Zenyatta Mondattarama

Et pourtant ça commençait bien. Le son de Police, si particulier. Ce mélange reggae-pop anglaise. Ce chanteur au timbre aigu, si nasal. Cette seconde voix collée derrière, dans le registre aigüe. Cette fièvre juvénile. Le son de Police. Les années 80 dans toute leur splendeur. Avec un premier morceau en guise d’avertissement. Don’t Stand So Close To Me. Un son d’époque, luxueux et sans pli, un riff natif de Kingston, redirigé vers le Royaume-Uni, et recraché pop-rock. C’est Driven To tears. When The World Is Running Down, pop viril, efficace, et ça marche. C’est tout ce qu’on lui demande.

L’originalité est aussi affaire de style. Le ska énergique de Canary In A Coal Mine, est vite torché. C'est énergique, mais ça ne marche pas à tous les coups. Le squelettique Voices Inside My Head. Chanson sans paroles, une boucle sur un riff électrique, difficile de faire plus simple. Parfait pour servir de générique à un rap old school. Le sympathique Bombs Away, tentera de me sortir de ma torpeur, mais le solo de guitare m’y replonge aussitôt, dommage. Il n’a rien à faire là, ce solo. 

Toutes les chansons me font l’effet de riffs construit sur le même schéma rythmique, et ça endort un peu. C’est cool, mais pas assez lourd pour impressionner. Ça séduit les premières minutes, après on s’habitue, et on tombe dans une léthargie impromptue. Et voilà un souvenir :
DE DO DO DO DE DA DA DA. Qui ne le connaît pas celui-là ? (Je parle de ceux de ma génération, of course), quoique. C’est passé des millions de fois à la radio, donc en principe tout le monde connaît. Sting propose un chant pas dégueu, (au lieu de gueuler), et le refrain est plus qu’original, il ressemble à une blague :
DE DO DO DO DE DA DA DA. C’était aussi simple que ça. Comme beaucoup j’ai toujours dit: DOU DOU DOU DA DA DA. Alors que c’est:
DE DODODO DE DADADA. C’est pourtant simple, plus subtil que ça en à l’air. Après ça, The Police se fait avoir par le tout et le n’importe quoi.

Un instrumental d’inspiration opera-rock, qui a reçu le prix du meilleur instrumental de rock à l’époque, on se demande bien pourquoi ( ?) Behind My Camel. A vouloir faire très simple, on finit par toucher son public, par sa simplicité extrême. Thème bizarre, dissonant, nettement électrique, mais surtout pas développé. Et le mélange ska-rock marche moins bien que le reggae-rock. Man In A Suitcase, je l’ai vite oublié. Plus que mécanique. Morceau vite envoyé, lui aussi. On se raccroche à la voix curieuse de Sting, mais ça ne suffit plus. Album fait dans l’urgence ? Apparemment, non. C’est superbement emballé. La batterie de Copeland, on ne l’a jamais aussi bien entendue, la guitare de Summers est plus aérienne que jamais, presque ELECTRONIQUE, transparente comme du verre. Le problème est ailleurs. 

Shadows In The Rain, c’est quoi exactement ? Une impro ? Un morceau de remplissage ? Les deux ? J’sais pas. Plus c’est simple, plus les morceaux doivent être bons, et c’est pas toujours le cas ici. Pas très inspirée, la Police. Sting a beau faire l’ambianceur, à coups de : Hé ! Ho ! C’est festif sans l’être. Il manque clairement le petit plus. Le groupe perd de son énergie punk avec le succès, normal; et a du mal à accepter le flon flon de sa variét pop. Déjà pourri par l’argent ? Déjà revenus de tout ? Pourtant faudra-vous y faire les gars…au pognon. Et aux fans, ne vous énervez-pas, c’est juste une question que je pose. Le groupe Police, corrompu par le système et l’argent, ce serait de l’ordre naturel des choses dans notre monde, non ? Le Regatta devient bla bla bla. Pop tout court. Autant l’accepter.