Lucky Luke rebondit sans étincelle

On en a vraiment vu de toutes les couleurs avec les Luky Luke de l'après Goscinny. Des scénarios honteux (Patrick Nordmann avec un Morris certainement un peu gâteux), du très médiocre (Laurent Guerra), une pépite (contre Pinkerton) sans parler des albums approximatifs de Fauche et Léturgie. Le hors série de ce printemps de Matthieu Bonhomme fut un vrai ovni de qualité, mais hors concours. On attendait donc avec résignation la nouvelle mouture concoctée par Jul au scénario.

Après lecture, on se dit que notre héro a repris des couleurs. L'histoire est plaisante, bien construite, le rythme est soigné avec, tombant régulièrement, un bon gag goscinnyien par page. L'idée de parler des juifs est plutôt heureuse, même si l'auteur a dû beaucoup visionner Rabbi Jacob et piquer le pitch central de "la chèvre" pour entamer l'intrigue. Celle-ci même si elle est présente et claire, est certainement l'aspect le plus faible : une histoire linéaire d'accompagnement à travers le continent américain, suivi de loin par des méchants sans épaisseur et remplacés sans effusion par des indiens. L'album démarre bien et promet beaucoup, mais les 10 dernières pages sont faibles en terme de rebondissements et de boucles narratives. Pourtant, après les quelques désastres récents, et pour ceux qui aiment notre cow boy tout en ayant envie de retrouver son univers, sa dernière aventure mérite qu'on s'y attarde.

Dans ses interviews, le scénariste se permet de nous parler des thèmes de ses prochaines oeuvres, ce qu'un auteur évite en général. Il évoque la ségrégation des noirs, la guerre de sécession et une visite à Paris pour escorter la statue de la liberté !

Peut-être que Jul est meilleur en vendeur d'albums qu'en scénariste de cow-boy belge.