A 25 ans à peine, sous les doigts gourds de producteurs gros bras, Ollie Knights et Gale Paridjanian auraient pu dérouler une musique académique et soigneuse, une pop de vieux garçons qui auraient fantasmé sur les bouclettes de JJ Cale ou les robes de Joni Mitchell. Mais la légèreté des arrangements et la finesse de leur production aèrent des morceaux qui échappent systématiquement à la démonstration virtuose : Turin Brakes n'a rien à démontrer et préfère démonter, déconstruire. Avec deux guitares sèches, deux deux voix célestes et un songwriting limpide, Turin Brakes échappe glorieusement à l'académisme.
On trouve des failles, des doutes vitaux, organiques, dans cette écorce musicale tranquille, à l'apparence si sûre d'elle. On est loin du credo Quiet is the new loud (?Le calme est le nouveau bruit?) de leurs confrères norvégiens Kings Of Convenience, auxquels Turin Brakes ne saurait être assimilé. Car s'ils respectent les règles de base de cette tendance à l'acoustique prisée en ce moment (utilisation maximale de la guitare en bois, négation du larsen ou de l'électronique), les deux Anglais possèdent un sens de la précision, de l'harmonie, qui rend leurs chansons complexes et multifacettes, beaucoup moins calmes qu'elles n'en ont l'air. Une musique à l'humour noir, qui doit beaucoup plus à l'Amérique des conteurs d'histoires, à Neil Young et à Jeff Buckley, qu'aux ancêtres pop britanniques ? Ollie et Gale préférant se fabriquer un passé costaud de fils adoptifs de l'americana plutôt que de s'accepter descendants de la tradition pop-folk anglaise. (Inrocks)


Turin Brakes était jusqu’alors inconnu des français, ce qui a semblé justifier une intense promotion faite autour de ces deux anglais de chez Source (qui décidément surprend son monde, après le Kings of Convenience du début d’année). Une promo qui nous a permis d’apprendre tout plein de choses indispensables sur la vie de Gale et Ollie, en vrac : leur guitare en bois (reçues à 7 ans, important !), leur périple dans la chorale de l’école primaire de Balham, leur relation avec la reine(?), leurs lectures …Chuck Berry…Johnny B. Good…etc." The Optimist LP ", leur premier album, n’avait pourtant pas vraiment besoin de ça, tant la classe naturelle de Turin Brakes est évidente et s’impose d’elle-même. Feeling Oblivion, le premier morceau met à peu près 3 secondes à devenir sublime, Underdog(save me), juste après, enfonce le clou, et installe le groupe comme définitivement doué et sensible, mais passée la moitié du disque (State of Things), la plupart des morceaux n’arrive pas à accrocher. L’ambiance chaleureuse du début devient alors trop confortable et sans relief, Starship reste interminablement plat et By TV Light ne décolle jamais.Néanmoins, cet "Optimist" (pas vraiment dans les textes, sombres et angoissés) se signale par une écriture sincère et une superbe simplicité dans la forme (les 2 voix, des guitares souvent acoustiques et quelques cordes), ce qui est assez rare pour être défendu. D’autant plus qu’il se termine par la plus belle chanson de l’album, une ballade enfantine touchante… "Soon I’m gonna stand up, Yeah I’m gonna rear up and there’s no escape". (Popnews)
Ce début de troisième millénaire est incontestablement marqué par un retour à la simplicité dans le milieu pop rock, comme en témoignent les albums de Tom McRae, Kings of Convenience et maintenant Turin Brakes. Après l'incorporation grandissante de samples, de machines et autres bidouillages électroniques, un retour aux bons vieux sons acoustiques ne peut pas faire de mal, surtout lorsque cela est fait avec talent, comme c'est le cas sur The Optimist LP, le premier album de Turin Brakes. Trop vite assimilé à Kings of Convenience du fait de la prédominance quasi-totale des guitares acoustiques, ce duo anglais se démarque pourtant du groupe norvégien. Les ambiances sont en effet très variées et Turin Brakes est aussi à l'aise dans un registre intimiste ("By TV Light", "Starship") que sur des titres aux rythmes plus rapides et presque enjoués ("Underdog"). Olly Knights et Gail Paridjanian ont su enrichir leur musique par l'ajout de guitares électriques ("Slack"), de violons ("Feeling Oblivion", "The Road"), d'harmonica ou de percussions, et évite ainsi d'aboutir à un album trop linéaire et trop calme. Ajoutez à cela une voix particulière et aiguë, mais très plaisante, et quelques singles à gros potentiels ("Underdog", "Emergency 72" ou "The Door") et vous obtenez un album frais et enthousiasmant. (indiepoprock)
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le 21 févr. 2022

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