D'un côté, cette chronique, on aurait aimé ne jamais l'avoir eu à écrire. Evidemment. De l'autre, il eut été fâcheux, véritablement fâcheux que ces bandes restent inédites. Alors... Déplaçons le débat sur la seule vérité du disque. Pour s'être repu de Grace à satiété, il est étonnant de constater combien la magie Buckley opère encore et toujours. C'est incroyable le magnétisme que peut exercer ce gars-là par le seul fait de chanter. Aujourd'hui, seul un Tom Yorke, seul un tel écorché, dégage un telle aura. Pour habiter à ce point des chansons, il faut avoir une sacré trouille aux fesses. Jeff Buckley chante, joue avec une aisance, une fluidité qui n'ont pas leur pareil pour vous transporter. Il faut dire qu'il est accompagné par un groupe magnifique de créativité et de justesse. Le premier disque, puisque Sketches (For My Sweetheart, The Drunk) est un double album, regroupe les derniers enregistrements "produits" par notre Américain. On ne voit d'ailleurs pas très bien ce qu'a pu apporter Tom Verlaine tant la personnalité de Buckley semble écraser de tout son poids chacune de ses chansons. On ne comprend pas très bien non plus ni comment, ni pourquoi Buckley ne voulait semble-t-il pas que ces chansons voient le jour au point de décider tout recommencer ? Car nous, pauvre auditeur, on se contente amplement de ce qui nous est donné à écouter. De The Sky I Landfill, en ouverture au mystique You & I, en passant par le formidable Vancouver, c'est un plaisir d'entendre un rock aussi vivant, aussi ingénieux. Seuls les Américains sont capables d'un tel souffle épique, d'un tel vent de folie dans cette musique. Quel voyage ! Le second disque regroupe des démos et donc sonne plus décousu. Mais son côté disparate et sa rudesse renforce encore son impact. C'est une collection d'instantanés figeant l'urgence de ce chanteur hors norme, de sa musique superbe de liberté. Ce disque rend si c'est possible le drame de la disparition de Buckley encore plus horrible. Et son génie plus lumineux. (Magic)

bisca
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma cédéthèque

Créée

le 13 mars 2022

Critique lue 20 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 20 fois

D'autres avis sur Sketches for My Sweetheart the Drunk

Sketches for My Sweetheart the Drunk
PhilippeAllegre
8

compliqué voir très compliqué !

Comment faire une critique d'un album qui n'est pas fini ?Des titres auraient sans doute été exceptionnels et d'autres n'auraient sans doute pas figurer dans l'album. je ne sais pas si 21 titres fut...

le 21 févr. 2018

1 j'aime

Sketches for My Sweetheart the Drunk
bisca
7

Critique de Sketches for My Sweetheart the Drunk par bisca

D'un côté, cette chronique, on aurait aimé ne jamais l'avoir eu à écrire. Evidemment. De l'autre, il eut été fâcheux, véritablement fâcheux que ces bandes restent inédites. Alors... Déplaçons le...

le 13 mars 2022

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime

Taormina
bisca
7

Critique de Taormina par bisca

Taormina, perle de la Méditerranée, disent les guides touristiques à propos de cette belle endormie sicilienne, bordée par le volcan Etna. Taormina, perle noire dans la discographie de Murat, dira la...

le 5 avr. 2022

2 j'aime