Critique N°386 : Superman meets Dr. Manhattan

• Il y a trente ans, sur une Terre où le cours de l'Histoire a évolué de manière bien différente, un justicier milliardaire nommé Ozymandias a tenté de sauver l'humanité d'une guerre nucléaire imminente en concevant une machination effroyable.
  et réussit. Mais, ses plans ayant été révélés, ce dernier dut prendre la fuite et tente à présent de retrouver le seul être capable de restaurer un équilibre sur sa planète : le Dr Manhattan, surhomme omnipotent.

Si Watchmen est une œuvre à part entière, il n’empêche que certains auteurs veulent ajouter leur touche à ce chef d’œuvre.
Before Watchmen dans un temps, qui raconte bien évidemment avant le comics Watchmen, mais aussi la série d’HBO Watchmen. Celle si se permet de se poser la question de ce qu’il aurait pu se passer après le plan d’Ozymandias tout en restant dans son propre univers.
Doomsday Clock fera sensiblement la même chose tout en se greffant à l’univers DC.

Et c’est un peu pour ça qu’on hésite à ouvrir ce comics. Qu’est-ce qu’on peut rajouter à un tel ouvrage ?
Est-ce seulement une bonne idée ?
Que va-t-il apporter à l’univers ?

Concrètement pas grand chose. Ce n’est qu’un plaisir de fan pour des fans. Alan Moore est sûrement en train d’insulter les auteurs mais bon, il n’a qu’à mettre des droits d’auteurs sur son bouquin et une propriété intellectuelle.

Mais l’idée d’avoir un Ozymandias qui a échoué dans son plan et dans un monde où tout le monde veut sa peau est une idée intéressante.
Un univers ou Manhattan est responsable des distorsions de l’espace temps et du multiverse chez DC. Des différentes créations de Superman, de la formation ou non de la Société de Justice d’Amérique.
Cela permet d’expliquer les relaunch et autre reboot qui ont et qui seront, sans éclipser aucune des versions.

On aura malheureusement des gros trous de scénario, avec l’apparition du Comédien un peu sans explication, puis sa mise à l’écart ou celle de Batman, sans trop de raison non plus.
Un gros chapitre un peu vide et la création de deux personnages qui ne sont là que pour ce tome en la personne du Mime et de La Marionnette.
Même si c’est deux personnages ont l’air d’exister dans leur univers, nous n’en avons jamais entendu parlé, donc flashback et origin story obligé pour les introduire solidement.
Le manque de gros affrontements entre DC et Vertigo sera aussi regrettable. On aura bien le Joker et Rorschach ou Superman et la Ligue des Justiciers contre Manhattan mais ça sera assez bref.

Dans un contexte où 97% des meta-humains sont américain, on nous dit explicitement que ça serait le gouvernement qui en est la cause (gentils comme méchants) ; une approche intelligente et intéressante rarement mis sur le devant de la scène.
Tout un pan politique qui fait écho à la guerre froide et son évolution.
Ce qui amènera même Superman à faire des choix pour l’avenir de la planète, du multiverse et son image.

Certains choix sont judicieux, d’autre manque d’approfondissement.
Peut-être qu’il faut se pencher un peu plus sur l’univers Rebirth de DC pour tout saisir, mais n’ayant lu que Doomsday Clock j’ai du me débrouiller et j’ai réussi sans trop de difficulté à joindre les deux bouts.

Ça ne plaira pas à tout le monde, mais l’univers des gardiens est tellement spécial que chacun a envie de mettre son grain de sel.
Loin de l’œuvre originale mais aussi loin d’être une purge, on a le droit à une vision de ce que pourrait être le mélange des univers.

Parfois branlant, parfois satisfaisant ou même saisissant, Doomsday Clock nous plonge dans ce qu’aurait pu être le crossover ultime, malgré des faiblesses évitables.