My Delusions
7.6
My Delusions

Album de Ampop (2005)

Avec une pochette au virage sépia et un nom autant programmatique que bébête, le trio venu du froid islandais Ampop pratique donc une pop mâtinée d'ambient qui, avec tellement de bonnes intentions, fait forcément flop. My Delusions n'illusionnera personne même s'il recourt au lyrisme amphétaminé de Radiohead ou celui plus clinquant de Coldplay. Et il serait un peu trop facile de les associer à la scène islandaise émergée avec Björk puis Sigur Rós et Múm, autrement plus authentique et étrangère aux formats anglo-saxons. Cette musique globale qui vient de partout et de nulle part ne cherche rien d'autre qu'à reproduire ce qui a déjà été écrit, pour des visées internationales ou parce qu'elle n'a simplement pas conscience d'être un produit de consommation élégant.


Malgré des apparences trompeuses, les pop songs des Islandais d'Ampop se jouent assez loin des canons britanniques de la pop extra-lyrique établis, malgré lui, par The Bends de Radiohead, avant d'être transformés en recette par Coldplay, Keane ou Snow Patrol. Ampop a l'insolence de ne pas confondre romantisme et exaltation, emphase et pédantisme : en ce sens, il joue assez proche d'une certaine idée, exigeante et passionnée, de la pop-music telle que l'ont développée outre-Quiévrain Venus, Ghinzu ou Deus. Avant d'être un groupe ouvertement, voire outrageusement pop, Ampop a été un duo d'electronica. De cette école d'épure, il a conservé une science très précise de la composition et de la production, qui interdit les bavardages et le superflu : il a ainsi fallu trois années au groupe pour écrémer les onze chansons de My Delusions, avec une maniaquerie et une opiniâtreté peu communes dans l'aquoibonisme généralisé de la pop romantique. Malgré leur production luxuriante et scientifique (loops hypnotiques, mille idées en arrière-plan), c'est pourtant loin d'un laboratoire qu'ont été façonnées ces chansons : par opposition aux studios high-tech de Sigur Rós, baptisés "La Piscine" (car installés dans une ancienne piscine municipale), le local d'Ampop s'appelle "Le Marécage". "C'est juste un garage, minuscule, humide, avec une fuite dans le plafond. On y a passé des jours, voire des semaines enfermés, sans contact avec le monde extérieur. On savait seulement quand le printemps arrivait, car la neige fondait et il pleuvait sur nos instruments." (Inrocks)
Après le festival "Islande Mon Amour !" en mai dernier, on pensait avoir eu notre lot de découvertes pour le reste de l’année. C’était sans compter sur l’extrême activité de cette petite île volcanique. Après avoir été disque d’or dans son pays et séduit les anglais, Ampop débarque en France avec son troisième album, "My Delusions".Le trio, qui officiait à ses débuts dans l’electronica, propose désormais un rock sophistiqué, lancinant et romantique qui n’est pas sans évoquer les anglais de Coldplay, les suédois de Kent ou, sur certaines ambiances vaporeuses, leurs compatriotes Sigur Rós (Don't let me down) ou un certain… Radiohead (Youth). Mélodies séduisantes, délicatesse de l’instrumentation, sensibilité de la voix de Biggi, Ampop se veut épique et pourtant le fait avec mesure pour ne pas tomber dans les mauvais travers d’un Muse. L’ambition est pourtant là et l’orchestration donne des frissons (Ordinary World), nous berce, nous enivre. Car la musique des islandais fend les carapaces les plus solides, donne des vertiges aux jeunes filles déjà en quête du grand amour et fera perler quelques larmes dans les moments de solitude… "My Delusions" présente de nouveaux instants nordiques, poétiques et mystérieux, cachés dans le cœur palpitant de l’Islande, le pays où sommeillent les anges… (indiepoprock)
bisca
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le 13 mars 2022

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