Le cas Taylor Swift se complique au fil du temps, et c'est le sens logique de l'Histoire.
L'artiste a battu tous les records, a sorti un album avant la reprise de sa tournée pour intégrer de nouveaux titres, et planchait déjà sur l'opus suivant alors qu'elle continuer à chanter et danser 3 heures chaque soir.
The Life of a Showgirl promettait donc un retour à la Pop plus classique, surtout que tout est co-écrit et produit avec Shellback et Max Martin. Je vous laisse jeter un coup d’œil à la page Wikipédia de ces deux zozos, surtout Max Martin, mais ça ne pouvait que bien se passer logiquement. Les mecs sont habitués à pondre des tubes, Taylor aussi, ils ont déjà bossé ensemble, qu'est-ce qui pouvait donc mal tourner ?
Déjà, l'album est incroyablement mou. La légèreté ne me dérange pas dans l'idée mais comparé à The Tortured Poets Department qui était volontairement un album mélancolique plus minimaliste dans l'approche et avec des tempos lents, on a pas gagné beaucoup de battements par minute ici. C'est principalement lié à des choix de production incompréhensibles avec en particulier cette idée d'avoir un son de batterie digne d'un mauvais plugin gratuit. C'est Shellback qui a géré cette partie-là, mais franchement c'est pas possible, il y a des types sur internet qui enregistrent et mixent mieux une batterie avec un micro à 40 balles posé devant leur instrument chez eux.
Du côté des arrangements ça manque de folie aussi : les sons de synthé ne sont pas très "étincelants", le son de basse se mêle bien à la batterie et pour une fois ce n'est pas un compliment. Franchement c'est assez fade et pour les guitares c'est pareil. Il y a d'autres instruments évidemment qui interviennent selon les morceaux mais aucun coup d'éclat.
Les compositions ne volent pas haut et les clins d’œil sont un peu trop appuyés. Evidemment que la suite d'accords de Where Is My Mind? n'appartient pas aux Pixies et peut être réutilisée dans de la musique populaire, mais autant en faire quelque chose d'intéressant au lieu de plaquer bêtement les accords sur une guitare au son pas terrible tout le long d'un titre.
Dans le même genre, il y a Wood qui évoque dès son intro I Want You Back des Jackson 5 mais sans le côté pêchu du morceau original. On s'ennuie ferme et pour un album qui se veut léger et amusant, c'est très frustrant.
Mais me direz-vous, Taylor Swift est aussi connue pour sa plume. Et c'est là que ça pêche. Personnellement je n'ai rien contre elle, elle a pondu des albums avec du vocabulaire un peu plus élaboré que la plupart des artistes de sa génération qui cartonnaient dans les charts et ça a permis à des gens de prendre confiance en eux ou de se remettre d'une rupture.
Seulement voilà, la Taylor Swift de 35 ans, milliardaire et fiancée, elle n'arrive plus à se connecter au reste du monde et ça se ressent. J'imagine pourtant qu'en tant qu'être humain il y a des choses à dire quand on a atteint ce statut, et qu'on peut parler autrement de la célébrité qu'à travers la prétendue jalousie des autres. On a donc droit à un clash gratuit de collégienne contre Charli XCX, des métaphores sexuelles pas drôles (alors que sa pote Sabrina Carpenter arrive à ne pas rendre ce genre de jeux de mots repoussants) et ça donne une décevante à chaque titre. La comparaison avec Elizabeth Taylor dans le morceau éponyme est aussi ridicule... Enfin mince quoi, ce n'est plus une ado et elle écrit moins bien qu'au moment où elle en était une, c'est tragique.
Pour sa défense, il faut bien admettre que ses deux collègues à la composition de cet album ne se sont pas foulés. Je n'ai pas reconnu la patte de Max Martin et j'ai trouvé ça très faible par rapport à tout ce qu'il a pu faire par le passé, lui qui a si bien su accompagner plusieurs générations d'auditeurs à travers sa carrière.