Pocket Revolution
7.2
Pocket Revolution

Album de dEUS (2005)

Le titre du nouvel album de Deus, Pocket Revolution ( Révolution de poche ), va peut-être alarmer les fans les plus exigeants du groupe belge. Après six longues années d'absence, la formation du très habité Tom Barman, solidement cramponnée dans les mémoires de ceux qui avaient succombé aux chansons fauves de l'album The Ideal Crash, aurait-elle décidé de ménager la chèvre et le chou, de prôner à la fois le désordre et la prudence, l'audace et la modération ? L'écoute des douze nouvelles chansons du groupe pourrait les plonger un peu plus dans le doute. Oubliés, les constructions savantes et les montages tarabiscotés qui faisaient de The Ideal Crash un ambitieux château de cartes pop-rock. Quitte à paraître plus terre à terre, Deus est redescendu des échafaudages mélodiques sur lesquels il jouait les acrobates. Le plus souvent, il préfère ici tracer la route, aller de l'avant avec des chansons qui s'embarrassent beaucoup moins de détours et de sinuosités. Mais en passant ainsi de la verticalité à l'horizontalité et du zigzag à la ligne droite, les Belges n'ont pas renoncé pour autant à ces voluptueux vertiges qui, dans les brutales accélérations rock (Bad Timing ; Nightshopping ; Sun Ra) comme dans les moments de répit pop (7 Days, 7 Weeks ; The Real Sugar), ont pour double effet de sublimer leur jeu et de troubler la conscience de leurs auditeurs. Pocket Revolution, au fond, révèle assez bien la nature profonde de Deus : un groupe finalement assez classique dans ses options musicales, mais qui l'est beaucoup moins dans sa manière de délivrer ses chansons. Pour avoir assisté, à Anvers, à l'une des dernières répétitions précédant sa tournée, on peut attester que Deus s'adonne toujours avec autant de bonheur et de classe à la combustion spontanée et à l'embrasement des sens. Plutôt sain dans sa tête mais souvent bien secoué dans son corps, le groupe a tout d'une créature douée de raison que la fièvre guette constamment et emporte très souvent. Dans cette instabilité subtilement entretenue, Deus trouve à la fois l'équilibre qui lui permet de séduire le plus grand nombre et le grain de folie qui le retient de rentrer dans le rang. Pour alimenter cette flamme qui l'éclaire autant qu'il le brûle, le groupe peut compter sur le meilleur des gardiens : Tom Barman, chanteur gouverné à parts égales par l'exigence et par lœurgence, assumant sans chichis sa casquette de leader. Un homme aussi raisonnable qu'impatient qui, par son discours, illustre parfaitement ce qui fait la force et la singularité de Deus, ce groupe de rock s'exprimant avec la fougue d'un adolescent et la sagesse d'un ancien ? à moins que ce ne soit avec la sagesse d'un adolescent et la fougue d'un ancien. (Inrocks)


Pour la première fois de son épique carrière, dEUS le seul groupe de rock du plat pays que retiendront les encyclopédies musicales aux côtés de TC Matic vient d'enregistrer un album moins bon que son prédécesseur... La déception (de taille) force à reconnaître que l'état de grâce qui animait Tom Barman à l'époque de l'impeccable The Ideal Crash a aujourd'hui fondu comme neige au soleil. Usant et abusant de la dynamique qui faisait de Instant Street un lieu proprement magique à visiter, Pocket Revolution s'englue dans un rock progressif où les couches de guitares s'empilent jusqu'à l'indigestion et de façon un peu trop prévisible. En effet, si ce dEUS entièrement remanié évoque plus Coldplay reprenant Radiohead que Pixies, The Fall ou New Order, l'absence de Craig Ward et ses guitares magiques y est pour beaucoup. Entre le départ de ce dernier apparemment plus difficile à surmonter que celui de Stef Kamil Carlens et les divers projets parallèles de Tom Barman, la gestation de ce cinquième Lp semble s'être placée sous le signe de la dispersion. Occupé un jour par son projet electro Magnus, le lendemain par ses concerts acoustiques en compagnie du pianiste Guy Van Nueten, et un autre sur son premier long-métrage (l'encourageant Anyway The Wind Blows), l'hyperactif auteur de Wake Me Up Before I Sleep n'a en effet pas manqué d'occasions d'user son capital créatif. À l'instar de Beck récemment, dEUS se singe lui-même pour la première fois et donne à Pocket Revolution des allures de collection de faces B regroupées à la hâte. Quant à l'hideuse usine à gaz qui orne la pochette, elle en dit finalement bien plus qu'un long discours sur cette collection de chansons au lyrisme dérisoire dont aucune ne saurait prétendre au titre de pop song ultime. Ce qu'on était pourtant en droit d'attendre de dEUS à ce stade de sa carrière. (Magic)
Il y a une grâce particulière à ce retour de dEUS six ans après "The Ideal Crash" : une absence totale de triomphalisme, une manière de jouer profil bas, de dérouler des chansons faussement sages pour amadouer l'auditeur avec des moyens modestes qui se révèlent sur la durée assez convaincants. "Pocket Revolution" est le quatrième album d'une famille encore recomposée (arrivée de Stéphane Misseghers - batterie-, Alan Gevaert -basse- et Mauro Pawlowski -chant- auprès de Tom Barman et Klass Janzoons) et sans doute celui qui risque de dérouter le plus. Refusant clairement de jouer sur l'instantanéité rock de "Instant Street" ou "Sister Dew", remisant au rencart les éclats bruitistes de "Suds & Soda", il ne raccole pas le public avide de sensations fortes ou de nostalgie voyante. La construction du disque est à cet égard assez éclairante : une intro progressive jouant sur la distorsion psyché d'une guitare entêtante ("Bad Timing"), une ballade mid-tempo, à la mélodie minimale, au jeu vocal rentré, en guise de premier single ("7 Days, 7 Weeks"), suivie d'un rock déviant qui hésite à monter en puissance ("Stop-Start Nature"). Il faut attendre le quatrième morceau pour trouver une composition qui assume clairement sa ligne stylistique (souplesse rythmique, guitares tout d'abord mélodiques puis de plus en plus incisives) et se risque un peu au rentre-dedans. Et puis, on repart sur des bases hybrides (programmation, dualité des voix et effets de guitare sur "What We Talk About", atmosphère entre chien et loup sur le refrain de la seconde ballade, "Include me out", touches 70's -orgue, cordes, choeurs stonesiens- sur "Pocket Revolution"), avant de voir le groupe relever la tête sur un "Nightshopping" (guitares tour à tour rondes et grondantes, rythme chaloupé) ou un "Cold Sun of Circumstances" et finir son tour de piste de ballade ("The Real Sugar") en ballade (la plus belle, "Nothing really ends", sur la possibilité incertaine de l'amour après l'amour, étant gardée pour la fin, avec ses choeurs mixtes, son doux mélange de cordes et de percussions mélodiques, la voix de Barman enfin exposée dans l'espoir et le regret). Il y a quelque chose d'émouvant dans cette manière de se donner peu à peu, de se laisser désirer de plus en plus, sans séduction et sans outrance, au fur et à mesure des morceaux. Des retrouvailles qu'on souhaite, effectivement, comme ce disque, toujours plus belles. (Popnews)
On avait laissé dEUS en train de fermer la porte du millénaire précédent avec une très belle réussite : "The Ideal Crash", album intelligent, à la pop gracieuse, qui nous rappelait ô combien les Belges avaient toujours de l’avance en matière d’écriture et restaient bel et bien les leaders de cette scène du plat pays. Et puis plus rien pendant six ans, dEUS laissant ainsi le champ libre à d’autres groupes comme Ghinzu, Girls in Hawaii ou Soulwax. Aussi leur retour annoncé l’année passée, notamment lors de la Route du Rock, faisait figure de sensation. L’écoute de ce nouvel album, "Pocket Revolution", allait-elle dévoiler une évolution de taille dans ce petit pays ?Que les fans se rassurent, pas de gros changements au programme, mais bel et bien une assise du groupe dans la mutation précédente. Moins de dissonances, des ambiances qui, à l’instar d’un Mercury Rev, se font évolutives et jouent surtout sur des montées en intensité, mais avec des guitares un peu plus tranchantes et une énergie rock présente dès Bad Timing. Tom Barman avec sa voix caractéristique sait jouer sur les émotions, se faisant tour à tour séducteur ou rageur, comme sur If You Don't Get What You Want ou Nightshopping. Mais les Belges ont avant tout un talent pour composer de très belles ballades, comme Include Me Out ou la quelque peu groovy The Real Sugar. Ils concluent d’ailleurs leur album avec l’une d’elles, Nothing Really Ends, qui constitue sans conteste à ce jour l’une des plus belles chansons de leur répertoire. dEUS est de retour, et de fort belle manière, car sans bouleverser nos habitudes, le groupe accentue un peu plus l’emprise qu’il avait sur nous… jouant délicatement avec un savant mélange d’efficacité pop et d’esprit rock. Une nouvelle aventure fort séduisante !(indiepoprock)
bisca
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le 27 févr. 2022

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