Il y a des groupes, des albums qu'on se délecte à écouter secrètement, non par égoïsme mais par un vague souci de vouloir préserver une pureté originelle qui ne devrait jamais entrer en contact avec la médiocrité ambiante. 1999, en cette fin du dernier millénaire, au seuil de l'an 2000 beaucoup d'esprits avaient une attention pathétiquement rivée sur un décompte attentiste dépourvu de toute profondeur. Les moins crédules pouvaient alors prêter une oreille, deux oreilles et même une âme aux douze splendeurs de The Albemarle Sound, un album enregistré en famille au sein d'une ferme retirée, dans un confinement volontaire comme pour mieux permettre aux instruments et à leurs artisans de respirer, vibrer en quête d'harmonies inespérées. Un quart de siècle plus tard, les mélodies intemporelles demeurent intactes et j'ose les partager avec toutes les belles personnes qui sont arrivées au bout de cette épanchement presque lyrique (si je savais seulement chanter !). On se souvient à présent du bug de l'an 2000 comme d'une farce dont l'obsolescence était programmée mais les Ladybug de l'an 2000 ou de l'an 3000 échapperont toujours au marasme prosaïque et aux obsessions stériles et vaines. Si vous écoutez pour la première fois ce troisième et plus bel opus de The Ladybug Transistor : SAVOUREZ ce moment unique de grâce.