Combien il y a t'il d'albums qui incarnent une époque, un lieu, un air du temps? A mon avis très peu: on pourrait citer Définitely Maybe pour la working class anglaise des années 90, WPSAMTIAN des Arctic Monkeys pour celle des années 2000, Berlin de Lou Reed pour la décadente cité des Hohenzollern des années 70, Marquee Moon pour la New York des année 70 (cette période est aussi couverte par le très sous estimé Coney Island Baby), Piaf pour le Paris d'après guerre. Liste est personnelle, évidemment.
NFR en fait partie. Lana, c'est l'Amérique de la fin des années 2010, qui regarde sa grandeur d'antan, cette époque où le Glamour voulait dire quelque chose, et où Hollywood savait encore vendre autre chose que des Marvels.
Lana, c'est l'enfant de la côte Est, une Brooklyn Baby, qui devient la dernière icône d'une Californie fantasmée. NFR est un film musical faisant voyager le spectateur de Long Beach à San Fernando Valley au volant d'une déapotable avec une beauté sculpturale dans le siège passager. Des collines surplombant la cité des anges, on peut contemler l'éternel crépuscule s'emparant de la Californie avant de s'enfoncer dans la fraîcheur d'une nuit d'été avec son aimée. Et puis, à 5 heures du matin, lorsque la ville s'éveille, il sera temps de sentir sa respiration apaisée alors qu'elle est encore profondément endormie, et sentir ce sentiment océanique nous étreindre. Le bohneur est fragile, autant en profiter et vivre ce rêve éveillé même si nous savons qu'il sera fugace.
64 minutes qui forment donc une escapade onirique dans un monde définitivement perdu, un monde où l'amour était à la fois léger et mélancolique. Une escapade portée par la voix parfaite de Lana, son phrasé si travaillé et qui s'est tant amélioré depuis l'époque "Born to Die", les arrangements discrets, mais élaborés avec amour, ces si bons textes, loin des clichés de la romantique désespéré comme en trouve 150 dans la pop moderne.
NFR est le meilleur album de l'époque actuelle. Et il le restera pendant ongtemps