Quand le genre super héroïque est traité au plus près de l'homme, de sa chair et de son lien du sang qu'il tisse non seulement avec tous les animaux de la planète (c'est son super pouvoir!) mais aussi avec l'être humain et plus intimement avec sa famille, Jeff Lemire accouche non seulement d'un comics de super héro ultra terre à terre, mais aussi d'un drame humain et familiale avec quête initiatique pour la plus jeune, pertes de repères, anéantissement physique et psychologique pour les autres, poids d'un destin trop lourd à supporter, avec en parallèle le grand Hollywood qui montre toujours le bout de son nez quand il ne faut pas...etc Animal Man est donc une oeuvre hyper hétéroclite, refusant toute linéarité dans la narration, multipliant les intrigues, les points de vues et rapprochant au maximum son super héro du lecteur, auquel il peut facilement s'identifier.


Budy Baker est un homme tout à fait normal, avec ses hauts et ses bas, cascadeur de films ringards où il doit se déguiser en poule géante à défaut de décrocher un bon rôle, sa vie va changer lorsqu'il va revêtir les pouvoirs et le costume de Animal Man!
Héritant des facultés des animaux et insectes qu'il connait, Manimal est finalement un super héro assez minime par rapport à la pléiade de personnages peuplant le monde de DC COMICS (superman et flash entre autre), toujours dans l'ombre de la JLA, se retrouvant souvent à arrêter des prises d'otages ou des vols à main armé, c'est un super héro plutôt prit à la légère par ses compères dont les convictions (il lutte pour la cause animal), les antécédents d'acteurs et surtout l'époque dans laquelle il vit (la montée en puissance du support internet, des médias, des partages façon Twitter et des producteurs et agents d'Hollywood) en font un personnage plus proche de la machine à fric et people Hollywoodienne, qu'un sauveur de l'humanité bien prit au sérieux.
C'est ce qui fait de Budy Baker un personnage attachant, terriblement humain (peut-être même trop?) avec à ses côtés une magnifique famille typiquement américaine.


Il faudrait encore parler de la famille Baker, de son explosion, logique, et déchirante, de ses liens mignons comme tout entre ce papa et son fils qu'il considère comme son meilleur pote de toujours, cette maman dont le destin de sa famille est trop lourd à porter, de cette petite fille, élue malgré son jeune âge, soutenu par son fidèle chaussette (bon j'adore les chats faut dire...) des personnages que j'adore, que j'aime voir évoluer, se disputer, souffrir, essayer de se reconstruire, vivre tout simplement et Jeff Lemire décrit tout ça magnifiquement.


Pour conclure je vais finir par le dessin, plusieurs dessinateurs se sont donnés le relais et les plus marquants à mon sens sont Travel Foreman qui disparaît complètement du volume 2 et qui revient pour notre plus grand bonheur pour un des passages les plus marquants et les plus émouvant du tome 3, avec son trait reconnaissable entre mille, malsain, difforme, qui donne beaucoup d'étrangeté et de mystères à ce qui se passe sous nos yeux, ce qui colle parfaitement avec ce chapitre en particulier du 3ème volume. Steve Pugh (pas grand chose à dire sur lui, je trouve ça magnifique ce qu'il fait, surtout certaines pages du volume 3 où les ombres sont accentués et donnent un petit effet cinématographique et tragique) Alberto Ponticelli qui n’apparaît que sur un chapitre mais qui fait de Animal Man un pur moment organique avec déformations à outrance comme je les adore...
Et John Paul Leon à qui l'ont droit les chapitres sur le film de Budy Baker, limite autobiographique pour ce dernier.


Animal Man c'est ma grosse révélation en cette année 2015, je mettais promit de ne pas mettre de 10 avant d'avoir fini la série, mais je ne lirai pas le dernier volume avant un certain temps, et ce tome 3 m'a foutu une telle claque...

HuangFeihong
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 12 août 2015

Critique lue 155 fois

1 j'aime

1 commentaire

HuangFeihong

Écrit par

Critique lue 155 fois

1
1

D'autres avis sur Espèce dissidente - Animal Man, tome 3

Du même critique

Historie
HuangFeihong
10

L'aboutissement d'un style

La note est accessoire, seuls les deux premiers tomes ont pu être traduit en français en version numérique (toujours pas licenciée en France...), donc je note essentiellement le premier Arc qui se...

le 5 oct. 2014

12 j'aime

Iphigénie
HuangFeihong
10

Ma révélation cinéphilique.

Je me demande vraiment si ce n'est pas le film que j'attends depuis le début de ma cinéphilie. Je veux dire là j'ai quand même eu un vrai déclic en le voyant, ça me fait tout drôle, mais je pense...

le 26 avr. 2016

11 j'aime

2

L'Auberge du Dragon
HuangFeihong
9

Critique de L'Auberge du Dragon par HuangFeihong

Le film est vraiment une petite pépite du genre Wu Xia, il annonce, tout comme Green Snake un an plus tard, les deux chef d'oeuvre de Tsui Hark à venir, ici on est clairement dans les prémices de ce...

le 9 août 2013

11 j'aime