Ce dernier opus de la saga est le plus sombre de tous. L'obsession de chacun des protagonistes est exposée à pleine lumière. Le lecteur a pu tout au long des tomes précédents se rendre compte de l'influence du romantisme allemand sur le travail de Leiji Matsumoto. Pourtant, ici, c'est face à un autre courant artistique que nous sommes en présence : le western.


La quête de la rédemption est le thème principal de cet opus. Les fils de Zoru meurent l'esprit en paix après avoir appris par Albator que leur père n'était pas un lâche. De même, suite à une erreur de manipulation de Yattaran, deux sylvidres qui s'étaient posées sur l'îlot de l'ombre morte, alertées par le bruit, décident d'inspecter les profondeurs de l'astéroïde. Yattaran est donc chargé de les éliminer afin de protéger l'ensemble des passagers de l'Arcadia. Pour autant, la mission s'avère bien plus difficile que prévue puisque les deux sylvidres sont en fait deux créatures innocentes qui fondent en larmes à la vue de la mer (mais peut-être aussi à l'idée de savoir leur mort proche). Yattaran décide d'enterrer les deux femmes dont le corps ne s'est pas dissout comme les précédentes sylvidres rencontrées.


De recueillement il est également question lorsque l'équipage de l'Aracadia fait escale sur Heavy Melder, sorte de havre de paix pour pirates. Le lecteur découvre enfin le nom de l'ami d'Albator qui a construit le vaisseau mais cette attente est finalement assez décevante puisque l'on se contente de connaître son identité sans véritablement savoir son histoire.


Le saloon le moins cher de tout l'univers qui se trouve sur Heavy Melder est prétexte à une nouvelle scène de beuverie pour les compagnons d'Albator mais permet également d'en apprendre davantage sur les tourments d'Albator. Le pirate s'avère être un homme vivant dans le passé, en quête perpétuelle de la mémoire de ses amis perdus. Cette planète s'avère être l'incarnation de ces souvenirs, raison pour laquelle Albator perd tout sang-froid lors de l'attaque des sylvidres pendant qu'il discute avec leur Reine au saloon.


Le régime des sylvidres, qui apparaissait uni et inarrêtable tout au long des épisodes précédents, semble montrer les premiers signes de faiblesse puisqu'une rébellion interne surgit. Dans le même temps, la lâcheté du gouvernement humain, qui n'était plus à démontrer, est une nouvelle fois mise en en exergue puisque le Premier Ministre prend la fuite suite à la découverte d'un bloc de glace intriguant.


Ce cinquième tome marque la fin de la première partie du récit. Pourtant, il est fort probable que le lecteur ne verra jamais la suite de cette odyssée spatiale. On sent d'ailleurs que la guerre entre Albator et Sylvidra est interrompue seulement à ses prémices, ce qui est d'autant plus dommage. Pour autant, la déception quant à la faible longueur finale du récit est totalement oubliée au profit du plaisir certain que ce space opera a pu procurer pendant plus de mille pages à son lecteur.

Kevin_R
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 15 Découvertes 2016 (BD)

Créée

le 29 janv. 2016

Critique lue 417 fois

1 j'aime

Kevin R

Écrit par

Critique lue 417 fois

1

D'autres avis sur Capitaine Albator, tome 5

Capitaine Albator, tome 5
Tinou
6

Critique de Capitaine Albator, tome 5 par Tinou

Il est frustrant que le manga se termine là-dessus, au beau milieu de son récit. Au-delà de ça, ce cinquième volume touche par sa mélancolie. Que ce soit en mettant au centre la mort de Tochirô, en...

le 27 sept. 2023

Du même critique

Les 8 Salopards
Kevin_R
3

Les 8 insupportables bavards

Au regard de l'accueil critique très favorable de la majorité des spectateurs, il me semble d'abord nécessaire de prouver ma bonne foi avant tout propos. J'ai découvert Quentin Tarantino alors que...

le 10 janv. 2016

20 j'aime

3

Les Évadés
Kevin_R
5

Under Control

Si la réalisation de The Shawshank Redemption est marquée par un très grand classicisme, ce défaut d'originalité permet néanmoins au récit de se dérouler sans véritable accroc dans le rythme. Les...

le 8 mars 2015

19 j'aime

4

Les Sept Samouraïs
Kevin_R
9

You'll never walk alone

Œuvre quelle que peu à part au sein de la filmographie de Kurosawa, Les Sept Samouraïs constitue pourtant l'un des ses plus grands films. Le long-métrage interpelle d'abord par son apparente...

le 28 févr. 2015

11 j'aime

6