Synchro Anarchy
6.7
Synchro Anarchy

Album de Voivod (2022)

Pour être tout à fait honnête, je n’attendais rien de particulier de ce nouveau Voïvod. Très probablement la faute à un The Wake qui m’avait globalement déçu, que j’avais trouvé inutilement complexe et manquant d’efficacité.

J’en déduisais donc qu’on aurait ici à faire à une resucée ou tout du moins quelque chose de très similaire, direction artistique que l’on avait vu amorcée dès Post-Society, et du coup, cette perspective m’emballait modérément ...

… Jusqu’à me rappeler que j’étais quand même un gros fan-boy de Voïvod, que ce groupe m’avait émerveillé durant mon adolescence et que même si j’écoute moins qu’avant, ce groupe garde une place très importante dans ma vie d’amateur de metal et de prog et que j’avais toujours une très grande estime – presque une révérence même - pour leur œuvre globale, et envers Michel Langevin et ses acolytes.

Du coup, un peu honteux d’avoir snobé un peu injustement cette nouvelle sortie, je fini par aller l’acheter (il était disponible) au disquaire de mon coin, mais cependant toujours dans l’optique de ne m’attendre à rien en particulier.

J’avais en quelque sorte fait mon devoir de fan. Il y a un nouveau Voïvod. J’achète ce nouveau Voïvod. Par loyauté. C’est un peu débile mais c’est comme ça.

En tout cas, après écoute des premiers morceaux, une première évidence vient à l’esprit (oui on a déjà fait un gap là) :

« C’est pas mal ! Vraiment ! »

C’est plus direct, c’est moins alambiqué (enfin, façon de parler), c’est tout simplement plus efficace, là où The Wake se perdait dans des plans tortueux sans raisons et inutilement cérébraux, là non, ça ressemble beaucoup plus au Voïvod qu’on connaît ; j’en veux pour preuve le riff d’intro du premier morceau, Paranormalium qui pue l’influence du grand Forgotten In Space. Là tout de suite on se sent mieux.

Autre aspect qui saute aux yeux (ou aux oreilles plutôt) c’est que cet album est ÉVIDEMMENT très influencé par Nothingface et ça bien sûr, c’est une direction artistique qui ne va pas me déplaire. Le morceau-titre, Synchro Anarchy qui arrive ensuite, est complètement assumé dans cette orientation, d’ailleurs le riff d’intro ressemble beaucoup à un des morceaux de cet album, Nothingface (mais très honnêtement j’arrive plus à me rappeler duquel … Pre-Ignition peut-être?) ...

… Et cette influence est complètement logique quand on sait que les gars de Voïvod, l’année qui a précédé la sortie et/ou la création de cet album, s’étaient amusés à reprendre l’intégralité de Nothingface en live. Tout Nothingface. Oui, y compris de vieilles reliques comme Missing Sequences ou Sub-Effect (le pied), donc on imagine aisément que ça a du jouer sur leur façon de composer quand ils sont entrés en studio une poignée de semaines plus tard … Comme quoi, ressortir les vieux classiques, ça peut donner des idées et sublimer les qualités créatrices qui sont en nous. Oh oui.

Planet Eaters, le morceau qui suit, est un des morceaux fuités par le groupe avant la sortie du disque (je crois même que c’était le premier à l’avoir été). C’est un morceau solide, même si le riff d’intro, et même s’il fait le boulot, ne paye pas de mine, mais dont – Planet Eaters toujours - les moments pertinents sont tous ces passages très marqués de psychédélisme, le refrain notamment, qui donne un couleur et une saveur très particulières à l’ensemble. « C’est une bonne tune », comme ils disent chez eux.

Mais au delà de ça, il n’y a pas, je trouve, que sur Nothingface et sur Killing Technology que le groupe a puisé ses influences, plus j’écoute ce disque et plus je ne peux m’empêcher de penser notamment à Target Earth, l’album de 2013, un album que j’avais beaucoup apprécié, et qui partage certaines caractéristiques, même, au niveau de certains patterns et agencements.

Mais pas que, on trouve aussi du Outer Limits.

Sur Mind Clock, la piste suivante, qui perso moi m’évoque un peu Le Pont Noir, le même type d’arpège un peu angoissant (mais avec moins de reverb) et toujours ce petit fond d’ambiance à la Nothingface qui plane, genre façon Missing Sequences. Et puis cette décélération sur la fin qui évoque complètement, mais dans un sens inversé, l’accélération de la fin de Into My Hypercube, énième clin d’œil (décidément) à ce dernier.

On enchaîne avec Sleeves Off, morceau efficace, rythmique thrash-punk à l’ancienne (surtout le refrain) qui moi m’évoque le très bon Kluskap O’Kom de Target Earth. C’est clairement le genre de patterns que j’aimerai voir plus souvent, et j’imagine que je dois pas être le seul. La partie instru au milieu est cool, on a le droit à un petit battle « bass-wah » + guitar solo, qui de surcroît ré-enchaine avec le refrain, d’un bien bel effet.

Sur Holographic Thinking (rah la vache, ce nom sorti du fin fond du cosmos, j’adore), on a affaire très rapidement après l’intro à une jolie mélodie vocale, légèrement réverbérée, dont on peut ressentir l’influence d’Angel Rat, avec son aspect plus mélodique et plus abordable. Le reste du morceau est cependant assez tortueux et ambitieux, ce qui lui donne un contraste intéressant. Les passages teintés de psychédélisme sont également particulièrement présents. Probablement un des morceaux les plus intéressants de l’album. Dérangeant, rythmé, de bonnes idées avec de bonnes impulsions.

The World Today, s’en suit sur une rythmique assez entraînante, presque espiègle, dont le refrain, à l’instar d’autres morceaux de cet album, est mémorable, et dont l’arrangement est harmoniquement intéressant. A l’exception de ce petit interlude au milieu un peu typé prog-metal, cette chanson, relativement courte, reprend par la suite sur son rythme initial. Morceau agréable à écouter, doit avoir un potentiel certain en live.

Quest For Nothing, un des deux derniers morceaux, est à l’instar des autres morceaux de l’album, solide, mais dont l’identité se révèle vraiment sur la fin avec un passage psychédélique et planant, accompagné d’une guitare acoustique (rare pour du Voïvod !) qui évoquerai presque des influences à la Mastodon. Prise d’initiative à saluer. Avec de surcroît le petit fondu qui va bien.

Et on termine avec Memory Failure ! Quelques harmonies intéressantes sur le riff principal, des transitions bien senties, des passages vocaux légèrement cybernétisés à la Dimension Hatröss, ça fait toujours mouche. Le reste étant un peu décousu, ça fini un peu en eau de boudin c’est dommage, y avait peut-être mieux à faire, en terme de dynamisme et d’inspiration.

Pour conclure, je dirais que cet album est plus direct et plus efficace que The Wake, qu’on retrouve cette bizarrerie spontanée qui fait le charme du groupe, même si je regrette que la production soit toujours un peu terne, que les guitares soient toujours trop sèches (mais moins que sur The Wake cependant), la "faute" à Chewy qui je trouve, a un style de jeu beaucoup plus académique que ne l'avait Piggy, c’en est presque trop propre par moments, et que ça colle pas toujours au son Voïvod « classique ».

En gros, le son trop jazzy colle pas trop au style du groupe. On perd ce côté dégueulasse et approximatif de leur période thrash des premiers albums, période à laquelle je me réfère le plus quand j’essaie de me définir le son et le style du groupe.

En tout cas, je conclurais que, Synchro-Anarchy est un album agréable à écouter, qui évoque les ambiances un peu dérangeantes et cybernétiques des vieux Voïvod, ces vieux albums qu'on aime, avec toujours ce fond de psychédélisme toujours aussi déroutant. Et pour ça, merci Voivod, ce fut un très sympathique moment, et je souhaite que vous puissiez continuer, encore longtemps !

lépagneul
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le 28 juil. 2022

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