"Captain Beefheart continue de séduire un public relativement restreint, mais la plupart d'entre eux pensent, comme moi, qu'il est l'un des quatre ou cinq génies inexpérimentés issus des pépinières de la musique américaine des années 60, un innovateur dont les synthèses idiomatiques instinctives et l'approche extrêmement originale de la composition et de l'improvisation préfigurent une ère de profonds changements pour la musique populaire. De telles affirmations seraient extrêmes ailleurs, mais seul Cap a réussi à fusionner les subtilités du rock, du jazz et du blues avec autant d'aisance"
Lester Bangs/Rolling Stone magazine Avril 1971.
On sait que cet iconique Rock Critic deglingué des 70’s qu’était Bangs était un adorateur du Captain.
Mais comment lui donner tort ?
Même si se farder des albums comme "Trout Mask Replica" ou encore "Lick my decals off, baby" peut paraître assez challengeant pour l’auditeur lambda habitué à un Blues rock traditionnel, joué en ternaire et en 4/4 classique.
Le Don a aussi pondu des disques plus «faciles d’accès » comme son 1er album culte Safe as Milk. Mais aussi ce cinquième opus.
Enfin cinquième chronologiquement car en fait, cet album était constitué d’outtakes enregistrés en Live Studio par le groupe en 1967 en vue de sortir à l’époque un double album, qui ne verra finalement jamais le jour ( le reste finissant dans leur deuxième sortie "Strictly Personnal" en 68 )
Mirror Man c’est 4 morceaux, dont deux titres fleuves qui ouvrent et referment le bal. Tarotplan et le morceau éponyme longs de 19 et 15 min respectivement.
Au total 52min de Jam Blues avec cet esprit toujours deglingué et Swamp. Mais assez structuré cette fois ci, comparé aux sorties précédentes.
Cet album est un companion idéal aux deux premiers albums de Van Vliet et sa bande.
C’est même un que je met facilement dans leur top 5, voir top 3 selon les humeurs.
Par la suite le Captain reviendra avec des albums plus classiques comme le diptyque Clear Spot/Spotlight kid. Tout aussi excellents, mais malheureusement le succès restera toujours assez confidentiel.
La musique de Beefheart est une musique de "non musicien" pensé par un artiste peintre qui n’avait aucune notion de métrique. C’est en cela que sa musique est fabuleuse, car instinctive et exempte de tout « codes » préétablis. Ses musiciens se chargeant de structurer le tableau dans lequel Don van vliet remplissait l’espace de ses éclats abstraits et, il faut le dire, géniaux.