Après le come-back miraculeux de 2001 ? Get Ready ?, qui brisait huit ans d'un silence pesant, le nouvel album de New Order pourrait passer pour un exercice routinier, plombé par quelques fautes de goût : une tentative de reggae (I Told You So) qui leur va comme des dreadlocks à un rosbif, un probable futur single (Jetstream) ? où intervient Ana Matronic des Scissor Sisters ? qui ressemble à un accouplement entre les Pet Shop Boys et Amanda Lear, une bouse eurodisco intitulée Guilt Is a Useless Emotion?
Annoncé comme le véritable successeur de Technique, l'album de 1989 dont chacun s'accorde à dire qu'il synthétise le mieux la pop mutée vers l'electro ? et vice versa ? de New Order, Waiting for the Sirens' Call n'est peut-être pas de ce calibre-là. Il possède pourtant des qualités (humaines) dont le monolithique Get Ready était dépourvu, notamment à cause de la production sans marge ni débord de Steve Osborne. Ici, en plus des membres du groupe, qui ont enfin remis la main sur les manettes, deux estimables caciques du son anglais (Stephen Street et John Leckie) se partagent les meilleurs morceaux, tandis que le bouffon Jacques Lu Cont (Les Rythmes Digitales) se charge de retendre les chairs instrumentales à coup de beats cinglants et clinquants. C'est pourtant dans le registre pop que New Order s'en sort le mieux, avec certains de ses meilleurs titres à ce jour, comme le bouleversant Waiting for the Sirens' Call, le canonique single Krafty ou le scintillant Turn. Et encore, ce ne sont là que la moitié des titres mis en chantier par le groupe depuis trois ans, New Order voulant de leur propre aveu imiter Radiohead et publier un nouvel album dans six mois. A en croire le dernier titre de celui-ci, Working Overtime, une lapidaire scie punk fouettée aux sangs par des guitares clashiennes, New Order n'en finit plus de rajeunir. (Inrocks)


New Order est sans doute l'un des groupes les plus énervants qui soient. Pour la concurrence. Il est aussi l'un des plus influents. Auprès de cette même concurrence. Sur les douze derniers mois, on ne compte plus les formations qui ont piqué une ligne de basse, un couplet, des idées d'arrangement. Et ce constat se vérifie partout : des deux côtés de l'Atlantique (de Franz Ferdinand aux Killers...), des deux côtés de la Manche (de Doves à Scénario Rock). Aujourd'hui, après l'intronisation officielle de Phil Cunningham en lieu et place de Gillian Gilbert, le groupe a décidé de faire comme ses concurrents. Après tout, pourquoi se gêner. À une différence près de taille, la différence qui confirme ce vieil adage : on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Malgré les présences d'un triumvirat de producteurs chevronnés, Waiting For The Sirens' Call doit beaucoup à ses auteurs, à leur virtuosité, à leur hallucinante Technique. En fait, peu importe de savoir qui fait quoi, d'apprendre qu'Ana Mantronik donne la réplique à Bernard Sumner sur un affriolant Jetsream, tout en courbes charnelles. Seul compte le plaisir quasi-onaniste de retrouver des mélodies radieuses, à l'instar d'un Hey Now What You Doing porté par des guitares croisées et un refrain lumineux ou de cette chanson-titre, tour de force capiteux en forme d'autocitation. À plus d'un titre, ce disque renoue avec le triptyque Lowlife-Brotherhood-Technique, Sainte-Trinité d'une pop qui ne se savait pas encore moderne. Il laisse la place à des hymnes hédonistes pour dancefloors extatiques (Krafty, Guilt Is A Useless Emotion), plonge tête la première dans l'electro (I Told You So) avant de renouer avec des compos plus orthodoxes, comme ce Dracula's Castle virevoltant ou un Working Overtime d'obédience stoogienne. Une fois encore, l'attente moins angoissante que la précédente est récompensée. N'en déplaise aux esprits chagrins, il en sera toujours ainsi. Jusqu'à nouvel ordre. (Magic)
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le 11 avr. 2022

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