Un autre âge

L’album de Bronski Beat est un des fervents exemples d’un genre qui est aujourd’hui quasi disparu : le militantisme heureux de qualité. 

Dès le titre (The âge of consent, l’âge de la légalité des relations sexuelles), le petit triangle rose sur la pochette du vinyle ou même la première parole de l’album (Tell me why ?), tout respire le militantisme gay. Sorti au coeur de 1984, entre les débuts du SIDA et une prohibition encore importante, le groupe ne vit pourtant pas dans une atmosphère des plus bienveillantes, comme le titre Smalltown Boy l’explique.

Et, pour aurant, on y trouve une énergie, une joie et même une confiance que l’on a plus aujourd’hui, ou le militantisme se doit d’être de plus en plus excluant et agressif. Une piqure de rappel est donc toujours la bienvenue.

D’autant qu’il serait dommage de réduire Bronski Beat et Sommerville à l’image de militants gay car, musicalement, c’est plutôt bon et ça ne vieillit pas. Les deux tubes (Smalltown boy et Why) remplissent sans peine leur rôle Synthpop, mais c’est à l’écoute des autres morceaux de l’album qu’on retrouve des touches légèrement jazz, parfois même un peu mods, un peu soul et les claviers électro sentent également bon le disco et la coldwave. Une sorte de pot-pourri ou un détail aurait pu faire basculer l’ensemble dans le n’importe quoi, surtout avec la voix reconnaissable de Sommerville, mais le tout reste étonnement cohérent. On y retrouve par ailleurs des pépites parfois un peu en avance sur leur temps (Junk) et, fort heuresement, une faute de goût nécessaire dans tout album de jeunesse (Heatwaves).