En réunissant trois immenses stars du rock, l’annonce de la formation de Them Crooked Vultures en a fait baver plus d’un ; cela avait également de quoi laisser méfiant, la réunion de grands noms ayant ces 30 dernières années généralement conduit, au mieux, à des albums moyens.Les premiers concerts du groupe ont levé une bonne partie des inquiétudes en démontrant que cette réunion n’était pas fortuite ; ce qui unit Dave Grohl, John Paul Jones et Josh Homme n’est pas qu’une simple amitié mais bien l’amour d’une même musique, celle que l’aîné d’entre eux a créé au sein de Led Zeppelin et que les deux autres ont pris soin de perpétuer à leur façon. On aurait tort pour autant d’espérer voir en leur premier album un "Led Zeppelin V", si chacun de ces vétérans apporte sa patte, c’est l’empreinte de Josh Homme qui est la plus évidente, l’album prolongeant les lignes directrices du dernier album de Queens of the Stone Age, "Era Vulgaris", avec un amalgame de stoner-rock et de blues psychédélique.Pas de surprises, les 3 trois gaillards sont virtuoses dans leurs domaines : les riffs sont lourds et puissants, les lignes de basse virevoltent et Dave Grohl maltraite sa batterie comme au bon vieux temps ; le mélange se fait naturellement, sans qu’on ait trop l’impression que chacun veuille étaler sa technique ou tirer la couverture à soi. Du coup, l’album est bon, forcément, mais il manque quelque chose, ce je-ne-sais-quoi qui le ferait passer au stade supérieur : l’absence de chansons marquantes (Nobody Loves Me, vainqueur par défaut, fait pâle figure face aux classiques de chacun des membres du groupe) , le pilote automatique enclenché sur certains morceaux, les quelques longueurs, autant de petits défauts qui empêchent le groupe d’atteindre les sommets fantasmés.Au final Them Crooked Vultures réussit le difficile exercice de concilier les talents de ses membres sans qu’aucun ne soit éclipsé, mais n’atteint que par instants fugaces ce petit miracle qui fait que le tout est supérieur à la somme de ses parties, ce qui aurait permis à l’album de tutoyer les plus grandes oeuvres de ses auteurs ; "Nevermind", "Songs for the Deaf" et les albums de Led Zeppelin peuvent dormir tranquille, ils ne seront pas destitués aujourd’hui. (indiepoprock)
En décidant de faire route commune, il ne fallait pas s’attendre à ce que la force de frappe de Nirvana, les riffs en acier fondu de Queens Of The Stone Age et les lignes de basse de Led Zeppelin laissent indifférents. Ainsi, depuis l’annonce de son line up de rêve, Them Crooked Vultures ne cesse d’alimenter un buzz bien agité par ses multiples apparitions durant la saison des festivals, au moment même ou son nom était officiellement dévoilé. Ce premier album éponyme est donc l’occasion tant attendue de tendre l’oreille sur l’alchimie de ces trois rockeurs multi-générationnels.Comme on pouvait s’en douter, Josh Homme ne pouvant remettre totalement en question son chant et son jeu de guitare, ces treize titres lorgnent logiquement vers le registre de Queens Of The Stone Age, autant rythmiquement que dans ses allures incandescentes (”Dead End Friends”). A l’exception peut être de “Reptiles” qui puise un peu plus dans des influences de trente ans d’âge. Derrière lui, John Paul Jones n’a plus qu’à suivre avec sa classe toute naturelle en se glissant de temps à autres derrière le clavier (”Caligulove”), et Dave Grohl transformer le tout en machine de guerre. Car du point de vue rythmique, Them Crooked Vultures impressionne: ici rien est superflu, et surtout rien ne dépasse. Pour le reste, difficile de s’assoir sur cet énorme pressenti qui nous tient depuis l’annonce de sa création: celui d’avoir affaire à trois rockeurs bien installés, dont deux en admiration devant leur idole, s’offrant une excitante récréation avant de retourner à leur routine internationale. En effet, Them Crooked Vultures ne prend ici aucun risque qui puisse le faire trébucher, tandis qu’on accorde assez d’expérience et de talent au trio pour que ce disque puisse quasiment sonner comme une répétition définitivement gravée dans l’analogique.Une fois ce décor bel et bien planté, on apprécie plus objectivement la prestation: “No One Loves Me & Neither Do I” reflète impeccablement les qualités de chacun, une poignée de titres illustrent un bon début d’osmose plutôt qu’un simple puzzle recomposé (”Warsaw Or The First Breath…”, “Elephants”, “Gunman”), “Mind Eraser No Chaser” aurait du inciter à tendre un peu plus le micro à Grohl tout au long de l’album, et “Interlude With Ludes ou l’excellent “Scumbag Blues” (qui plaira à General Elektriks) à généraliser des morceaux un peu plus casse gueule qui auraient fini d’emmener ce all star band sur un terrain plus original. Du coup, bien que logiquement posé tout en haut de la meute, Them Crooked Vultures ne fait que livrer ce qui était prévisible. Sans surprise, sans ce petit plus dont l’absence manque parfois terriblement et qu’on est en droit d’attendre de la part de trois génies du rock. (Mowno)