La suite de cette première aventure d'Asphodèle relève un peu le niveau grâce aux révélations qui viennent considérablement épaisseur les personnages et apporter à l'héroïne de véritables enjeux à surmonter. Progrès graphiques également avec moins d'aplats numériques et un équilibre des couleurs plus séduisants. Pour autant l'on ne peut s'éviter de penser qu'ici Éric Corbeyran avait probablement plus matière à développer un court roman que cet 


essai de bande-dessinée mal transformé.



Où l'héroïne dévoile de son âme, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Le scénario joue de manière plus complexe et plus intéressante sur le passé des trois victimes, venant enfin étoffer le récit en apportant matière à l'identification. Moins linéaires que dans le précédent volume, leur connivence et leurs répulsions créent le relief essentiel à l'atmosphère lugubre qui jusque là ne servait que de décor. De même avec Asphodèle, où quelques mystères autour de ses origines se dévoilent avec le plaisir de découvrir 


force de caractère et fragilité tue dessous les courbes.



Là où les personnages restaient sur le même plan tout au long du premier volume, ils commencent enfin d'évoluer sous les fragilités qui se font jour.
Graphiquement, le dessin de Djillali Defali est toujours très travaillé – parfois trop sur certains portraits – et la raréfaction des grands tableaux, toujours très beaux, favorise la fluidité de la lecture. Le rythme est moins haché et le montage plus complexe et plus diversifié, allant chercher les gros plans nécessaires à l'expressivité des personnages aux moments opportuns. Mais c'est dans la colorisation que les progrès sont les plus flagrants : Anne-Claire Jouvray vient en renfort aux côtés de Pierre Schelle et les aplats numériques toujours présents sont contrebalancés de touches de crayons de couleur qui épaississent enfin les décors. L'équilibre des couleurs est également plus riche, plus réaliste, et de fait



l'album y gagne en lisibilité.



Sans résoudre d'un coup de baguette magique les petits défauts qui relèguent ce diptyque au rang d'ouvrage mineur de la bande-dessinée contemporaine, ce second volume rehausse tout de même le niveau et ramène un peu plus de plaisir au lecteur, plus impliqué dans les mystères du scénario. Si Éric Corbeyran est un scénariste prolixe, il faut se rendre à l'évidence : la quantité n'est pas toujours gage de qualité. Le principal intérêt de l'aventure, sous les faiblesses narratives, c'est bien la découverte du talent de Djillali Defali, illustrateur méticuleux, attaché à 


une forme de perfectionnisme



profondément inhérent à la bande-dessinée franco-belge : le trait, s'il manque de caractère, de patte, n'en est pas moins impressionnant et dit toute l'application que l'artiste engage dans son travail, tel un moine aux enluminures.

Créée

le 30 août 2018

Critique lue 115 fois

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