Never Never Love
7.9
Never Never Love

Album de Pop Levi (2008)

Toujours démarrer à fond la caisse” est d'évidence la devise de l'excentrique et flamboyant Pop Levi. Comme pour l'introductif The Return To Form Black Magic Party (2007), il attaque ce deuxième album, pied au plancher, en trois accélérations addictives et dix magistrales minutes : Wannamama, Never Never Love et surtout, voire par-dessus tout, la bombastique Dita Dimoné et son irrésistible “I drive a Mustang, Dita Dimoné, It's a 98 blue thang” (citer la marque légendaire avait déjà formidablement porté chance à un certain Donovan en 1965). Si ce truc-là ne met pas le feu aux pistes de danse d'un peu partout et ne fait pas, comme dans le cartoon de Tex Avery, sortir de leurs orbites les yeux de tous ceux qui, sous son emprise, se plongeront dans la contemplation des girations lascives et sexy des rondeurs d'une personne convoitée. C'est à y perdre son latin danceflooresque ! Le plus étonnant au sujet de l'ensemble de Never Never Love, c'est la facilité déconcertante avec laquelle l'Anglais, tout en revisitant Stealer's Wheels (You Don't Gotta Know, Calling Me Down), T.Rex (Wannamama,Oh God), Prince (Everything And Finally) et Gilbert O'Sullivan (Love You Straight), les accommode et les “cuisine” de façon subliminalement aventureuse. En effet, chaque titre est pourvu d'orchestrations truffées de petites trouvailles pétillantes et malicieuses, fonctionnant au premier comme au troisième degré (le calypso électronique Mai's Space ou la ballade téléphonique Call The Operator). ll ne faut pas oublier que le poly-instrumentiste fut bassiste de Ladytron et membre du collectif expérimental liverpudlien Super Numeri. À dire vrai, le disque est à deux doigts d'être ce chef-d'œuvre de pop musique moderne, qui fait l'objet des travaux obsessionnels de tant de musiciens. Tout n'est plus qu'affaire de dosage. Third time lucky?(Magic)


N'ayant pas fait l'unanimité l'année dernière avec un The Return To Form Black Magic Party pourtant fort délectable, Pop Levi enfonce le clou avec ce Never Never Love sorti de nulle part et qui ferait quasiment oublier son prédécesseur. Pourquoi ? Tout simplement parce que Pop Levi n'est pas homme à se reposer sur ses lauriers; et se satisfaire d'une redite du premier album n'est pas vraiment dans sa culture. Là où l'ex-Ladytron s'essayait avec succès et détachement à la pop 60's-70's, Pop Levi se tourne à présent vers une soul aussi vénéneuse que débonnaire. Pourtant, pour ne pas perdre le lien entre les deux disques, il s'est presque senti obligé de garder quelques influences rock. Ainsi, le très percutant Wannamama et l'attachant Oh God (What Can I Do ?) gardent-ils le souvenir d'un disque plein de ferveur. Même si Pop Levi a préservé ses atomes crochus avec la pop, c'est souvent vers Prince et ses affidés qu'il regarde, tout en apportant sa propre touche qui sonne comme un pied de nez à tous ceux qui se font une idée trop restreinte de la pop. En ce sens, Never Never Love est certainement plus riche et plus fouillé que The Return... Une performance qui n'est pas mince et qui révèle que le bonhomme est autre chose qu'une étoile qui aura brillé le temps d'un seul album. Que ce disque agace, cela peut se comprendre. Dire qu'il est complètement mauvais, comme cela a pu se voir çà et là, c'est presque malhonnête. Pop Levi est quelqu'un de complètement moderne, assimilant aisément les musiques des décennies précédentes, tout en leur apportant des nuances et des modifications alors impensables à l'époque. Pop Levi est-il l'un de ces génies que l'on adore mépriser et dont on ne reconnaîtra le talent qu'une fois le personnage littéralement lessivé ? Une chose est sûre: il ne sera pas un artiste maudit, incompris de tous ses contemporains. Ses défenseurs sont nombreux, sans doute autant que ses détracteurs. Ceci dit, revenons à l'essentiel. C'est bien Never Never Love qui le rend intéressant, plutôt que la polémique. Une fois de plus, le Britannique étonne et se donne les moyens de ne pas être un musicien monochrome. D'ailleurs, on ne passe pas de Ladytron à Super Numeri sans aimer faire le grand écart. Ainsi, Pop Levi montre qu'il n'est pas l'homme d'une seule musique mais un créateur sonore et mélodique multi-directionnel des plus inventifs qui n'est pas près de s'arrêter en si bon chemin. En attendant d'être totalement repu de ce disque séduisant, on pourra toujours se demander à quoi pourra bien ressembler son prochain effort.(liability)
bisca
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le 5 avr. 2022

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