From there to back again.

Ce qu'il y a de plus touchant (et de tragique) avec les Beach Boys, c'est qu'ils n'ont pas su aller au bout de la route de leur Légende. Du naufrage de Smile, qui aurait pu être leur Sergeant Pepper, à l'absence au festival de Monterey en 1967, le groupe aurait du, en toute logique, ne pas survivre aux sixties. Il a continué d'exister, bon an mal an, avec quelques jolis soubresauts, mais rien qui puisse rattraper ce rendez-vous manqué avec l'Histoire du Rock.

Rien d'étonnant, donc, à ce que That's Why God Made the Radio ne soit pas à la hauteur de l'événement : cinquante années d'existence, ce qui tient du miracle après autant de déroutes, de drogues, d'amitiés dangereuses (Manson), de morts et de procès... L'album fait d'ailleurs de son mieux pour synthétiser cinq décennies disparates qui ont vu défiler le surf, l'adolescence, les bagnoles, puis la mélancolie, le doute, la dépression, et la nostalgie un peu rance des années 80. Après un premier morceau sans paroles qui évoque Our Prayer, l'introduction de Smile, That's Why God Made the Radio revient aux sources avec deux chansons joyeuses, dont Isn't It Time, petite perle pop assez catchy.

Malheureusement, l'album se perd ensuite dans une enfilade de titres embarrassants, qui voudraient faire croire à l'éternelle jeunesse du groupe, mais qui mettent mal à l'aise (lyrics nunuches et jeunistes) ou qui ne provoquent qu'une indifférence polie (la production passe-partout et ringarde de Joe Thomas).

In extremis l'album se rattrape pourtant sur sa fin, une rédemption en trois chansons, après un Strange World qui amorce en douceur la transition, dans lesquelles Brian Wilson trouve enfin le ton juste pour exprimer la lente disparition de sa jeunesse. From There to Back Again, Pacific Coast Highway et Summer's Gone font probablement partie de ce que le leader des Beach Boys a pu créer de mieux depuis Love you, dernier album respectable du groupe, datant du milieu des années 70. Belle manière de clore le chapitre (définitivement ?) avant la retraite. Quel dommage que l'ensemble soit aussi inégal.