Le groupe britannique Conflict publie ce nouvel album plus de vingt ans après son précédent opus (There's No Power Without Control sorti en 2003).
Conflict c'est de l'anarcho-punk impliqué et rageur, une sincérité très rare qui transpire dans chaque chanson, mais aussi des plages d'accalmie qui démontrent les qualités d'écriture remarquables du groupe, qui aurait pu prétendre à une carrière comparable à celle de New Model Army si le consensus avait été un tant soit peu inscrit dans ses gènes. Des morceaux tels que Climbing the Stairs, To be Continued ..., A Message to Who, Exploitation ou Tough Shit Mickey par exemple (mais je pourrais en citer bien d'autres) témoignent d'un talent d'écriture certain et transcendent les racines punk du groupe pour proposer sans ostentation de véritables mélodies hyper accrocheuses pas dénuées d'une certaine classe (malgré ses tendances hardcore très marquées, le groupe n'a jamais renié l'héritage des Clash).
Ce nouvel album s'ouvre et se clôture sur des références à l'un des meilleurs albums de Conflict, The Ungovernable Force. L'introduction reprend en effet certains collages de You Cannot Win qui ouvrait l'album The Ungovernable Force, et le dernier morceau est une reprise du superbe To be Continued ... qui concluait magistralement avec un lyrisme du meilleur aloi l'un des albums punk les plus marquants de l'histoire selon moi (si ce n'est le meilleur).
Après l'intro, le morceau This Much Remains laisse entendre que Conflict n'a rien perdu de sa verve, mais la suite m'a malheureusement moins emballé. En particulier, Colin Jerwood, le chanteur et seul rescapé du groupe, commence à faire son âge et peine à laisser éclater la rage qui marquait chacun des disques de Conflict, mais difficile de lui en tenir rigueur, le chant rageur très investi, qui était une des marques de fabrique du groupe, était très exigeant, réclamant une vigueur et un souffle qui tendent forcément à s'estomper les années avançant. Je note également des guitares qui sonnent malheureusement bien plus souvent Metal que punk et un son, sans être insipide, bien moins brut et spontané qu'à la grande époque du groupe.
Reste malgré tout le plaisir d'entendre de nouvelles compositions qui n'ont absolument rien de honteux de la part d'un groupe qui aura marqué la scène punk et dont la fidélité à ses principes et au genre durant plus de quarante ans mérite le plus grand respect.
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