De l'autre côté de l'Atlantique et même encore plus loin, vers la côte Pacifique, Pavement doit bien figurer parmi les dix incontournables groupes qui ont su transformer et recycler la subversion, la maladresse et la dissonance punk en élégance et virtuosité inventives. Et on se gardera ici de convoquer des termes tels que grunge ou lo-fi en guise de sous classement enclin à localiser Pavement au sein de la nébuleuse sphère qui englobe le rock. Si Wowee Zowee, troisième album du groupe, n'échappe pas au style Pavementien, il s'inscrit dans sa discographie comme une troisième réussite (1+1+1 = 3 sans faute) réalisée avec une facilité déconcertante. Sans effort et sans préméditation planifiée, Pavement renouvelle ici une expérience bruitiste incroyablement équilibrée où les emballements rythmiques trouvent toujours des sas de quiétude brillants. Parmi les 18 titres titres de Wowee Zowee, "We Dance", "Grounded" et "Grave architecture" se démarquent, bien qu'encore trop méconnus, pour avoir jailli au beau milieu d'une décennie 1990 aveuglée par une britpop pourtant globalement médiocre.