Static
6.8
Static

Album de Cults (2013)

Deux ans après un premier opus qui posait les bases d’un style pop, hype et très branché aussi bien qu’il révélait au grand jour Brian Oblivion et Madeline Follin, le duo new-yorkais revient avec un second album, plus abouti, plus consistant qui n’a pas perdu de sa verve et de son rythme effréné. Un nouvel album de la pop underground qui vaut franchement le détour tant le rythme lancinant de certains morceaux est contrebalancé par la voix très enfantine de Madeline et la rigueur d’une basse solide. Sur le premier album, le couple à la ville dévoilait une vaste panoplie de titres sensuels, susurrés par une musicienne débutante mais avec l’envie furieuse d’exprimer des émotions et d’exciter les sens. Avec Static, il y a la révélation d’une triste fin pour le couple qui s’est séparé à la ville mais perdure sur le plan artistique et nous offre en cet automne un recueil de titres électriques.

Et cette rupture du couple casse également avec les morceaux du précédent album, bien plus sexy que ce Static qui conte l’immobilité d’une nouvelle génération et semble avoir du mal à avancer, figée et passive dont la société semble clairement s'être désintéressée. Le duo en profite pour se faire violence et évoque leur séparation à travers le titre « I Can Hardly Make You Mine », la batterie se fait répétitive, forte et le morceau est rock à souhait. Les deux compères se justifient de leur rupture mais annonce à travers le titre blues-pop « Always forever » que cela ne les empêchera pas de continuer à produire de la musique et surtout une pop langoureuse, gourmande et terriblement charnelle. Cults porte un regard désenchanté sur cette génération qui souhaite avancer et croquer la vie à pleine dents. Madeline s’impose comme la figure centrale et la plus fidèle représentante de cette génération enragée qui n’arrive pas à avancer, et hurle le dépassement des limites à ces jeunes fous furieux. Elle invite à dépasser les rêves vendus par la télévision (« TV Dream »). Il est difficile de ne pas voir avec ce groupe l’image du duo du Michigan, The White Stripes, amoureux désabusés sensiblement proche tant sur le plan musical que sur le plan relationnel. Avec le morceau « High Roads », la similarité est encore plus frappante avec ce clip qui reprend l’esthétique introductive de Seven Nations Army. Mais c’est surtout l’occasion pour le groupe de foncer, d’aller de l’avant et de savoir revenir au bon moment. Aidé par une voix langoureuse et des instruments arrangés, il n’est pas étonnant de voir que c’est ce titre qui est le plus mis en valeur, véritable hymne pop pour une génération statique.

Une maturité évidente en ressort par rapport au premier opus, intéressant musicalement parlant mais un peu niais et innocent sur les morceaux dont les thèmes centraux tournaient le plus souvent autour de l’amour. Cette rupture a eu l’effet de les faire entrer un peu plus dans le monde des adultes, aussi dur et désenchanté soit-il et paradoxalement plus propice à l’inspiration puisqu’elle a permis au duo de produire un excellent deuxième album. Toujours un peu vain, mais très électrique et capables de transmettre des sensations voluptueuses dès les premières notes, Static se pose comme un très bon cru pop de cette automne avec son lot de claques auditives et de swing pour vous faire écouter et réécouter l’album.
Softon
8
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le 18 nov. 2013

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Kévin List

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