Cet opus de DoggyBags, une nouvelle fois, ne nous laisse pas sur notre faim. Entièrement consacré au parc thématique patriotique alimenté en zombies présenté dans un des précédents volumes, et intitulé de même Death Of a Nation, il regroupe trois histoires qui se suivent à distance pour raconter 


la chute définitive d'une civilisation



bien trop repliée sur elle-même pour pouvoir survivre, avec l'habituelle dose de gore, d'humour crade et de mauvais goût bien senti sous les chairs putréfiées et voraces. Aux côtés de quelques habitués, on retrouve de nouveaux auteurs et le plaisir est grand en fin de volume de retrouver le directeur Run à l'illustration pour un final sombre, caustique, mais qui ne manque pas de mordant.
In The Flesh !


Patriot Act, scénario de Run, est l'introduction idéale au volume. Si la narration globale n'apporte rien de neuf à l'épisode original, il nous promène dans le parc sous d'autres points de vue avec le recul acerbe de l'anticapitaliste qui sommeille en l'auteur : la visite des lieux organisée pour un éventuel investisseur par le propriétaire du parc dans le cadre d'un futur développement prend un tournant de vengeance morbide un instant avant de sombrer dans l'attendu final catastrophe, 


la mort n'épargne pas les cyniques, la faim n'a que faire de l'âme sous les chairs.




 Les zombies que vous voyez et leurs victimes sont des automates. On
a trouvé que ça faisait sympa. 



Le dessin de Philippe Auger, beau, n'est pas mon style préféré de ce qui a été jusqu'à présent offert aux regards dans DoggyBags – notamment en ce qui concerne les zombies, un poil décevants – mais les portraits des personnages principaux en gros plans sont magnifiques d'avidités malsaines un temps, puis d'irrépressibles terreurs lorsque l'horreur de la réalité les rattrape.
Vient alors l'Opération Wonderland, récit du nettoyage du site par les forces spéciales, développé par Hasteda, où les soldats lancés dans la bataille laisseront de leurs membres. Un épisode efficace, à la fois cruel et tendre, où la meute de morts-vivants n'est pas en reste face aux stratégies militaires impitoyables d'un escadron d'enfoirés, dont certains comprennent bientôt qu'ils feraient mieux de sauver leur propre peau.


 Je viens de perdre deux de mes meilleurs équipes pour sauver vos
gros culs flasques, et je ne laisserai pas un peigne-cul insulter leur
mémoire, c'est clair !? 



Ici, le trait et l'ambiance plus sombres instillés par Jedebaï s'adaptent mieux au récit, servent avec 


une finesse de tension graphique



les fluctuations des personnages, l'investisseur Longhorn en premier lieu. L'ambiance et le montage explosent du chaos sur lequel ils se déchiquettent à l'instinct primal.


Tout est fini. Le parc n'a pas retenu ses morts et ceux-là envahissent le continent, dévorant et amassant dans son sillage toute sa population. Aurélien Ducoudray imagine alors l'isolement de The Last President, réfugié dans le bunker de sécurité pour quelques longues semaines après la dernière vague d'attaque sur la Maison Blanche. Seul, sans lien vers l'extérieur, le vieil homme aigri se laisse aller, lâche ses rages et ronge ses sangs. Le bunker s'est verrouillé automatiquement, il se rouvre de même un matin.
Le retour de Run au dessin fait grand plaisir,


l'ambiance est étouffante, le calvaire poisseux.



Zombies stories donc pour ce tome spécial qui développe une narration éclatée autour d'un lieu commun et du classique de l'invasion épidémique et systématique, ce nouveau tome est à dévorer sous le soleil cuisant d'un four d'été caniculaire, ne pas oublier de griller la viande à point sous peine d'indigestion et de malaises. Les équipes de DoggyBags continuent l'aventure des cataclysmes fantastiques de la mythologie des séries b et z du cinéma et de la bande-dessinée old school, c'est toujours 


un plaisir pour les yeux qui n'ont pas froid, un régal pour l'estomac qui ne soulève pas, et des suées de frissons sur nos peaux pas si désincarnées.


Matthieu_Marsan-Bach
7

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le 2 juil. 2018

Critique lue 159 fois

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