Je suis Sébastien Tellier avec grand intérêt depuis son album Sexuality. J'y ai découvert un artiste sensible, à fleur de peau. Sentiment confirmé ensuite par la découverte de sa discographie de qualité (Politics, L'Incroyable Vérité ou ses reprises acoustiques de Sessions).


Le joaillier de la mélodie s'attaque cette fois au divin et se taille une parure de dieu vivant. Le bijou réside surtout dans la réflexion qu'on aura face à cette OVNI musicale. De quel manière l'aborder ?



C'est n'importe quoi. Oui, mais c'est beau. (Against The Law)



Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, on se demande après l'écoute de cet album jusqu'où Sébastien Tellier irait pour se prouver que les gens sont prêt à le suivre. On pourra tout mettre sur le compte du second degré : des textes prétextes dénués de tout sens, une mégalomanie assumée. Mais la musique reste une chose sérieuse, à moins de vouloir faire du Patrick Sébastien, à défaut de Tellier.


Pour parler rapidement musique, l'album se veut souvent contemplatif ('Pepito Bleu', 'The Color of Your Mind', 'My God Is Blue') en frisant l'indigestion de synthés en tout genres. Oubliés, les synthés vintages et minimalistes de Sexuality. La guitare semble être le nouvel instrument fétiche, saturée sur 'Draw Your World', 'Against the Law' ou 'Yes, it's possible', en chorus sur 'Sedulous', ou acoustique sur 'Mayday' et 'Magical Hurricane'. L'immonde 'Cochon Ville' s'impose comme une verrue disco après trois morceaux d'ouverture pourtant plaisants. Le très lourd 'Russian Attractions' vient finir de nous perdre.


Il y a pourtant de l'original et du jamais entendu chez Tellier à l'image de l'excellent et beau 'Magical Hurricane' qui joue subtilement entre les sons acoustiques et ethérés. On retrouve alors l'artiste touchant et à fleur de peau. Il y apporte une note planante et fragile.


Au final, on retiendra un album très (trop) déroutant pour réellement convaincre. C'est aussi un album frustrant avec des titres de grande qualité perdu au milieu d'autres franchement décalés. Il est trop difficile de démêler le bon grain de l'ivraie. Même après plusieurs écoutes My God Is Blue reste une énigme. Plus important encore, et dans une moindre mesure inquiétant, cet album vient créer un Tellier parallèle : délirant, sous acide, plus médiatique aussi, qui entre en concurrence avec le Sébastien Tellier, mélodique, sensible, plus riche aussi à mon sens, des précédents albums.

Bergamotte
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le 17 mars 2014

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