Après sept ans d'activité (le premier album, Dead Elvis, est sorti en 1997), Death In Vegas s'est décidé à nettoyer sa maisonnée, à remettre un peu d'ordre dans ses affaires, qui ont toujours semblé dispersées, volatiles. Pour sa nouvelle livraison, le duo, composé des Anglais Richard Fearless et Tim Holmes, a ainsi abandonné sa formule bien rodée qui consistait à inviter, à longueur d'album, quelques copains chanteurs, plutôt bien nés : sur le précédent opus, Scorpio Rising, on avait vu défiler Paul Weller, Hope Sandoval et Liam Gallagher. Sur le petit dernier, par contre, le groupe a préféré se terrer seul dans son studio et personne n'est venu l'y rejoindre : Satan's Circus est un disque purement instrumental et dépouillé. Il va, en ce sens, à l'encontre de la démesure des arrangements et des idées musicales de son prédécesseur, pour lequel le duo était allé jusqu'en Inde pour enregistrer de flamboyantes sections de cordes. Comme par réaction aux longues sessions d'enregistrement, et à la foule de participants venus les aider à construire Scorpio Rising, Fearless et Holmes n'ont, cette fois, rien emmené avec eux : juste quelques boîtes à rythmes vintage, leurs synthés primitifs et de vieilles machines à trafiquer le son. Du coup, leur album sonne comme un hommage appuyé aux premiers pionniers de l'électronique, notamment ceux qui sévissaient en Allemagne dans les années 70 : Kraftwerk, Cluster, Harmonia. Satan's Circus explore tous les contours des obsessions musicales de ses deux auteurs. De part en part, l'album est infusé par les rythmiques métronomiques du krautrock électronique, mais aussi par le dub et ses méthodes langoureuses qui distordent et alanguissent le temps. Sur Zugaga, le deuxième morceau de l'album, le groupe décalque même l'un de ses morceaux préférés, Trans Europe Express de Kraftwerk. Loin d'être la copie tiède d'un genre disparu, Satan's Circus est une preuve de la vitalité renouvelée du groupe. Tout en étant très ancré dans un passé idéalisé par ses auteurs, cet album n'oublie pas pour autant, grâce à une production et un sens des arrangements très actuel, de vivre dans les années 2000 : c'est cette double appartenance, ne laissant place à aucun compromis, qui lui vaut de figurer parmi les albums les plus attachants de cette fin d'année. (Inrocks)


Que les choses soient bien claires d'entrée, le nouvel album de Death In Vegas est hit free. Ici, point de Aisha ou de Hands Around My Throat. Finie la rigolade, les voix sont portées disparues, le ton s'est durci, la texture épaissie. Virage à 90 degrés en direction de l'électronique minimale et du krautrock : Richard Fearless et Tim Holmes n'ont jamais semblé autant dans leur élément. Viré de BMG, désormais seul maître à bord (Satan's Circus sort sur leur propre label), le tandem n'a plus aucune concession à faire. Le talent et la classe de cette formation atypique demeurent, eux, indéniables au fil des écoutes inlassables de cet impeccable quatrième Lp. Pour preuve, Sons Of Rother et Candie Mc Kenzie font partie des plus beaux titres jamais composés par Death In Vegas. Avec un pouvoir d'adaptation hors du commun, il absorbe les modes (l'électronique allemande des années 2000) et les influences (Kraftwerk, Neu, New Order, Ennio Morricone, The Cure période Pornography) sans jamais perdre son identité. En ce sens, le duo est un modèle de groupe en perpétuelle évolution. Appelé à incarner le disque maudit décrié à sa sortie, Satan's Circus n'en demeure pas moins son meilleur album à ce jour. En attendant sa réhabilitation future, il devra se satisfaire du fardeau de "culte". (Magic)
Le nouvel album de Death In Vegas est entièrement instrumental. Pas de Iggy Pop, ni de Liam Gallagher, pas plus que Dot Allison. Juste Richard Fearless et Tim Holmes. Ca change, c’est certain. Nous qui étions adeptes du son electro pop si cérébral doré par des voix envoûtantes. C’est là la grande nouveauté de DIV, ils arrivent à substituer les voix par des morceaux musicalement encore plus riches à force d’exploiter des horizons soniques éclectiques. Dans un registre beaucoup plus electro que les précédents albums, c’est-à-dire moins pop et plus expérimental, leur musique fonde un monument protéiforme ; l’univers de DIV couplé avec une quête effrénée vers une electro obscure, qui rapproche Satan’s Circus d’une production allemande de la fin des années 70. En fait, quand on y réfléchit bien, cet album apparaît étrangement comme une suite logique dans la carrière du duo. Plus de contrainte – d’où le choix du label Drone –, un souci de fouiller les plus inconnus recoins du cerveau, on devait aboutir à Satan’s Circus. Néanmoins, cet opus nous semble une curiosité comme cette guitare venant de nulle part sur “Candy McKenzie” ; elle est essentielle au morceau, mais étrange au milieu de toutes ces machines. Death In Vegas livre son album le plus lugubre, aux accents funestes (“Black Lead”), mais jamais ils n’ont été aussi proches d’une musique des derniers jours, voire de l’après. Comme si les sons sortaient d’un autre univers, une sorte de circuit infernal au-delà de l’Achéron, comme en témoigne “Anita Berber” ou “Zugaga” (clin d’œil à Kraftwerk). Autant dire, ce quatrième album désappointe. Certes, il est beau, peut-être le plus beau et attirant, mais si malsain. Death In Vegas nous avait habitués à nous accrocher à des voix dans ses parcours post mortem, mais cette fois-ci c’est seul qu’on doit se fondre dans ce noir, pesant et opaque. Quant au live en deuxième Cd, c’est assez bien représentatif de l’exceptionnelle qualité du groupe en concert. Un son puissant et très rock, qui prend aux tripes. Il ne manque plus que le visuel, remarquable lors des prestations de Death In Vegas. En tout cas, avec ces deux Cds, il est aisé de constater le contraste entre l’avant et le maintenant (et le futur ?) du duo. (liability)
bisca
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le 22 mars 2022

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Satan’s Circus
MathieuCan
2

nul

Je ne peux vraiment rien dire de cet album, il ne se passe rien de musical à l'intérieur. Que des titres electro basiques contenant chacun un seul thème qui se répète pendant des minutes...

le 9 juil. 2014

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