Urban nous offre une nouvelle série dans sa gamme Indies, et l’on peut espérer le meilleur, tant ils cherchent à nous offrir de bonnes choses. C’est au tour de la série événement de Cullen Bunn (nouveau prodige du comics) de nous être présentée. Un détonnant mélange entre le western et le fantastique (bien que cela soit un peu le cas également d’East of West de Jonathan Hickman dans la même gamme) qui met l’eau à la bouche.

Alors que le continent américain se remet difficilement des blessures de la Guerre Civile, d’inquiétants individus sillonnent le Grand Ouest à la recherche de six pistolets maudits détenant à eux seuls assez de puissance pour mettre fin à l’humanité. Parmi eux, le général confédéré Oleander Hume, créature suspendue entre la vie et la mort, attend dans son cercueil le jour où il pourra enfin remettre la main sur l’un de ces artefacts. Pour l’heure, son épouse et quatre de ses cavaliers les plus fidèles ont retrouvé la trace de l’une de ces armes entre les mains de Becky Montcrief, jeune femme cherchant à venger la mort d’un de ses proches. (Contenu: The Sixth Gun #1-6)

Dès les premières pages, nous découvrons une narration rappelant celle des BD franco-belges où le narrateur cherche à nous parler directement alors qu’il nous explique la situation. Histoire de nous captiver, de nous happer dès la première case. Nous plongeons alors dans l’étrange et le mystérieux avec une sombre légende sur six révolvers dont même le diable ne voudrait avoir en sa possession. Des armes terribles, effroyables et capables de changer le cours des choses. Et si l’emplacement de cinq de ces révolvers est connu, l’endroit où se trouve le sixième est un mystère pour tous. Du moins pour tous ceux croyant à cette histoire…
Nous découvrons que ce pistolet attise bien des convoitises ! Une femme, le visage creux, le regard effrayant et pénétrant, met les meilleurs détectives à sa recherche. Et un homme, bien habillé, sournois et manipulateur qui demande conseil aux cadavres fantomatiques d’un arbre à pendus…
Et comme pour toute quête, s’ils sont nombreux ceux qui convoite l’objet, le pistolet (le Graal en quelque sorte), la personne qui l’a en sa possession n’est jamais satisfaite de l’avoir. Et c’est le cas pour ce sixième pistolet !

Le général Oleander Hume, possédait ces six pistolets. Quatre pour ses quatre cavaliers (comme les quatre cavaliers de l’apocalypse) avec des pouvoirs fort variés. La puissance d’un canon, cracher des flammes, ramener les morts qu’il a occasionné sous formes de marionnettes de boue serviles ou encore infliger des maladies. Un pistolet pour sa femme lui donnant une éternelle jeunesse et la rendant invulnérable. Et enfin un pistolet pour lui, lui permettant de voir l’avenir, le futur ! Et personne, hormis son propriétaire ne peut utiliser, ni même ne serait-ce que le toucher le pistolet. Il faut donc le tuer pour lui dérober.
Avec le temps le général Hume était devenu impossible à tuer, on finit par l’enfermer dans un cercueil, que l’on dissimula en Terre Sainte. Le général ayant tout le temps de fomenter sa vengeance. C’est là qu’intervient sa femme, cherchant à retrouver son corps et son arme…
De son côté, Drake Sinclair, véritable anti-héros, recherche également cette arme, pour une obscure raison, que l’on ne nous dévoilera qu’en fin de tome. Mais il est prêt à tout pour arriver à ses fins ! Mentir, tricher, manipuler et tuer à tour de bras. Nous sommes loin du gentil tout propre sur lui. Drake n’hésitant pas à se salir les mains.
Tout ce petit monde va se retrouver chez Becky Montcrief, belle-fille du padre ayant enfermé le général Oleander Hume, et possesseur du fameux sixième pistolet !

Dès lors, cela va être une course poursuite meurtrière, acharnée et sans temps morts entre Drake et Hume où tous les coups sont permis, et où les surprises nous attendent à chaque page ! Entre un Drake aux motivations bien changeantes et un Hume plus mort que vif, prêt à tout pour récupérer ses pouvoirs.

Si l’action tend vers le fantastique, voir la fantasy avec la quête de l’objet ultime, les décors (saloons, vieilles églises, charrettes, forts…) et les personnages (colts, chapeaux…) sont définitivement ancrés dans le western. Et ce mélangé fonctionne bien, dépoussière un peu le mythe du cowboy et des indiens, pour nous offrir quelque chose de plus surprenant. L’action ne fait qu’aller crescendo, parsemée ici ou là de quelques flashbacks et de quelques mots du narrateur afin de nous expliquer le passé des personnages. Mais nous ne sommes jamais perdus, jamais à la rue. Les personnages sont nombreux, riches et variés. Ils sont tellement bien travaillés qu’ils en deviennent peut-être aussi intéressants, du moins aussi importants que le mythe des pistolets et du secret qu’ils renferment.

Au dessin, Brian Hurtt, sans être exceptionnel nous livre un travail plus qu’honnête. L’aspect western est bien là, principalement grâce à lui, il en imprègne tout le tome et on s’y croirait ! Les personnages sont bien typés, on les reconnait de suite, toujours un détail pour les distinguer. Les émotions passent à merveille, que ce soit la folie, la peur, qu’il peut se dégager de la femme du général, du charisme, de l’horreur, du côté malsain qui ressort de ce dernier, du mystère autour de Drake ou de la candeur et de la pureté chez Becky. L’action est bien retranscrite, un travail dynamique et sans temps mort. Jonglant à merveille entre les codes du western et ceux du fantastique.

Bref, ce premier tome est clairement un tome d’introduction. Mais une excellente introduction avec une première saga de six épisodes qui va à cent à l’heure et nous permet de rentrer tout de suite dans le bain. Le mélange des genres fonctionne à la perfection. Les personnages sont charismatiques et on attend la suite avec une grande impatience en refermant le tome ! Très belle découverte !
Romain_Bouvet
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le 31 juil. 2014

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Romain Bouvet

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