Roots & Echoes
7.6
Roots & Echoes

Album de The Coral (2007)

Parmi les innombrables petits groupes de rock anglais qu’on a vu déferler depuis une dizaine d’années, The Coral a tou-jours eu un attrait particulier. Ne serait-ce que par son côté mini-tribu – six membres dont deux paires de frères – qui ne craint pas de mettre en avant des instruments comme la trompette, le mélodica ou de carillonnantes guitares acoustiques. Un peu à l’image de leurs éphémères mais précieux aînés, de Liverpool comme eux, les La’s ou les Pale Fountains. Et plus encore, des illustres anciens californiens, les Byrds et Love, dont The Coral retrouve avec fraîcheur la subtile évidence harmonique et mélodique. En publiant cinq albums en autant d’années, nombreuses sont les formations qui tourneraient déjà en rond, friseraient l’essoufflement. Pas The Coral. Chacun de leurs albums contenait son lot toujours croissant de perles. Roots & Echoes n’en est donc que tout naturellement meilleur que son remarquable prédécesseur, The Invisible Invasion, dominé par l’irrésistible She sings the mourning. Ici, l’énergique single Who’s gonna find me délivré d’entrée de jeu n’a rien de ces flamboyants cache-misère qui ouvrent tant d’albums décevants. Si The Coral place la barre haut, c’est pour annoncer la couleur de ce qui va suivre. Une impeccable collection de pop songs aussi légères à écouter que solides dans leur construction (un peu comme chez les Shins), parmi lesquelles quelques-unes des plus belles mélodies du groupe à ce jour. Tels le délicatement furieux In the rain et le savoureusement envappé Music at night, lumineux comme un Echo and the Bunnymen aérien : deux preuves parmi d’autres qu’on a bien eu raison de croire en la pérennité et la classe de The Coral. Hugo Cassavetti


Finalement, les Arctic Monkeys sont la meilleure chose qui pouvait arriver à The Coral. Détrônés dans leur quête de décrocher la queue de Mickey du manège épuisant de la pop anglaise, les sept de Liverpool ont pris le temps de mûrir à l’ombre, cessant de jouer à la guerre des boutons pour entrer dans l’âge adulte. Même s’ils ne se sont pas épargné une belle crise de croissance, avec l’éclipse prolongée de leur guitariste Bill Ryder-Jones qui gangrena la dernière tournée et faillit mettre le groupe sur le sable, leur réveil n’en sonne que plus tonitruant. Noel Gallagher est la seconde meilleure chose qui soit arrivé à The Coral. Fan numéro 1, Nono a menacé de leur botter le cul un par un si jamais ils renonçaient à donner un successeur à The Invisible Invasion. Il leur a également offert les clés et la jouissance gracieuse de son studio pour les laisser en paix trouver le souffle nécessaire à la poursuite d’une aventure trop prometteuse pour finir ainsi en quenouilles. Loin d’être le disque comateux et sursitaire qu’on pouvait redouter, Roots & Echoes présente au contraire un visage apaisé et conquérant, à l’image d’un premier single vibrant d’harmonies soul – Who’s gonna find me – qui inaugure une belle cavalcade de chansons hautement inspirées mais marquées d’un sceau unique. Pour s’en tenir au seul cadastre musical de Liverpool, on pourrait avancer que The Coral parvient à réconcilier deux courants ennemis du Mersey : le psychédélisme ombrageux de Echo & The Bunnymen et la clarté d’arpège des La’s, les eaux salées des Teardrop Explodes et la source de jouvence des Pale Fountains. C’est surtout qu’ils savent mieux que personne remonter aux cascades originelles de la West Coast américaine, des Doors (Foreflies) à Buffalo Springfield en passant par Bacharach – et retourner au besoin à la matrice Beatles comme en témoigne cet emprunt à peine voilé à Here Comes the Sun sur Jacqueline. On oubliera très vite ce bagage de références pour trouver dans la seconde moitié de l’album le tiercé de chansons folk les plus émouvantes entendues de longue date – hormis chez les Pernice Brothers. L’écarquillé Not so Lonely, ballade qui possède en son cœur un pont d’or où la flûte fait des volutes à attendrir le kop des Reds tout entier. Le Morriconnien Rebecca you et ton tressage de cordes et de guitares twang en cinémascope. Et surtout Cobwebs, un mid-tempo country qui aurait pu naître des phalanges d’un Lee Hazlewood s’il s’était mis un jour à tripoter les Byrds sur leur perchoir. Un monument de chanson, au milieu du genre d’albums pour lesquels il existe une expression anglaise imparable : a modern classic. (Inrocks)
Surprise : on a retrouvé The Coral ! On les pensait perdus corps et biens, mais ils n'ont pas été complètement submergés par la vague Arctic Monkeys et autres p'tits jeunes, à qui ils ont pourtant cédé la place (bien peu enviable, au demeurant) de nouveaux hérauts du rock outre-Manche. Après deux albums décevants, "Nightfreak and the Sons of Becker" et "The Invisible Invasion", suivis d'un silence radio plutôt longuet, qui aurait misé un copeck sur les Liverpuldiens ?Pour tout dire, c'est d'abord plus par nostalgie (il y avait tout de même quelques jolis moments dans "The Coral" et "Magic and Medecine") que par réelle curiosité que l'on se décide à prêter une oreille distraite au nouveau "Roots & Echoes" du groupe. Le morceau d'ouverture, "Who's Gonna Find Me", qui est aussi le premier single de l'album, se révèle sympathique sans être renversant et ne suffit pas à lever entièrement les a priori, car sur "The Invisible Invasion", après le bon "She Sings The Mourning", c'était un peu le calme plat... Mais cette fois-ci, les membres de The Coral parviennent à éviter l'ornière de l'ennui avec brio. Rapidement, le nerveux "Remember Me" et le délicat "Put the Sun Back", font s'envoler les derniers doutes : le groupe est de retour en grande forme. On retrouve sur "Roots & Echoes" la "patte" particulière de The Coral : mélodies ouvragées, guitares pleines d'échos, claviers lancinants, harmonies vocales empreintes de psychédélisme. Toutes les influences dont leur musique est pétrie sont naturellement au rendez-vous. Cependant, le groupe semble plus mûr, plus sûr de ses capacités, et, pour tout dire, moins brouillon qu'avant ; s'il se montre peut-être un peu moins flamboyant que par le passé sur les morceaux enlevés comme "In the Rain" ou "She's Got a Reason", il se fait plus direct, plus rugueux. Mais les titres les plus réussis de "Roots & Echoes" sont sans doute les plus calmes : "Jacqueline" ou "Cobwebs", complexes constructions pop, se révèlent ainsi particulièrement entêtantes et attachantes. Certes, The Coral n'est pas le "meilleur groupe anglais de rock du monde". Mais leur musique colorée (et plus inventive qu'on ne veut souvent bien le dire) mérite d'être écoutée. Si les détracteurs de la première heure ne seront probablement pas davantage conquis, ceux qui apprécient le groupe devraient se régaler.(Popnews)
bisca
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le 27 févr. 2022

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