When life gives you lemons

Il y a bientôt vingt ans, Lily Allen sortait Alright Still et révolutionnait la pop. Aujourd'hui, en dix jours et sans prévenir trop à l'avance, nous accueillons West End Girl et ce à bras ouverts.

Des années de mariage, une autre femme et un don pour les textes incisifs. Dans la même lignée que des Lemonade, des Little Broken Hearts, Ctrl et autres Heaux Tales, West End Girl assure que la revenge hour a sonné et que personne n'en sortira indemne. On oublie même parfois les jolies rimes, les tempos audacieux qui sont trop justes pour accueillir tel ou tel segment, après tout, la construction musicale on s'en fiche, ici et maintenant, Lily a des choses à dire et rien ni personne ne l'arrêtera.

D'aucun diront qu'elle n'est pas irréprochable, qu'on n'est pas dans Closer et qu'on ne lave pas son linge sale en public (pourtant ça se faisait à l'époque...) ; j'entends et je lis déjà des takes antifem un peu partout... Des avis très 4chan stan if u ask me. Les mêmes qui jubilaient quand le rap était parsemé d'albums à la Temps Mort, mais bon ici on parle de pop, en plus de pop féminine ET féministe, alors autant vous dire que c'est pas très sérieux tout ça, ce style et puis les femmes et leurs histoires de cœur.

Alors, breakup album à écouter en pleurant ou revenge album à écouter pendant un peak d'adrénaline et de confiance en soi ? Après tout, un breakup album reste un revenge album dès lors qu'il existe, peu importe qu'il appartienne à l'artiste ou au public. Tourner l'infidélité en poésie, la douleur en musique, c'est là une des essences même de l'Art. Norah Jones a même dit qu'il n'y avait pas de meilleurs albums que ceux produits avec un cœur brisé. Et que disait Baudelaire déjà, quelque chose comme "tu m'as donné ta boue j'en ai fait de l'or" ?

Je ne m'en fait pas pour Lily. Pas parce que je suis sans cœur, au contraire, mais parce qu'elle tient l'Art dans le creux de sa main, encore vingt ans après et que c'est merveilleux. Non, à vrai dire, mes pensées ne forment qu'une seule interrogation : comment va David Harbour ?