Les tourments en clair-obscur : pourquoi Trouble Will Find Me m’a profondément marqué

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un album qui m’a accompagné plus souvent que je ne le pensais, un disque que j’ai noté 8,5 sur 10 — et qui mérite, à mes yeux, chaque point de cette note. Il s’agit de Trouble Will Find Me, un album sorti en 2013 par The National.


Alors déjà, soyons clairs : ce n’est pas un album qui révolutionne quoi que ce soit. Il ne cherche pas à impressionner ou à bousculer les codes. Et pourtant… il accroche, il reste, il revient. Ce disque m’a touché parce qu’il avance à contre-courant : il ne crie jamais, il chuchote. Il ne se montre pas, il se laisse découvrir.


La voix de Matt Berninger y est pour beaucoup. Ce timbre grave, traînant, presque las… il donne l’impression de porter mille choses, sans jamais vraiment les dire frontalement. Et ça, c’est la force de cet album : il parle de solitude, de fatigue, de liens qui se brisent, mais sans jamais tomber dans le pathos. C’est tout en retenue. On est dans l’émotion, mais jamais dans l’exagération.


Musicalement, c’est un album d’une grande finesse. Les guitares sont claires, presque cristallines. Les claviers, eux, sont là sans trop se montrer, mais leur présence est essentielle. Et la batterie — toujours impeccable chez The National — soutient l’ensemble avec une subtilité rare. Des morceaux comme I Should Live in Salt, Sea of Love ou encore I Need My Girl résument très bien cette esthétique : rien n’est forcé, tout est à sa place.


Ce qui me frappe aussi, c’est la façon dont l’album prend son temps. À la première écoute, certains morceaux peuvent sembler un peu trop lents, un peu plats. Mais à force de l’écouter, on capte les nuances. Les petits détails. Une ligne de basse qui évolue, une voix en arrière-plan, une tension qui monte sans jamais exploser. C’est vraiment un album qu’on apprivoise avec le temps.


Alors bien sûr, tout n’est pas parfait. Certains titres s’étirent un peu trop, et l’ensemble peut sembler trop homogène. Mais ces petites faiblesses, finalement, elles participent à l’identité de l’album. Trouble Will Find Me ne cherche pas la perfection — il cherche la sincérité.


Et c’est exactement ce que j’ai ressenti. Ce n’est pas un disque qui te prend par la main. C’est un disque qui t’attend, là, dans un coin. Et au moment où tu en as besoin, il te parle. Il ne te dit pas que ça ira, il te dit juste : "Je sais."


C’est pour ça que je lui donne 8.5 sur 10. Pas parce qu’il est techniquement irréprochable, mais parce qu’il m’a touché, profondément. C’est un album qui ne s’impose pas… mais qui s’installe.


Si vous ne l’avez jamais écouté, je vous invite à lui laisser une chance. Et si vous l’avez déjà fait, peut-être que c’est le moment de le redécouvrir. La nuit, au calme, seul… et juste écouter.

CriticMaster
8
Écrit par

Créée

le 10 avr. 2025

Critique lue 5 fois

CriticMaster

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Trouble Will Find Me

Trouble Will Find Me
thebluegoose
8

Critique de Trouble Will Find Me par thebluegoose

The National est depuis une dizaine d'années maintenant un étalon de la scène pop-rock indépendante nord-américaine. Apparus aux débuts des années 2000 où tous les yeux étaient tournés vers des...

le 30 juin 2013

6 j'aime

1

Trouble Will Find Me
Feedbacker
4

Pas de troubles à l'horizon

The National continue son petit bout de chemin, et comme la mode est au propre/académique/aseptisé, ils ne vont pas changer leur formule. On a donc un ensemble ultra-homogène de ballades sans âmes,...

le 22 sept. 2013

5 j'aime

Trouble Will Find Me
Niniii
9

I need you

Après le sublime High Violet, voici Trouble will find me. D'une élégance à couper le souffle, une voix toujours aussi profonde, grave, posée et envoutante, des compositions travaillées qui touchent...

le 22 mars 2016

2 j'aime

Du même critique

Des abeilles et des hommes
CriticMaster
9

Le bourdonnement d’un monde en péril

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un documentaire qui m’a profondément marqué : Des abeilles et des hommes, réalisé par Markus Imhoof en 2013. J’ai choisi de lui attribuer la note de 8,5 sur 10, et...

le 30 avr. 2025

2 j'aime

Après mai
CriticMaster
8

Les braises d’un idéal : la jeunesse en quête de sens dans Après mai

Dans son film Après mai (2012), Olivier Assayas dresse un portrait sensible et nuancé de la jeunesse française du début des années 1970, marquée par l'héritage de Mai 68. À travers le regard de...

le 30 avr. 2025

2 j'aime

Everwood
CriticMaster
8

une série qui m’a parlé au cœur

Il y a des séries qu’on regarde, et d’autres qu’on vit. Everwood fait clairement partie de la seconde catégorie pour moi. En lui attribuant 8/10, je reconnais qu’elle n’est pas parfaite, mais qu’elle...

le 12 juin 2025

1 j'aime