Prostitute par Strangeman57
"Prostitute" n'est pas qu'un titre provocant, derrière se cache la dernière réussite de la discographie d'Alphaville.
Bien sûre, le côté expérimental de l'ensemble en rebutera beaucoup, ce qui fera de l'album un échec commercial. Ici, le groupe essaye de se retrouver dans la musique moderne en se tentant aussi bien Hip-Hop que Trip-Hop en passant par l'Electronic Jazz et... attendez, c'est du Flamenco que j'entends sur "Ascension Day"? Et des ballades essentiellement au piano? ("Parade", "Oh Patti") Du Reggae? ("Faith") Du... "Hard-Rock"? ("Some People")... Musicalement parlant, on est fourni, car ils nous montrent une plutôt bonne maîtrise de ces genres.
Bien sur, il restera quelques titres façon typiquement "Alphaville"... mais les compositions sont plus posées, Marian Gold n'en fait plus des tonnes sur les refrains en partant dans les aigus, accompagné de choeurs; non, il fait rêver avec justesse. Enfin, "rêver" est un grand mot, car à l'image de la pochette, "Prostitute" est aussi l'album le plus sombre du groupe; les synthés, les cuivres, les grattes et autres choeurs n'ont plus l'allure si positive qu'ils donnaient sur les trois opus précédents, même les morceaux plus joyeux semblent ambigües. Une dicchotomie palpable sur sa globalité, presque un album concept à la "Pink Floyd", même si certains titres sentent l'erreure de casting, en même temps l'album dure plus de 70 minutes et on s'y perd, mais les transitions leurs donnent une cohérence. Certes, pas le meilleur album de groupe mais sans aucun doute le plus travaillé et réfléchi, pensé pour les 90's dans son côté électronique, une maturité qui se perdra totalement sur leurs deux derniers albums.