Pour certains, le meilleur…Pas pour moi.
1 an et demi après Black Celebration, exit Gareth Jones et retour de Daniel Miller seul (même si il est jusqu’ici toujours resté auprès de ses poussins.
Mais 1 an et demi, c’est un peu trop court pour s’éloigner de Black Celebration et s’en démarquer totalement, car la comparaison va tomber…

Si je dois parler de l’album dans sa globalité, je le trouve assez hétérogène..et finalement assez en accord avec son titre, qui devait être bien sur ironique ! Certains titres sont des perles ombrageuses, alors que d’autres ont bénéficié malgré elles des lignes de synthés pré-Black Celeb, d’un sentiment un peu trop positif, d’autant plus qu’il faut le dire : Music For The Masses est un pur album de Depeche Mode dans la tradition établie, à savoir retour des rythmes, peu de chansons de Martin Gore au chant, la recherche de la chanson pop, tout en cultivant l’idée que DM n’est vraiment PAS un groupe pop..dur à faire non ? Voilà ce que résulte un assez mauvais dosage des deux. Comme si on devait en conclure que Black Celebration était une sorte d’erreur de parcours et pas un album de génie ! Non pas pour moi.

Je ne dis pas que cet album est un étronc, attention ! Car il y a dans cet album certains des meilleurs titres du groupe ,des classiques populaires ET du pur génie artistique.
Et en parlant de génie..Ecoutons Never Let Me Down Again arriver, débutant par un riff de guitare (et oui, Marti Gore ressort discrètement les guitares, et pour un bon moment) avant d’exploser sur un rythme lourd, assez inhabituel dans leur musique. Les couplets et refrains sont géniaux et intemporels, on n’est pas dans la pop, ni dans le rock, plus dans la new wave mais dans un endroit à part..C’est un peu sur cet album que Depeche Mode gagne son assurance et se crée son son à lui, ralentit globalement ses tempis, et habituera l’auditoire à de la qualité pendant les années qui suivront.
Peu ou pas de blanc entre les titres, comme sur BC. C’est au tour de The Things You Said qui est déjà la première des deux chansons chantées par Gore. Excellente chansons, c’est un peu elle qui m’a aidé à accrocher à l’album entier. Mélancolique et simpliste, c’est un sommet.
Après un début accrocheur, il est temps de revenir aux choses sérieuses : le single pop. Et bien petit miracle, DM nous sort Strangelove, un condensé des meilleurs titres pop ’80, essayant de faire oublier ce maudit « People Are People » de ********.
Sacred est un morceau sympathique, mais aurait gagné à être plus méchant.. On sent qu’il a été composé dans un esprit de noirceur mais qu’il s’est un peu perdu dans les studios pour sortir définitivement sous cette forme. Mais cela dit loin d’être mauvais.

Bon..pour Little 15, c’est délicat. Adorée par certains, elle symbolise ce que l’album a de particulier dans la discographie de DM, avec l’instrumental Pimpf, à savoir une sorte de spectacle dans une semi-obscurité. Ce morceau aurait pu être un instrumental sur une face B (c’est le sentiment qu’il donne), mais le sort a voulu qu’il soit érigé au milieu de l’album. On aime ou on aime pas.
Heureusement, Behind The Wheel vient sauver le navire. Lui aussi c’est un classique du groupe, étant basé sur des éléments simples, un rythme binaire, un riff de guitare ultra-reconnaissable, une ligne de chant monotone mais terriblement efficace. Peu de choses à dire dessus finalement, à écouter simplement.

Bon..on arrive dans la dernière partie de l’album. La plus audacieuse, et aussi à mon humble avis la moins bonne.
Ca commence avec la 2e piste chantée par Martin Gore : I Want You Now. Il prouve encore une fois qu’il préfère chanter ses chansons les moins faciles d’accès et sans doute les plus personnelles. Elle est très proche de Pipeline dans l’esprit, et assez proche de little 15.
To Have And To Hold est un peu une réminiscence des essais industriels du groupe, sombre au possible et avec une certaine importance dans le rythme. Malgré sa simplicité déconcertante, surtout après I Want You Now, elle est le dernier sommet de l’album.

Nothing, c’est l’herpès de l’album. Le vilain détail qui nous empêche de l’aimer à sa juste valeur d’autant plus qu’il est vraiment mal placé, en cette fin de disque.. Bien trop pop, pas assez interessante, et ces « Hou-Hou », AAAAAAAAAARGH !..
Passons directement à la fin : l’instru de l’album, j’ai nommé..Pimpf.
C’est tout simplement l’instrumental que j’aime le moins de DM. Parce qu’il est en plein dans le style de l’album, avec ces chœurs, et une certaine dimension classique à laquelle je n’arrive pas à adhérer.
Pourtant, ce morceau est inspiré, alors je ne comprend pas..bizarre..

Au final, j’ai bien noté cet album sur le sentiment étrange qu’il procure, et sa place particulière entre Black Celebration et Violator car vu la différence entre les deux, Music For The Masses réussit un saut en longueur magistral ! Alors oublions ces quelques titres faiblosses, et gardons de ce MFTM qu’il est un des meilleurs albums de DM dans ces années 80, et le dernier avant que toute la société Depeche Mode soit bouleversée, trois ans plus tard.
Le meilleur album? Naaan.
+la première partie de l’album
+Depeche Mode enfin mûr
+la tournée qui suivra, un pic dans la carrière du groupe, immortalisée par le live 101
+veut suivre la démarche de BC et aller encore plus loin…

-…mais n’y arrive vraiment pas.
-« Nothing »
YynnkK
7
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le 26 oct. 2014

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YynnkK

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