Magic and Medicine
7.3
Magic and Medicine

Album de The Coral (2003)

Un grand courant d'air : c'est ce que beaucoup d'auditeurs ont effectivement ressenti la première fois qu'ils ont entendu The Coral. Un groupe qui aurait pu s'appeler The Carrousel, tant son premier album, sorti il y a un an et précédé de quelques singles abracadabrants, évoque encore un manège musical déglingué, tournicotant à toute berzingue, au mépris des règles de sécurité et en dépit du bon sens. The Coral, c'est six garçons dans la bourrasque, pris dans les turbulences d'une musique qui se plaît à souffler dans toutes les directions : un chant de marins s'élève sur un rythme ska, une vague mélodie slave s'insinue au milieu d'un rhythm'n'blues désarticulé, des airs de fanfare s'enrobent de vapeurs psychédéliques, des guitares échappées de chez Stax s'acoquinent avec un orgue sixties récupéré au fond d'un garage
Ivresse touchante d'une jeunesse qui, à travers le goulot étranglé d'une chanson de trois minutes, tente de faire passer tout un monde ? et y parvient le plus souvent. Un an après leurs débuts officiels, les Anglais ont toujours l'air aussi jeunes à la sortie de ce deuxième Magic & Medicine ; mais ils sont aussi plus mûrs, incontestablement. Ils voltigent désormais au-dessus des genres avec une élégance et une agilité qu'on ne leur connaissait pas. Nettement moins bavard, The Coral prend aujourd'hui le parti d'être lisible, ce qui valorise d'autant plus les trouvailles mélodiques et sonores qui émaillent ses chansons. Du coup, sa musique a gagné ce supplément de grâce, cette petite touche poétique par laquelle le grand artisan se distingue du bon faiseur. Le naturel confondant avec lequel The Coral absorbe désormais de nouvelles influences ? voir le single Don't Think You're the First, morriconien en diable ? démontre que le temps des acrobaties inutiles est révolu. Fini la danse de Saint-Guy : place au bal des lads, tourbillon enlevé mais raffiné dans lequel The Coral alterne à la perfection variations rhythm'n'blues de haute tenue (Gypsy Market Blues, Milkwood Blues) et ballades à faire pleurer le cadavre des La s (Leizah, Careless Hands, Secret Kiss). Et si, au final, The Coral était le Radiohead des lads, une sorte de version prolétaire et gavroche du groupe d'Oxford ? Un collectif tout aussi ambitieux et exigeant mais qui resterait indéfectiblement attaché au format chanson, aux mélodies qu'on sifflote sous la douche, aux émotions vécues à hauteur d'homme, aux rumeurs de la rue ? (Inrocks)


Après un premier album laborieux, que chacun aura bien fait d’oublier, The Coral nous revient avec un album lumineux. Que s’est-il donc passé entre le The Coral de 2002 et celui d’aujourd’hui ? Difficile à dire. Mais ce qui est sur c’est que The Coral aura eu l’inspiration qui a tellement fait défaut à l’album précédent, qui ,comme chacun sait, le titre nous échappe et c’est tant mieux . Tant mieux car The Coral met la barre très haut avec ce deuxième opus. A l’écoute de ce « Magic And Medecine » on voit resurgir quantité de groupes et qui reviennent à notre mémoire. Alors oui, comment ne pas penser à des groupes comme The La’s, Pale Fountains, The Bats, Cake, Love si on va plus loin, Dylan (« Talkin’Gypsy Market Blues ») et même The Byrds quelque part, en y réfléchissant bien. Dès le début de l’album on entend bien que The Coral ne sera plus le même groupe qu’avant. Leur ancienne naïveté brouillonne est laissée au placard laissant place à une plus grande maturité et a un grand sens mélodique. En effet, comment se remettre déjà des trois premiers morceaux de l’album tellement ils sont imparables. Dur de reprendre son souffle car l’homogénéité de l’album paraît sans failles. Le parcours présent de The Coral ferait presque penser à ceux de Radiohead ou de The Notwist. Qui aurait parié un kopeck après le premier album de The Coral ? Pas moi. Radiohead avait sorti un premier disque très moyen (« Pablo Honey ») avant d’accoucher du magnifique « The Bends » et de connaître la carrière que l’on sait. Pareil pour The Notwist qui après un premier disque calamiteux (« Nook ») avait complètement changé de fusil d’épaule et suscité un intérêt grandissant avec leur second disque (« Shrink »). The Coral en est un peu là aujourd’hui et on pourra dire sans trop se mouiller que ce « Magic And Medecine » fera office de pierre angulaire du groupe comme il sera le point d’un nouveau départ.(liability)
bisca
7
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le 19 mars 2022

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