Original, ce nouveau départ !

Dix-neuvième tome Les Légendaires et premier tome d'un nouveau cycle nommé World Without (techniquement, "le monde sans eux"), sous entendu un monde sans les Légendaires. Comment se fait-ce ? C'est bien simple mais c'est également tout ce qui fait la complexité de ce nouveau cycle : tout est resté comment avant... sauf que tout a changé !

Ainsi, Artémus, le fameux écrivain raté, serait à l'origine des Légendaires, de leurs récits. Et le véritable héros serait lui, celui qui a vaincu Darhkell, Anathos... Sauf qu'il existe en Alysia certaines personnes qui ne semblent pas être si étrangers aux Légendaires que nous avons connus.
Pas plus de spoil !

Sur ce coup là, Patrick Sobral nous offre quelque chose d'admirable. Fort à parier, et c'est simple de le prouver, que ce nouveau cycle a laissé certains lecteurs sur le carreau. Néanmoins, que l'on aime ou pas, apprécie ou non... Force est de constater qu'il s'agit là d'un élément scénaristique, certes bordélique, mais qui fallait oser et qui ajoute de la substance ! Pour essayer d'être clair : tous les personnages, absolument tous les personnages, que l'on a pu voir dans la série Les Légendaires et Les Légendaires Origines sont présents, ce n'est juste plus tellement eux - ils sont comme modifiés, revêtent une vie autre qui semble avoir été décidé par Artémus ; rien ne le confirme mais les soupçons sont loin d'être stupides, surtout vu la façon dont se déroule les événements narrés dans ce tome. De toute façon, et je m'en rends bien compte en l'écrivant, pour le comprendre, il faut livre ce tome qu'est Artémus le Légendaires. C'est un tel chamboulement qu'on ne peut le décrire aisément - techniquement on peut, mais moi, j'ai du mal. Fort à parier, malheureusement, que ce tome sépare encore plus les fans car le pas franchi est certes intéressant mais il casse absolument l'élan qu'avait la série jusqu'alors : nous avions mis une vingtaine de tome à retenir qui était qui et qui faisait quoi pour que l'on vienne tout changer d'un tome à l'autre. Et outre cette difficulté, un autre problème peut venir titiller le lecteur : le scénario. Globalement, il est sympathique et on demeure sur des terres connues, déjà usées par Patrick Sobral mais je dois confesser avoir eu quelques difficultés avec celui-ci. Il m'a semblé trop tiré par les cheveux ; mention spéciale néanmoins (je ne savais pas où le caser sinon) aux "flashback" du paysan Danaël qui laisse à penser que les anciens Légendaires sont toujours existants.

Bref, si le côté scénario possède des qualités et des défauts discutables, une fois n'est pas coutume, les personnages forment la meilleure partie de la série et autant dire que là, il y a du boulot puisque, si nous avons la surprise de voir tout le monde, ils ont tous changé de fonction - excepté un personnage ou deux tel que Darkhell par exemple, ou même un autre grand antagoniste qui fait plaisir à revoir. Autrement, les "nouveaux" personnages sont sympathiques à découvrir et l'on peut s'amuser à faire les parallèles entre les anciennes et nouvelles versions ; ce qui donne encore plus d'indices sur Artémus et cette plausible théorie de transformation du monde. Cependant, avec tous ces retours, on arrive à une sorte de désacralisation des pertes que l'on a pu observer dans les tomes précédents...

Graphiquement parlant, nous sommes toujours sur de la qualité supérieure, gardant le même humour, les mêmes références et jeux de mots...

Artémus le Légendaire est un tome dangereux. Si il apporte pas mal de nouveauté et offre une vision nouvelle, mais pas trop, de la série, force est de constater qu'il sépare également drastiquement les fans. Au point où l'on est en droit de se demander si un nouveau cycle était nécessaire mais surtout, un nouveau cycle structuré de la sorte. Personnellement, j'ai réussi à l'apprécier mais ce ne sera pas le cas pour tous. Le meilleur moyen de s'en rendre compte, c'est encore de le lire. Et puisque Patrick Sobral nous a demandé de lui faire confiance pour la conclusion de son œuvre majeure, je resterai jusqu'au bout.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !