Le projet de la maturité ou je sais pas, j'ai pas d'idée de titre

Difficile de nier la place qu'Orelsan a pris sur le paysage de la musique française et c'est l'un des rares rappeurs à avoir atteint ce statut. J'avais adoré La fête est finie au collège (oui oui, j'étais en 5ème, déso) et je le considère toujours comme étant un rappeur certes atypique mais qui a une carrière très intéressante.


Puis y a eu Civilisation, son plus gros succès, que j'avais aimé, et tu sentais certes l'évolution d'Orel. Bon c'est vrai que l'album est un peu moins solide que ses anciens, mais la direction artistique, la cohérence musicale et le message dans l'ensemble permettent à l'ère Civilisation de briller dans sa carrière.


Puis vient La fuite en avant. Vu le succès de Civilisation, y avait de quoi avoir des attentes. Bah oui, la tournée, le documentaire sur Amazon Prime (qui est génial), le jeu... Puis en plus, on apprend qu'Orel signe chez Sony pour faire de la musique et un film ! Ah !


Donc le rollout commence, de la promo, des figurines, la tracklist (avec des feats toujours variés mais allèchants), le film Yoroi (qui est plutôt cool et est totalement cohérent avec ce que fait Orel), oui c'est bon signe.


Vendredi 7 novembre, 00h, j'écoute l'album. Eh bah j'ai plus aimé la 1ère écoute de cet album que celle de Civilisation. Voilà ce que j'en pense après la journée.


Déjà c'est clairement un album d'Orel tout craché mdrrr du pur rap, des sons pop, des feats randoms mais quand-même cohérents donc il change pas sur ce point-là.


Une intro prenante qui s'impose dans nos oreilles et nous donne un aperçu de ce qui nous attend de manière efficace. Le premier tiers de l'album, c'est vous savez, cette partie de l'album où Orel fait des sons un peu pop ou goofy. Bon c'est pas vraiment ma partie préférée de l'album, c'est parfois du hit or miss. Après Boss est marrant, ce morceau est la preuve que même en étant un des plus gros artistes d'un pays, y a des forces qu'on peut pas combattre ptdr.


À partir d'Osaka (qui est très cool), je vois l'album qui passe du pop et goofy à pop-rap et honnête, et je commence déjà à apprécier un peu plus à ce moment-là. Le feat avec Yame, Tellement d'amis et Dans quelques Mois sont très agréables dans mes oreilles, le feat avec Fifty Fifty est lunaire en vrai quand j'y pense mdrr, il passe encore mais Internet bof.


Puis viens un morceau démarrant le dernier tiers de l'album, qui retourne le projet pour moi. La petite voix. Là on passe dans du rap (ce qui me plaît le plus, je l'avoue) mais oh là là l'enchaînement avec Sama, et le feat avec SDM WOW !! Et c'est dans ce tiers de l'album où je comprends clairement la direction de La fuite en avant et où j'apprécie finalement l'album dans son ensemble.


Le projet est clairement une sorte de combinaison de toutes les sonorités qui ont défini Orelsan durant sa carrière. Perdu d'avance, le chant des sirènes, La fête est finie, Civilisation... Autant musicalement qu'en termes de thèmes.


On peut sentir dans les paroles un Orelsan fatigué, par le monde, par la célébrité (fin comme d'hab mdrr) mais là où il se renouvelle, c'est qu'il se fait sa propre introspection sur sa personne, son évolution et ce qu'il représente aujourd'hui.


Et les craintes qu'il découvre dans cet album comme l'hypocrisie de l'amitié, ou le stress d'être daron se complémentent bien avec cette introspection. Par exemple dans La petite voix et Sama (Oui c'est les meilleurs sons de l'album et les meilleurs sons qu'il ait fait depuis La fête est finie, je persiste et je signe.)


Et là où ça me touche, c'est que j'ai toujours aimé les œuvres où on y montre la petite voix qu'il y a dans nos têtes. On arrive à se reconnaître là-dedans. Et entendre un Orel stressé, qui se fait insulter par sa partie pragmatique... Et cette partie pragmatique insulte tout ce qui le concerne, lui, sa femme, il le traite d'hypocrite, lui dit qu'il sera un père de merde, insulte son public et remet en question l'impact qu'a eu Orelsan sur le rap, tout ça dans la crainte de devenir ce qu'il a toujours fui dans sa carrière... D'une manière étrange, ça me rappelle le jeu vidéo Celeste, qui traite de la dépression et où justement on se bat contre cette partie pragmatique. Et j'ai adoré ce jeu. Chez Orel ou dans Celeste, dans les 2 cas, cette partie pragmatique veut TOUT jeter par la fenêtre, TOUT arrêter, TOUT, mais elle le fait dans le but de nous protéger, et parfois même si elle nous aide, elle nous empêche quand-même d'avancer.


Et c'est encore plus flagrant quand on voit le morceau suivant, Sama, où on voit cette partie pragmatique se lâcher de manière très violente et cynique sur ce qu'elle pense de la société, en rappant comme Orel le faisait sur Perdu d'avance. Et moi ça me touche, cette manière d'illustrer le cynisme dont on fait preuve quand on est triste ou stressé. Même moi je le fais parfois. Et ça me fait chier. Mais faut le combattre ce cynisme.


Puis l'album se conclut par Épiphanie et le feat épique avec un de mes goats Thomas Bangalter, et comme toujours, Orel finit sur une note positive, avec beaucoup d'optimisme. Oui c'est dur, c'est toujours dur mais comme on dit, on se relève qu'en tombant. On a peur, mais on continue d'avancer. Et c'est là qu'on peut gagner. En faisant une fuite en avant.


(Mdrrr cette phrase j'ai l'impression d'être le Règlement)


C'était peut-être finalement ça el famoso "album de la maturité" pour Orelsan, qui reflète cette évolution sincère qui fait qu'on s'attache à son personnage. Après on disait ça à chaque fois pour les albums d'Orel récemment, là j'pense que c'est cohérent mais à voir d'ici 3-4 ans mdrr.


Et bien évidemment, musicalement, la qualité est toujours présente. La bonne écriture, la production excitante de Skread, Phazz et Eddie Purple, et les feats qui ont fait leur taf ! D'ailleurs j'suis toujours agréablement surpris par le respect que montre Orel envers les feats. J'en veux pour preuve le feat avec SDM (où je me suis demandé ce qu'ils peuvent faire) où y a eu un respect équitable entre les 2 artistes ! Ils ont une meilleure alchimie que je ne l'aurai imaginée. Au point où le Twitter Rap FR était choqué qu'Orel ait eu un feat où SDM ne chante pas mais rappe purement mdrr comme quoi.


En conclusion, La fuite en avant prouve encore qu'Orelsan sait encore se plaindre et nous motiver en se renouvelant, mais toujours en restant soi-même. Beaucoup d'artistes avec cette longévité tueraient pour avoir ces capacités de renouvellement artistique. Et ça tellement fait du bien de voir quelqu'un qui évolue, qui mûrit, et ça sans devenir l'ombre de soi-même, toujours en gardant ce qui l'a bâti.

KikoZenzen
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le 7 nov. 2025

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