Le nouvel album de Mercury Rev est un disque de rock progressif. La pochette est affreusement seventies, elle représente un papillon. Les titres des morceaux (Secret for a Song, Down Poured the Heavens, Vermillion, Across Yer Ocean) disent assez dans quel continent poétique on va bientôt patauger. Alors qu'à la Fnac on hésite toujours à racheter The Lamb Lies down on Broadway (de Genesis), même à prix d'ami, nous voilà en train d'écouter un disque qui, par ses progressions harmoniques, ses arrangements avec des cloches, ses solos, ses introductions au piano, ses basses rondes et liquides, rappelle Genesis ou encore Yes. Ou encore Supertramp.C'est le nom de groupe qui circulait le plus parmi le public qui assistait au concert de Mercury Rev, en première partie de Nick Cave, à la Mutualité, en novembre dernier. En majorité des quadras. Tous sur le même modèle. Les mecs avec des têtes de critique rock, c'est-à-dire des garçons qui se sont longtemps cherchés, et les filles, pour l'essentiel des brunes, avec la certitude brandie dans les yeux de ne pas compter pour des prunes. Sur scène, le groupe, qui avait expédié son hit-album français Deserter s Songs en début de set, multipliait les solos, donnant envie d'allumer les briquets comme des dizaines de petites flammes dans la nuit Ça nous rappelait le frisson dans l'échine qu'on avait ressenti en découvrant qu'il existait chez les disquaires américains des sections "adult rock". Mais quel était le putain de salopard qui avait pu accoupler ces deux mots ? Rien à voir avec le fantastique concert, méchant, tendu et où les briquets ne servaient qu'à allumer clope sur clope, que Mercury Rev avait donné au Festival des Inrocks, en 2001. Il y a évidemment un plaisir malsain, pervers, à écouter du rock progressif en 2005. A vouloir hurler, comme je ne sais plus quel roi à Mozart : "Trop de notes !" A s'allonger sur un pouf mauve, à allumer des bougies parfumées et fumer un pétard. A devenir hippie. Il y a pourtant au moins un excellent morceau sur The Secret Migration qui, à lui seul, vaudrait qu'on s'enquière de cet album : il s'intitule Moving on. "Bouger"? En voilà une belle idée. Le problème, c'est que cette belle résolution de Mercury Rev ne dure qu'une minute. (Inrocks)


Plus ça va, moins la température du mercure monte. Depuis Deserter's Songs (1998), le groupe de Jonathan Donahue (cette voix ô combien nasillarde) et Grasshopper semble paralysé par ce chef-d'oeuvre absolu, rencontre improbable entre le psychédélisme baroque et le rock cinématographique façon US (The Flaming Lips, Grandaddy, Sparklehorse). D'ailleurs, avec ces trois dernières formations, Mercury Rev partage le même producteur en la personne de Dave Fridmann, le bassiste des débuts. Membre à part entière de Mercury Rev depuis l'inaugural Yerself Is Steam (1991), le "Phil Spector du troisième millénaire" (l'introduction de In A Funny Way est piquée note pour note sur Be My Baby des Ronettes) paraît en pilotage automatique dès qu'il s'affaire à ces montagnes mélodiques, superposant les couches orchestrales tel un pâtissier confectionnant son mille-feuille dominical. Reconnaissable entre mille, ce son si caractéristique de la patte Fridmann (pêle-mêle : les cloches, la réverbération sur la caisse claire, etc.) sert donc ces chansons (l'extraordinaire Vermillion, l'imparable In The Wilderness) autant qu'il les dessert (l'épuisant et prévisible Black Forest (Lorelei)). Même des titres aussi plaisants que Secret For A Song (le premier single choisi) ou Across Yer Ocean n'apportent rien de neuf au moulin de Mercury Rev. Il suffit de se souvenir de fulgurances passées (Tonite It Shows, Opus 40, Dark Is Rising, Tides Of The Moon) pour savoir de quoi il retournait alors. En conséquence de quoi, The Secret Migration est un sixième album hautement déceptif, qui rime au final avec frustration.(Magic)
Vu de loin, c'est un disque dont on n'aurait même pas l'idée d'approcher. Un papillon, deux yeux sur les ailes, un fond pourpre cryptique. Les plus grincheux se demanderaient ce que fout là cette nouvelle compilation de Marillion. Les moins acariâtres croiraient découvrir la pochette d'un bootleg des Chameleons. Bah non les gars, c'est le nouveau Mercury Rev. A l'image de cette pochette immonde, Mercury Rev aurait-il franchi la frontière ténue mais fondamentalement implacable entre pop psychédélique et rock progressif ? Se sont-ils embourbés dans les vapeurs de patchouli, le sourire aux lèvres ? Pourquoi deux yeux sur ces putains d'ailes de papillon ? Grasshoper a-t-il consommé la réserve stratégique de Libanais ? Et si ce papillon n'était qu'une mite ? Depuis que Mercury Rev a vécu, à retardement, puisqu'il s'agissait en fait du cinquième album, le syndrome du deuxième album raté après son chef d'oeuvre "Deserter's songs" (la copie carbone rance "All is Dream" en 2001), quel monde veut nous faire découvrir le groupe de Grasshoper et Jonathan Donahue ? On se pose toutes ces questions pendant les trois premiers titres au moins, où l'on marche sous la même neige qui illuminait "Deserter's Songs", cette neige qui irradiait de mélancolie l'étrange Noël de Monsieur Jack.Il faudra attendre "Vermillion" où la neige molle en question est balayée dans un tourbillon de fleurs multicolores, pour que Mercury Rev nous fasse découvrir un monde merveilleux et encore inexploré. Jusque là, on n'avait peu remarqué les guitares. En effet, la production met en avant une batterie assez puissante, un piano sporadique et une basse qui bourdonne sans cesse, sans parler de la voie de Jonathan Donahue, aiguisée comme un rasoir dans un pot de miel. Pourtant, les guitares sont omniprésentes, tournoyant au fond des tous les titres de "The Secret Migration" et parfois attaquant sans crier gare comme sur "In the Wilderness", créant ainsi une subtile angoisse au détour de magnifiques et souriantes mélodies. Le meilleur titre, "In a Funny Way", est aussi attaqué en plein vol par des larmes de guitares que l'on croirait couler de la main de Will Sergent d'Echo and the Bunnymen, 25 ans après "A promise". Ce titre construit un escalier vers les étoiles, vers de nouveaux territoires merveilleux (bien loin des WC occupés par Marillion). Et, du vaporeux "Moving on" au délicat "Down Poured the Heaven", en passant par l'épineux "The Climbing Rose", on reste subjugué par ce que l'on découvre. Nouveau chef d'oeuvre de Mercury Rev, "The Secret Migration" porte en lui un nouveau monde très proche des peurs et des émerveillements enfantins. D'ailleurs, ma fille de 4 ans a tout de suite repéré (avec ses oreilles) ce disque dans la discothèque familiale. Et comme, elle aime les papillons et que le rose est sa couleur préférée, il lui arrive de mettre elle-même "mercurireve" entre deux titres de Jean René.(Popnews)
Etonnant à quel point ce nouvel album de Mercury Rev fut annoncé comme un événement. Pourtant l’effet de surprise s’est définitivement estompé depuis le sortie de "All is dream" en 2001, d’autant que nous excluons ici les fans de l’époque bruyante (avec le fantasque chanteur David Baker), peut-être trop négligée. "The Secret Migration" possède tous les aspects d’une caricature, ici déclinée jusqu’à l’excès. Le côté rococo/féérique prend ici des parures assez laides, à l’instar de la pochette que l’on croirait copiée à partir d’une vieille édition d’un mauvais recueil de nouvelles d’heroic-fantasy édité chez J’ai Lu en 1970… Les titres des chansons sont du même acabit : « Black forest », « In the wilderness »… Faut il voir là une influence des Catskill Mountains, le lieu isolé où les Américains composèrent et enregistrèrent ce disque ? Un peu lourdingue en comparaison du mystère subtil qui parcourt "Deserter’s Songs", l’album qui les révéla au grand public et marqua une étape dans leur carrière. La musique de cette migration secrète n’est pas foncièrement mauvaise mais déçoit elle aussi par manque de renouvellement. Toujours produit par leur ex-bassiste Dave Friedmann, ce sont les chansons même et non leur ornementation qui nous laissent sur notre faim. Les compositions sont toutes empruntes du même caractère paisible, sans déflagration intempestive. Les pianos et clochettes sont tous plus présents que la guitare parcimonieuse et à l’économie de Grasshopper, le guitariste aux lunettes noires. Jonathan Donahue possède toujours cette voix haut perchée, davantage maîtrisée ici mais qui n’émeut plus. Ce qui réussissait tant à Mercury Rev, c’était l’hiver, ce repli sur soi, ce coté chanson de Noël à la fois espiègle et salie. Pourquoi s’assagissent-ils à ce point ? Un peu de blizzard ne ferait pas de mal à la bande de Donahue.(indiepoprock)
bisca
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le 5 avr. 2022

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