapide avec les hats, notamment, mais eux aussi finissent par s’éteindre pour ne laisser que ces notes planantes du début qui vont introduire les derniers accords de piano. Voilà une instrumentale très évolutive, très orchestrale, très cinématique. Bref, la meilleure instru pour les meilleurs paroles du projet : le vers « Le goût du chiffre, le goût du risque » n’a jamais autant été valable.


« Adolescence, tu connais les risques, que du sale
Seul devant Iblis, donc maman me dit: mon fils, t'es un homme
J'étais sans réponse, et puis le sang qui glisse, sur mon visage
C'est qu'le mal est fait, mais ça m'a pas aidé, d'écouter ma rage
Ici l'amour est dans le bénéfice, des cœurs énormes
Le bénéfice, seul devant Iblis, mon fils t'es un homme
L'enfer m'attend, vertu et vice, mais j'veux des habits neufs
Et puis l'paradis serait triste, sans mes reufs »


Il commence par poser le contexte du moment où tout a commencé : l’adolescence. Période où on est encore immature, on fait des choses qu’on regrette, c’est l’âge ingrat un peu. Et pourtant, on cherche à se révéler, on veut être adulte. Et SCH le cherche ça : il veut devenir un homme et rendre fière sa mère, même s’il doit passer par les pires épreuves : ici être devant Iblis, une figure religieuse, comparée à Satan, en gros. Les prochaines lignes illustrent le dicton: ‘la violence ne résout rien’. Ecouter sa rage n’aide pas, bien au contraire. Il le dit lui-même : le mal est fait. Et encore une fois : tout pour le bénéfice. On ne vit que pour ça et on n’aime que ça. Ensuite, le S fait rimer Bénéfice avec Iblis, preuve que les deux sont liés : L’argent mène en Enfer. Il le sait, mais il veut des habits neufs. On peut donc penser au morceau Facile où il cite des marques de luxe. Mais au fond, il s’en fiche, il refuse le paradis pour être avec ses proches : Tout pour la famille...


"Si j’écoutais mon cœur, j’ferais des homicides, rien à foutre
Mains tachées de sang car le bruit des flingues a sa poésie
Ici, d'puis élève, on fait tout pour le code, on vit pour la miff’
On est c'que l'on est, moi je suis ce bon à R mais aujourd'hui j’brille
P'tit, j'en avais déjà dans le fut', j'fais pas tout pour plaire à ta pute
Fuck, nous c'est ur-e à la vie, les choix, les guerres à l'arme russe, les ghosts, les proches perdus
Hématomes faits à mains nues, les gants qui m'vont à ravir
Tony et Manny, les fausses, les faux amis, les fautes, les gardes à vue
Adolescence et tu connais les risques
On mange dehors, après on nourrira l'crime
Trente ans, on reste enfant ou on en prend dix
Grandi dans les dramas, on a hérité
Trop invincibles, on est trop fort ensemble pour trouver ça lamentable
Maman est triste quand ses fils tombent, c'est l'deal avec la Onda »


S’il écoute son coeur, tout pour le bénéfice, il serait prêt à tout. Il raconte ici son adolescence, ses débuts dans ce monde. Le bruit des flingues a sa poésie : forcément, puisqu’il ne connaît que ça. Dans la ligne suivante, il utilise le mot élève, alors que dans Le Code, justement, il dit qu’il a quitté l’école, tout pour le code. Le code de la rue : la rue (merci Donatien) c’est pour la vie, qu’importent, les choix, qu’importent les différents obstacles, tu as la rue dans la peau. Si bien que t’y retournes à chaque fois, comme il le dit dans Je t’en Prie : « Ta liberté sous les grilles, tu sors, tu retournes à ses bras » les bras de la rue. Adolescence, tu connais les risques, la garde-à-vue, la prison, tout pour la rue, le bénéfice, pour s’en sortir et ressembler aux plus grands gangsters : Tony et Manny. Oui, les films ont déteint, comme il le dit dans Otto. Un autre exemple : la Onda est une référence faite au film Les Princes de la Ville : c’est en fait un des gangs du film. ‘C’est l’deal avec la Onda’ est une sorte de fatalité : c’est comme ça et c’est tout, la mort fait partie de leur vie. Enfin, il y a cette ligne : Trente ans, on reste enfant ou en en prend dix. Je ne suis pas sûr de ce que je dis, mais ça peut vouloir dire qu’à trente ans (presque l’âge du S) si tu restes dans la rue à faire des combines, tu restes un enfant ou sinon tu prends dix années de prison et tu mûris.


« Okay, j'tourne en rond d'la veille à l'aube
Nous, on fait pas de chrome, tu vas m'payer ma drogue
Mes reufs en centrales purgent peines à deux chiffres, qui paient l'avocat, jusqu'à plus un radis
C'est perdre à coup sûr d'être fédérateur
C'est peine perdue, on est déjà ridés
Principe, honneur, trouve mes peurs
Quinze ans, déjà les yeux vidés
Mourir pour mes idées »


On voit que déjà, cette vie le ronge. Il n’arrive pas à dormir, il perd ses amis. Il fait preuve de nihilisme : c’est perdre à coup sûr de vouloir rassembler les gens, de s’allier. C’est comme ça c’est la rue. Il ne pourra d’ailleurs plus la quitter, il ne pourra plus vivre autrement. Seulement adolescent et c’est peine perdue, il a déjà trop de vécu, il est déjà ridé. Il a trop de vécu, il a déjà trop souffert, les yeux vides à quinze ans à peine, il ne ressent plus aucune émotion.


« J'sais pas si j'ai mérité
J'voulais juste me rendormir un peu quand mon réveil sonnait
J'voulais juste mettre à l'abri maman mais j'ai volé son sommeil
Pour du biff, qu'est ce qu'on aurait pas fait puisqu'on voulait s'sauver »


Là il nous parle de sa réussite dans le rap, il a réussi à sortir de ce milieu. Aujourd’hui il brille. Mais, on peut aussi penser à son adolescence : est-ce qu’il mérite l’argent de la drogue ? Lui qui ne voulait pas se lever. Et en voulant s’en sortir autrement et gagner plus, puisque se lever pour mille deux, c’est insultant, il a volé le sommeil de sa mère. Je trouve que c’est joliment dit. Enfin, la dernière ligne est déjà assez explicite. Cela met en valeur les conditions de vie quand on né dans la rue.


"J'pourrais m'enfuir quitter la zone mais la vérité c'est qu'j'l'aime à mort
J'voulais juste la sauver mais j'ai volé son sommeil
J'paye plein tarif, j'perds des choses auxquelles j'tenais mais j'mentirai
Si j'disais qu'j'regrette rien, plus l'temps d'en perdre pour rien"


« Oui je l’aime à mort. Les gens te disent parfois « Tu as de l’argent, quitte-le ce merdier ! » Mais j’ai grandi dans ça, je suis amouraché de ça, tu veux que je fasse quoi ? Je vais m’acheter une maison avec deux trois brebis à la campagne ? Pour écrire quoi après ? C’est important pour moi de retourner dans les endroits où je n’avais rien avant, d’être avec des gens qui n’ont rien et qui sont juste fiers de voir ce que je suis devenu et qui aiment passer du temps avec moi comme moi j’aime passer du temps avec eux. On n’est pas dans une relation malsaine avec mes potes d’enfance et c’est ça qui est bien. » 


JVLIVS, Tome 1 est un très bon album. J’ai aimé le réécouter pour faire cette critique, j’en ai appris plus sur ce rappeur et les citations sont tirées d’une interview. Vous pouvez la retrouver sur abcdrduson si ça vous intéresse. Et évidemment, heureusement que Genius existe, parce que parfois c’est soit incompréhensible, soit inaudible^^. Bref, si parfois certaines lignes sont là pour remplir un peu le morceau, le projet est très bien écrit. Il y a forcément des thèmes qui reviennent d’un morceau à l’autre, mais c’est normal pour un album à concept. Il gère très bien son autotune, les refrains fonctionnent et les prods sont de très bonnes qualités. C’est un album où la fiction et la réalité se croisent et qui montre l’univers sombre et violent dans lequel est né Julien et qui l’a transformé en Julius. Et avec cet album, il peut se confier et extérioriser en utilisant cet alter ego qu’est Julius. C’est certainement par pudeur par fierté. C’est dur de se livrer un peu. Enfin, il va surtout en profiter pour évoquer la mort de son père et lui rendre un dernier hommage...


« Sa figure reste un des fils rouges de l’album oui. C’est l’influence de ma vie. Ce n’était pas un super-héros mais c’est mon premier modèle. Je pense qu’on est tous fascinés par nos parents, sauf qu’on se rend souvent compte de la fascination qu’on a pour une personne quand on la perd. Pour ma part, c’est ce qui m’est arrivé. C’est la personne qui m’aura à tout jamais marqué et inspiré indélébilement. Et il reviendra sur tous mes projets. Quand je suis seul, dans une pièce, je ne pense pas à quel temps il va faire demain : je pense à mon père. Je suis quelqu’un d’assez torturé, je pense beaucoup et je me pose énormément de questions de base. Quand je te dis ça je pense à un artiste comme Jacques Brel, qui était super torturé, et je me range de son côté sur ce point. J’aime beaucoup me poser et réfléchir en contemplant quelque chose comme font les riches. Ma mère me dit des fois « Arrête de penser, tu penses trop. » [Sourire] Mais ça m’aide à écrire… »


Julien Schwarzer.

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le 30 avr. 2021

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