On Leaving
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On Leaving

Album de Nina Nastasia (2006)

Ceux qui ont appris à se perdre dans les tourments, les recoins sombres et les sous-bois hantés de ses immenses Dogs ou Run to Ruin le savent par cœur, par corps : Nina Nastasia peut très bien s'écrire Nina Anesthésiante. L'effet secondaire inévitable de ses comptines à dormir debout, au psychédélisme songeur, à la violence à fleur de peau ? pâle. Car Nina Nastasia joue du folk un peu à la manière dont Elysian Fields ou Mazzy Star jouent du rock, son bucolisme ne gambade pas au ras des pâquerettes : dans ses champs (de mine), plus de chardons, de charbon, de ronces et d'orties que de myosotis.Parce qu'elle reste new-yorkaise, parce que Steve Albini est depuis les débuts fidèle dans le rôle de grand timonier, lœurgence et la tension encerclent systématiquement ces chansons douces et pourtant inquiètes, spartiates et pourtant opulentes. Car la voix particulièrement captivante de Nina Nastasia, comme celle de ses illustres aînées Vashti Bunyan, Karen Dalton ou, plus récemment, Chan Marshall, possède une telle richesse d'expression, une telle palette de palais ? de la complainte à la rage glaciale ? que le dénuement de son groupe magnifique n'est jamais ici un obstacle : solennelle et ensorcelante, sa voix impose à elle seule ses humeurs, ses murmures, ses amertumes.Le grand changement, ici, vient justement de ce semblant de normalité qu'autorise ce groupe : comme sorties d'une vaste tempête dans le noir complet, d'orages électriques imprévisibles, les chansons de Nina Nastasia envisagent enfin la paix et l'abandon ? et cette clarté va parfaitement à ses idées noires.(Inrocks)


Nina Nastasia sort son quatrième album en quittant Touch & Go pour l'hardi label anglais Fat Cat (Animal Collective, Sébastien Chauveau). Et fort heureusement, la New-yorkaise d'adoption a encore choisi Steve Albini pour produire ses mélodies tendres et attachantes. Après le sombre "Run To Ruin", Nastasia nous offre un bel album plus lumineux mais tout aussi bouleversant, aux sonorités désormais plus enveloppantes qu'inquiétantes. Et si elle rejoint plutôt alors les sentiers balisés de la chanson folk, ce n'est pas pour cela qu'elle abandonne tous les ingrédients qui ont fait la force des albums précédents. Si elle partage avec des folkeuses comme Laura Veirs une certaine maturité dans l'expression et cette nudité dans la voix, ce qui caractérise la New-yorkaise, c'est ce penchant affirmé vers les origines des chansons populaires américaines. Ainsi les morceaux de Nina Nastasia sont toujours marqués d'une pureté angélique, d'arrangements qui nous rappellent les récits des vagabondages de Kerouac. Si sur "Run to Ruin", on a été enivré par les compositions, on est ici submergé par la beauté de "Our Day Trip" à tel point qu'il devient très difficile de ne pas voir quelques perles d'eau salée descendre en rappel le long de ses joues. Mais elle nous fait vite sécher nos larmes avec le sautillant "Dumb I Am" aux allures de vieille ritournelle populaire américaine, dont le tempo entraînant ferait pousser un petit champ de blé en plein New York. Juste assez pour nous égayer un instant avant de nous faire replonger dans ses belles ballades mélancoliques pour que l'on puisse rester scotché devant la somptuosité de "Why Don't You Stay Home" et de "Bird of Cuzco".Le pire c'est que même après une dizaine d'écoutes, cela fait toujours le même effet...(Popnews)
bisca
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le 11 avr. 2022

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