Il y a des albums qui accrochent immédiatement, et d’autres qui prennent leur temps pour s’imprimer en toi. Trouble, le premier disque de Totally Enormous Extinct Dinosaurs, fait un peu des deux. Il m’a séduit dès les premières écoutes par son élégance électro-pop, mais il m’a aussi laissé avec une drôle de sensation : celle d’avoir entre les mains un projet à fort potentiel, parfois freiné par sa propre retenue. Un album que j’ai beaucoup aimé — suffisamment pour lui mettre 7.5/10 — mais que je n’arrive pas à placer dans la catégorie des chefs-d’œuvre. Et pourtant…
Le charme opère dès les premières notes de "Promises". Une intro minimaliste, presque fragile, qui pose les bases du voyage intérieur que propose Orlando Higginbottom. TEED ne cherche pas à en mettre plein les oreilles. Il capte l’émotion avec des détails : une ligne de basse discrète, une voix douce, des nappes synthétiques qui flottent dans l’espace. C’est cette sensibilité-là qui m’a accroché.
"Tapes & Money" arrive comme un petit bijou pop-electro. Le genre de morceau qui peut faire danser tout en laissant un petit creux au ventre. L’euphorie y est légère, teintée de mélancolie. J’ai adoré ce contraste, cette façon de transformer la fête en introspection.
Mais c’est surtout "Household Goods" qui, pour moi, incarne le sommet de l’album. Une bombe club, assumée, galvanisante, avec ce beat sec et précis, presque mécanique, sur lequel TEED déroule une mélodie qui reste dans la tête sans jamais lasser. C’est le morceau qui m’a fait revenir vers l’album encore et encore. Il a cette capacité rare à faire vibrer autant le corps que l’âme.
Et pourtant, tout n’est pas aussi marquant. Des titres comme Solo ou Fair m’ont semblé plus convenus, presque en retrait. Comme s’ils étaient là pour maintenir l’équilibre de l’album, mais sans apporter de relief. Et c’est un peu là que se situe ma petite frustration : Trouble est un album beau, cohérent, sensible… mais parfois trop sage. On sent que TEED a toutes les cartes en main pour bousculer les choses, mais il préfère jouer la sécurité.
Cela dit, je ne peux que saluer la démarche. Trouble est un album sincère, personnel, sans effets de manche. Il ne cherche pas à coller aux tendances, mais à créer son propre langage, entre pop, house, et émotion retenue. Il y a une vraie identité derrière ces 14 titres, un univers sonore qui mérite qu’on s’y attarde — et qui, pour un premier album, pose des bases solides.
En conclusion ? Trouble est un disque à la fois dansant et mélancolique, lumineux et pudique. Il ne crie jamais, mais il murmure joliment. Et même si j’aurais aimé qu’il prenne un peu plus de risques, il reste pour moi une belle réussite, le genre d’album qu’on n’écoute pas en boucle, mais qu’on retrouve avec plaisir — comme un ami discret mais précieux.