Il existe, grosso modo, deux sortes de bootlegs (albums non-officiels) dont je vais vous parler ici puisqu'elles sont illustrées par deux oeuvres consécutives de Pink Floyd.

Après l'album expérimental « Ummagumma », le groupe britannique souhaite créer une performance-concept, une série de concerts qui sonneraient comme un résumé de carrière, avant de passer à autre chose. Nous sommes en 1969, ce concept-live est nommé « The Man and the Journey », et c'est juste fantastique. L'idée est de traduire musicalement le quotidien d'un homme puis son voyage intérieur vers une certaine forme d'illumination... Pour ce faire, le Floyd utilise quelques-unes des chansons de ses anciens albums, et réinterprète le sens qu'on pouvait leur allouer en en changeant les titres (« Green is the colour » devient ainsi « The beginning », « Biding my time » se mue en « Afternoon »...). Enfin, quelques nouvelles compos viennent lier le tout en une thématique réfléchie et assez fascinante (mention spéciale à « Doing it » qui symbolise l'acte sexuel !).

Aucun album live n'est malheureusement jamais venu couronner cet excellent projet... Qu'à cela ne tienne ! L'enregistrement d'un concert du Floyd au Pays-Bas, réalisé par une radio locale, est depuis devenu un bootleg, c'est à dire un album jamais commercialisé et qu'on ne peut trouver que sur les marchés parallèles... Enfin, jusqu'à l'apparition d'Internet ! Ne vous privez donc pas d'écouter l'un des tous meilleurs shows de Pink Floyd, avec de plus un très bon son, contrairement à bon nombre de bootlegs enregistrés depuis le public par un spectateur...

http://www.youtube.com/watch?v=4y211gpjdYU

Note: 8/10

L'autre type de bootlegs se réalise en rassemblant des chansons studio finalement rejetées par un groupe ou un chanteur. L'appat du gain fait toutefois en sorte que les éditeurs finissent souvent par oublier les raisons pour lesquelles ces chansons étaient des fonds de tiroirs et nous gratifient, souvent après la mort des artistes, de superbes horreurs qui font se retourner dans leurs tombes bien des cadavres violés... Dans le cas de Pink Floyd, juste après « The Man and the Journey », il y a la bande originale du film « Zabriskie Point », un truc contestataire/hippie que je n'ai pas vu mais qui, de toute évidence, s'accorde bien à la musique expérimentale du groupe. Et pourtant, le réalisateur ne fut pas vraiment satisfait du travail du groupe et ne retint que trois chansons (le reste de la BO étant constitué de vieilles chansons traditionnelles ou de compositions originales d'autres artistes). Alors, ce Michelangelo Antonioni, un sombre crétin ? Et bien, pas vraiment. Parmi les « déchets » seules quelques pistes valent vraiment le coup, comme les deux excellentes variations du « Love Theme », l'une en version blues, et l'autre en piano bar, une pépite de Rick Wright, le claviériste.

Ces quelques bonnes chansons font partie de la réédition actuellement disponible de la BO du film d'Antonioni. Quant au reste... C'est du strict minimum. Du travail effectué la main dans le slip. Des compositions anorexiques qui ne feront planer personne et qui auraient mieux fait de rester oubliées. Mais il y a un bootleg. Je vous laisse le lien en fin de critique mais, pour ma part, je cours déjà vers « Atom Hearth Mother » et le début d'une nouvelle période de Pink Floyd...

http://www.youtube.com/watch?v=dGZKtmqE2Hc

Note: 4/10
Amrit
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le 10 nov. 2014

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