Déception
J'adore la voix de Rosália et je salue son ambition artistique avec ce projet mais je passe complètement à côté. Non ce n'est pas du génie, je me suis méchamment ennuyé sur les 2/3 des titres, c'est...
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le 7 nov. 2025
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J’ai découvert Rosalía il y a trois ans, avec la sortie de son album MOTOMAMI, qui puisait son inspiration dans les racines de la culture hispanique tout en réinventant le genre de fond en comble. Elle y mêlait pop, rap et musique électronique avec une audace rare. J’ai tout de suite été fasciné par ce formidable équilibre entre passé et présent.
J’ai toujours cru à la beauté des cultures du monde, et j’étais profondément attristé de voir la modernité tout uniformiser. Le métissage culturel, jadis source de richesse, semble aujourd’hui devenu une soupe fade que l’on consomme partout sur la planète. Heureusement, il existe encore des artistes comme Rosalía qui tracent un autre chemin.
Elle ne prône pas un retour en arrière — même si je respecte ceux qui le font, car ils nous relient à ce que nous étions et à ce que nous devons continuer d’être —, mais propose plutôt de faire dialoguer sa culture d’origine avec celles des autres. C’est ainsi qu’elle permet à la musique de sa génération de continuer à évoluer, donc à vivre. Dylan avait fait exactement la même chose avec la folk il y a plus de soixante ans, en modernisant un héritage à travers des textes ancrés dans son époque. Se transformer sans se renier : c’est là tout l’art du vivant. Et pour moi, la musique est bel et bien un organisme vivant.
Trois ans plus tard, je me demandais donc ce que Rosalía allait nous offrir pour approfondir sa démarche.
Eh bien, son nouvel album est une véritable dinguerie. Intitulé Lux, il a été enregistré avec le London Symphony Orchestra. Les textes y abordent la spiritualité et la vie des saints et saintes — un choix qui peut sembler incroyablement démodé, tant sur le fond que sur la forme, même si l’on observe depuis quelques années une résurgence de la religion dans la culture pop comme dans la société.
Construit en quatre mouvements, le disque ne comporte aucun single “radio-friendly”, ce qui est peut-être l’une de ses rares faiblesses : la pop doit, malgré tout, rester accessible au plus grand nombre — c’est son ADN. Mais Lux n’est pas pour autant un album expérimental au sens où peuvent l’être ceux de Björk, dont Rosalía semble d’ailleurs s’inspirer de plus en plus.
C’est un disque exigeant mais accessible, car elle réussit l’exploit de moderniser l’orchestre classique qui l’accompagne. Les musiciens y jouent peu de thèmes véritablement classiques ; ils explorent plutôt des textures et des ambiances qui rappellent parfois les productions contemporaines. L’usage d’instruments traditionnels donne pourtant un rendu totalement inédit.
Comme toujours, Rosalía plonge dans le passé pour inventer l’avenir. Elle retrouve ici les racines chrétiennes de sa famille — ces dimanches passés à l’église à chanter la vie des grandes figures du christianisme —, mais elle le fait dans plusieurs langues, renouant ainsi avec la dimension universaliste du message chrétien. Elle confie même que, si elle l’avait pu, elle aurait chanté dans toutes les langues du monde !
Et pourtant, elle ne se contente pas d’un hommage pieux : elle associe ces textes spirituels à d’autres, plus charnels, plus violents — qui parlent de sexe, de rupture, de passion. Avec elle, on ne nage pas dans l’eau bénite. Elle dit d’ailleurs que, si elle reste croyante, elle ne se reconnaît plus aujourd’hui dans aucune religion précise. Ce qu’elle cherche, c’est à devenir un être plus spirituel. Là encore, elle dépasse ses origines pour vivre pleinement dans son époque, celle où la foi devient intime, personnelle, plurielle.
Que restera-t-il de cet album dans quelques années ?
Je crois qu’il deviendra un trésor caché, un peu oublié de sa discographie — comme Fetch the Bolt Cutters de Fiona Apple, qui m’avait bouleversé à sa sortie il y a cinq ans. Ce disque n’avait pas connu un grand succès commercial, mais il reste cité par tous ceux qui s’intéressent vraiment à la pop comme l’une des grandes œuvres du XXIe siècle.
Lux en est, sans aucun doute, une autre.
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il y a 6 jours
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