Lousy With Sylvianbriar par denizor
Sur le papier Of Montreal est d’un tout autre niveau. Jamais en place dans un genre, le groupe de Kevin Barnes a taté récemment du funk et de l’électro, permettant à son groupe de devenir plus que jamais un électron libre doublé d’un artiste culte. Au vue de cette discographie aussi brillante que bigarrée, Lousy with Sylvianbriar apparaît comme un disque sage. La déception commencerait presque à poindre (c’est un peu le cas, quand même, les Américains nous ayant trop bien habitués) si le savoir-faire mélodique de Barnes n’était pas là pour contre-balancer cette raison retrouvée : le songwriter se recentre en effet sur la composition, offrant des pop songs classiques de bon aloi. Là encore, les années 60-70 sont dans le viseur et dans ce cas-là, le psychédélisme jamais loin. Pourtant, la voie choisie par Of Montreal, en comparaison par Lucid Dream (sorti récemment), est totalement opposée. Proprement arrangée, ressemblant souvent à The Rolling Stones (Fugitive air), plus rarement à David Bowie (Obsidian Currens), ce douzième album joue souvent la carte de la sobriété et toujours de la tradition. Lousy with Sylvianbriar semblerait avoir été enregistré à l’époque des faits. La dérive psychédélique, vers des univers hallucinogènes, est finalement mesurée mais présente dans de subtiles nuances de jeu et d’arrangements. Of Montreal profite à fond de sa palette instrumentale, de ses différentes guitares (y compris pedal steel), d’une mandoline, de percussions rares (et pas de batterie), pour instaurer un climat flower power. Ailleurs, ce sera l’ajout de claviers vintage qui donneront quelques poussées verticales à la musique. Les changements d’humeur de she ain’t speakin’ now, le groupe passant de guitares qui frondeuses à un calme lunaire ressemble à un voyage, sans aucune transition, de la Terre à la Lune. Ce titre est en partie une exception car à la puissance, les Américains préfèrent nettement la douceur avec des choeurs enveloppants, des sonorités accueillantes qui pourront vous donner l’illusion de rêver (sirens of your toxic Spirit ou Colossus, morceau préféré de l’album). Tout ceci a un air de déjà entendu mais s’écoute avec plaisir. Ce qui n’est déjà pas si mal.