Doomsday Clock
7.2
Doomsday Clock

Comics de Geoff Johns et Gary Frank (2017)

Finalement, on a enfin trouvé qui surveillera les Gardiens.

Waow, ce profil est actuellement très poussiéreux. Comme d'hab', vous me direz, mais bon. Bref.


Avant de commencer, je vais prévenir qu'il va y avoir des spoilers et que je ne vais pas les cacher, parce que (ne serait-ce qu'en Amérique) tout ce que je vais spoiler, ça s'étend de 2015 à 2019, donc voilà, c'est plus des trucs récents. Toutefois, si vous êtes curieux.ses, je vous invite à lire Darkseid War, le one-shot DC Universe : Rebirth et Le Badge (aka The Button). Y'a d'autres trucs liés mais je ne les aborderai pas et bien sûr, lire Watchmen est aussi conseillé, mais pas obligatoire.


Cela étant fait... ces derniers temps, après des années à avoir juré une fidélité presque obsessive à Marvel, j'ai commencé à m'aventurer un peu plus sérieusement chez la Distinguée Concurrence, à m'informer sur l'univers et les persos et à lire quelques trucs (Batman : Metal et ses suites, je vous salue). Et un des trucs qui m'ont le plus intrigué, c'était une espèce d'arc mythologique présent dans plusieurs titres de l'initiative "DC Rebirth" et reliant l'univers DC à celui de Watchmen. C'qui est bizarre, parce que je n'ai jamais lu le comic originel, mais la vie est pleine de surprises. Du coup, en une soirée, merci aux sites proposant des scans de comics gratuitement (oui, je sais, je devrais avoir honte), j'ai lu tout ce qui avait trait à cet arc (enfin, presque tout) et ça va pouvoir me permettre de vous expliquer pourquoi Doomsday Clock, c'est bien.


Mais avant ça, il faut expliquer ce qu'est le scénario et pour ça, il faut expliquer tout ce qui a mené à là où l'univers en est durant ce comic et pour ça, il faut expliquer DC Rebirth et pour ça, il faut expliquer ce qu'est "The New 52" ET POUR CAAAAAAAAAA, il faut revenir sur ce qu'est "Watchmen".


Donc, d'abord, on a l'œuvre originelle. C'est de Alan Moore & Dave Gibbons, c'est paru entre 1986 et 1987 et même si, comme moi, vous n'avez jamais lu, vous connaissez forcément de réputation le truc. C'est présenté comme LA déconstruction ultime du genre du super-héros, ça met en scène une bande d'anciens super-héros pas super-nets, c'est une critique subtile de l'Amérique reaganienne (tellement subtile que plein de gens ont pensé que c'était trop cool et que Rorschach était trop un modèle et que, en fait, bah, non), c'est noir, c'est sombre et c'est l'un des quelques comics (avec The Dark Knight Returns, The Death of Superman ou encore Knightfall) ayant lancé l'Age Sombre des Comic-Books qui allait devenir prévalent dans les années 90, pour le meilleur comme pour le pire (surtout pour le pire, si vous demandez à Moore lui-même).


Ensuite, on avance dans le temps et on a "The New 52". Ayant duré de 2011 à 2015, ce projet était un immense reboot de la continuité de l'univers DC basé sur une observation toute simple : crotte de bique, nos comics ne se vendent plus très bien, ces jours-ci ! Que faire ? Remettons tout à zéro et essayons d'attirer de nouveaux lecteurs en rendant nos personnages plus cool pour ces derniers ! Ce qui, en théorie, est simple. En pratique, ce fut un gros flop, notamment à cause de l'absence d'une direction claire vers laquelle se diriger, une absence de vrais nouveaux trucs (et les changements ayant été faits ont, au mieux, divisé, au pire, fait hurler tout le monde) ou encore des tentatives assez désastreuses de rendre tout plus dark et edgy, quitte à faire n'importe quoi avec des persos installés depuis des décennies.


Scénaristiquement, c'est là que l'arc commence, plus précisément à la fin de Darkseid War, l'ultime arc narratif de la New 52!Justice League (durant lequel la Ligue devient des Dieux maléfiques et avant, y'a Darkseid qui se fight contre l'Anti-Monitor et meurt, enfin, des trucs classiques, quoi). Durant ladite fin, Owlman, le Batman maléfique de Terre-3, et Metron (l'un des New Gods) essaient d'apprendre les secrets de l'univers par le biais de la Chaise de Mobius, qu'ils ont volée. Un plan de vilain classique, en somme, sauf qu'en tentant de faire ça, ils se font vaporiser et meurent promptement. Non seulement ça, mais tout indique que le Docteur Manhattan est le responsable. Choc et stupeur s'ensuivent : pourquoi est-ce qu'il l'a fait et, surtout... bah, qu'est-ce qu'il fout dans cet univers, surtout ? Déjà, ça.


Ensuite, on avance encore et on a "DC Rebirth". Après la fin des New 52 et le flop encore plus spectaculaire d'une très courte initiative nommée "DC You", que tout le monde a charitablement oublié, DC Rebirth se met en place et se présente comme le nouveau "reboot" (gros guillemets sur celui-là) promettant aux fans de faire revenir l'univers comme il était avant les New 52. Le truc le plus intéressant ici étant le one-shot "DC Universe : Rebirth" paru au tout début.


Ce one-shot raconte le retour du troisième Flash, Wally West, dans l'univers DC après en avoir été effacé. Il est coincé dans la Force Véloce (le truc qui donne aux Flash leurs pouvoirs) et essaie de faire que des gens se souviennent de lui pour pouvoir en sortir et c'est Barry Allen qui y arrive. S'ensuivent des retrouvailles touchantes et la révélation par Wally que quelqu'un (vous l'avez deviné, Manhattan) joue avec la continuité et y fout le dawa. Pour consolider tout ça, Batman (aidé de la lettre que son père lui avait écrite à la fin de Flashpoint) découvre le smiley jaune ensanglanté typique du Comédien (et l'emblème de Watchmen en général) encastré dans les tréfonds de la Batcave.


Ensuite, avançons encore un petit peu dans le temps pour Le Badge, un très court crossover entre Batman et Flash ayant duré 4 numéros et servant d'intro à Doomsday Clock. Pour résumer vite fait, Bruce Wayne et Barry Allen enquêtent sur d'où vient le smiley et sur pourquoi il était dans la Batcave... et puis, Néga-Flash aka Eobard Thawne, mort depuis quelques années et soudainement ressuscité, prend Batman par surprise et lui casse la gueule (vu que c'était Flashpoint!Thomas Wayne qui l'avait tué et il avait un peu les boules). Après ça, il vole le smiley mais en le touchant, il se retrouve téléporté. Quand il revient, quelques secondes après, il ne peut que prononcer quelques mots avant de mourir à nouveau (oui, quel con), son cadavre émettant des radiations. Pistant lesdites radiations, ils se retrouvent à faire un voyage dans le monde de Flashpoint, se font sauver par Jay Garrick, le Flash originel, alors qu'ils manquent d'être engloutis dans les flots du temps et retournent à l'exact moment de la mort de Thawne, où ils peuvent voir que celui qui l'a tué est, encore une fois, Manhattan.


Je sens que vous commencez à vous impatienter, ne vous inquiétez pas, c'est bientôt fini.


Enfin, on en arrive à Doomsday Clock lui-même. Je passe sur les trucs genre Superman Reborn, The Oz Effect, JLA Rebirth, Titans Rebirth, sachez juste qu'une très petite poignée de personnes durant ce temps-là ont pu apprendre l'existence de Manhattan et que basiquement, n'importe qui sachant qu'il existe se pisse dessus à la simple idée qu'il se ramène près d'eux.


Donc, le crossover. Nous sommes en 1992, l'univers de Watchmen est toujours autant un trou à merde, Adrian "Ozymandias" Veidt est l'homme le plus détesté du monde et des émeutes éclatent à tous les coins de rue. Le dernier espoir d'Ozy', c'est le Docteur Manhattan. Et pour cela, il décide de voyager jusqu'à l'univers DC pour le retrouver, le tout flanqué d'un nouveau Rorschach, Reggie Long, ainsi que du Mime et de la Marionnette, un couple très charmant et normal (non) qui va rapidement se faire un nom chez les criminels, tellement que même le Joker va finir par les trouver cool. Et durant tout ce crossover, on va finalement apprendre pourquoi Manhattan est dans cet univers et notamment (et c'est là que vous comprenez soudainement tout parce que vous êtes attentifs et astucieux) pourquoi est-ce qu'il a créé la continuité des "New 52" et supprimé des persos et des moments importants.


Ca fait beaucoup, oui. Eh bien, pourtant, de façon étonnante (et je commencerai par ça), malgré tout ce gigantesque résumé, la série principale se lit étonnamment très facilement. Honnêtement, est-ce parce que c'est juste 12 numéros, toujours est-il que toute la série se lit en un coup et ce, sans arracher de bâillement (en tout cas, pour moi). Alors que pourtant, y'a pas mal de choses à voir tout du long : Ozymandias et son groupe qui tentent de retrouver Manhattan, Rorschach II et sa rencontre avec Batman et Alfred, le Comédien qui est sauvé de sa mort au dernier moment et reprend du service, la montée en popularité de la "Superman Theory" (une théorie du complot invoquant le fait que tous les super-héros américains ont tous été secrètement créés par le gouvernement pour ensuite en faire leurs employés, théorie qui va causer un bon gros bordel), Mime et Marionnette qui grimpent les échelons dans le milieu criminel...


En parlant des persos de Watchmen, ce comic-book était pour moi l'occasion de pouvoir en voir certains en action pour la première fois... et honnêtement, ce sont des persos que j'ai trouvé vraiment très sympa à suivre.


Manhattan, en premier, est très intéressant et cela vaut principalement pour le fait que, bien que ce type soit un nihiliste au dernier degré, il est très loin d'être l'un de ces nihilistes super edgy qui passent leur temps à faire des monologues incessants sur la pourriture de l'être humain comme si on n'était pas déjà au courant. Non, lui, c'est surtout un type qui voyage à travers le temps, est sur Mars, observe les héros et... n'en a juste rien à foutre. En plus, son caractère très cartésien et logique et le fait qu'il est constamment aussi sérieux qu'un pape en toutes circonstances crée quelques moments très drôles comme, par exemple, tout le monde qui fait des remarques sur le fait qu'il n'a pas de vêtements (même de la part du Joker) ou quand il neutralise toute la Justice League et que le seul truc qui le fait réagir, c'est quand il se rend compte que la magie existe dans le DCU et ça le fait sourire. Sans compter qu'il s'arrête deux secondes pour analyser le truc avant de se remettre à nettoyer le sol avec tout le monde. Tout ça fait que la fin, où il réussit finalement à retrouver ses émotions humaines après que Superman l'ait protégé d'une attaque alors qu'il n'avait aucune raison de le faire et l'ait inspiré pour faire un truc bien, n'en est que plus efficace.


De la même manière, je veux mettre en lumière le Comédien et Rorschach II, qui sont probablement les meilleurs. Le premier parce que bien qu'il est canoniquement un vieux dégueulasse alcoolique loin d'être net, il reste extrêmement dangereux et incroyablement badass (le type arrive à se venger de Veidt, à envoyer Lex Luthor à l'hosto et à foutre en l'air une réunion de criminels. Et à neutraliser le Sphinx comme si c'était pas grand-chose, quand même) avec un total air de "J'en ai rien à foutre de mourir, je défonce tout le monde", le second pour être tout aussi badass (surtout sur les couvertures. Il y en a une où il sort tranquillement d'un building alors que tout explose derrière lui et celle utilisée pour cette page SC, c'est lui qui tape sur le Joker et semble n'avoir aucune chance de perdre) mais pour aussi être un perso bénéficiant d'une backstory vraiment intéressante, suffisamment développée pour qu'on puisse s'attacher à lui, et qui a les projecteurs braqués sur lui assez longtemps pour créer des moments parfois drôles, parfois touchants (si je peux le dire comme ça)...


Pour le reste, même si j'ai plutôt bien aimé Mime et Marionnette, eux et Ozymandias ne m'ont pas vraiment fait forte impression, surtout parce que j'ai trouvé qu'il y avait bien moins de focus sur eux durant la série (SURTOUT Adrian, alors que c'est censé être le cerveau. L'homme le plus intelligent de son univers, j'rappelle), c'qui est plutôt dommage. Bon, après, pas mal de persos de l'univers DC (surtout Batman, je trouve) sont très en retrait pendant toute l'histoire (y'a seulement Superman et Firestorm sur lesquels y'a vraiment du focus et qui impactent vraiment le récit). Et s'il y a bien un problème principal, le seul qui ne me fait pas mettre une note un peu plus haute à la série, c'est bien ça.


Parce que, oui, j'ai vraiment aimé Doomsday Clock. Même en tant que newbie au sujet de tout ce qui concerne Watchmen, le pitch était intriguant et a, pour la plupart, tenu ses promesses. Il y a eu de l'action, du drama, des passages drôles et tristes... et, de façon générale et sur un ton un peu plus personnel, voir un comic-book qui crache à la gueule de la mentalité dark et edgy de pas mal de comics, ça fait toujours plaisir. Je sais que c'est pas le premier comic à le faire (bonjour, Kingdom Come et tous les autres), mais mon point tient toujours (honnêtement, même si le monde me donne énormément de raisons d'être cynique, à la fin, je me dis toujours que c'est pas forcément un état d'esprit qui pourra apporter le bonheur).


Mais le problème est qu'au fond... j'en aurais voulu plus. Je vous ai parlé du Comédien et de Rorschach II en vous disant que je les ai beaucoup aimés... bah, au moins au milieu de la série, Edward se fait allumer par le Joker (alors qu'avant, il était virtuellement invincible) et finit jusqu'à un peu avant la fin attaché sur une chaise et demandant qu'on le libère (même si c'était marrant) et Reggie, quand il apprend que Walter Kovacs , l'homme qu'il pensait un modèle, a littéralement ruiné la vie de ses parents et provoqué leur divorce, craque, abandonne le costume et finit à la rue jusqu'à ce qu'Alfred et Bruce, encore un peu avant la fin, le retrouvent et le persuadent de reprendre le nom. Et honnêtement, j'aurais voulu les voir plus longtemps. Genre, j'aurais adoré voir le Joker et le Comédien se foutre sur la gueule ou Reggie rester plus longtemps avec Batman et, malgré les révélations, essayer de persévérer et apprendre au contact des héros à transformer le simple nom de "Rorschach" en symbole d'espoir.


J'aurais aimé que cet évènement s'étende sur d'autres titres, que ce ne soit pas juste limité à cette série. Après tout, in-universe, les manipulations de Manhattan ont influencé de près ou de loin tout l'univers DC et l'un des arcs de toute l'initiative DC Rebirth, c'était ça, donc pourquoi limiter tout ça à juste quelques héros. Surtout que cela aurait pu donner aux persos sans trop de focus dont je parlais plus haut une occasion de briller, justement. Puis, imaginez toutes les possibilités de crossover qu'il aurait pu y avoir.


Mais bon, ça, c'est un peu du nitpicking et ça ne doit pas vous enlever de la tête que cette série était vraiment très bonne et que j'ai personnellement passé un agréable moment à lire tout ça. Je conseille !

AntoineFontaine
8
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le 29 juil. 2021

Critique lue 83 fois

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