Les Doves sont parvenus à imposer un disque extrêmement ambitieux, superbement produit et magistralement écrit. Deux morceaux à peine, le délicat Words et le monumental single There goes the fear, et tous les doutes sont balayés : les Doves jouent bien parmi les plus grands de leurs contemporains : Radiohead, Spiritualized ou feu The Verve. Quelles douleurs faut-il avoir surmonté pour écrire le lumineux Satellites, transcendé par un chœur de gospel à faire pâlir Spiritualized ? Quels orages faut-il avoir traversés pour porter à bouts de bras ces Last broadcast ou ces Caught by the river, grands et fragiles, sans les briser ? Les chansons des Doves sont de vastes mécaniques de précision, d'impressionnantes machines, robustes et délicates à la fois. A l'heure où une horde de jeunes loups grattent à la porte du succès, les Doves viennent rappeler que l'âge n'est pas rédhibitoire quand il rime avec maturité. De leur passé, les Doves ont retenu le temps qui convient à la conjugaison de leur présent : le plus-que-parfait. (Inrocks)
Avec leur copain Badly Drawn Boy, les trois membres des Doves ont permis à Manchester de réaliser un retour en force sur le devant de la scène pop britannique. Seulement cette fois-ci, il n'est plus question de mélanger indie rock et dance music, mais bien de composer des jolies mélodies à l'aide de guitares en bois millésimées. Issu de la scène house au début des années 90, Doves a brillamment réussi sa reconversion en signant avec Lost Souls l'un des premiers disques majeurs des années 2000. Aujourd'hui, tout en conservant la recette qui a fait son succès, à savoir un don pour l'écriture pop classique indémodable, il s'adonne à de nouveaux plaisirs, comme en témoignent N.Y. et son psychédélisme sonique, l'introspectif M62 Song ou encore l'irrésistible Pounding habité par la northern soul. Nostalgiques du tournant 1989/90, les Mancuniens le sont probablement, tant certains titres rappellent les meilleures heures des Stone Roses, flagrant sur l'impeccable et épique premier single There Goes The Fear, ou, plus étonnant, l'apogée noisy pop des premiers maxis de Ride sur Words avec ses guitares tourbillonnantes et sa voix éthérée. S'il a produit la majeure partie de The Last Broadcast, Doves n'a cependant pas manqué de faire appel à de fortes personnalités afin de sublimer ses compositions. Ainsi, ce sont Steve Osborne et Max Heyes, réputés pour leur travail avec les Happy Mondays (le premier) et Paul Weller et Primal Scream (le second), qui se sont illustrés derrière les commandes, tandis que l'inénarrable Sean O'Hagan s'est, lui, occupé d'orchestrer le poignant Friday's Dust. Mélodiquement infaillible, le deuxième Lp des attachants Doves confirme tous les espoirs placés en eux et bien plus encore. Une petite merveille à chérir précieusement. (Magic)