Trois ans après le sublime Truelove's Gutter, l'élégant Anglais Richard Hawley s'aventure sous les traits colorés du rock psychédélique. A ceux qui n'aiment pas être brusqués outre mesure, on conseillera d'entamer ce nouveau recueil du roitelet de Sheffield Richard Hawley par le milieu. Seek it peut paraître en effet reprendre en douceur là où nous avait laissés le somptueux Truelove's Gutter, il y a trois ans. On n'imaginait certes pas trouver le jumeau de ce chef-d'oeuvre nocturne, aventureux dans ses textures sonores et classique dans son lyrisme retenu.Ici la séquence médiane de trois titres, où brillent en particulier le rêveur Don't stare at the sun et un The Wood Collier's Grave presque subliminal, offre une alternance ouatée aux quelques pas dans les étoiles esquissés précédemment. Mais à cette sobre élégance, Hawley nous a trop bien habitués. La vraie rupture s'affiche ailleurs, sous les traits généreusement colorés d'un rock psychédélique : She brings the sunlight décolle au bout d'une minute comme pour rejoindre l'année 1967, âge d'or de la pop ; Time will bring you winter emprunte les couloirs du temps dans un esprit pinkfloydien. L'homme en noir a sorti ses plus belles guitares et entend bien les faire sonner. Même le morceau-titre, au début feutré, emballe sa narration à la Ode to Billie Joe (Bobbie Gentry) d'effets divers, distorsion, réverb... Chez Hawley il y a les albums-phares. Celui-ci est plutôt un album-pont. (HC)