Fernand Dineur crée Tif en 1936 pour le journal Spirou. Cet orphelin se découvre, le mois suivant, un faux frère avec Tondu. Tif est chauve et glabre, Tondu chevelu et barbu. Tous deux sont râblés, rondouillards et larges d’épaules. Nos détectives privés connaitront, de 1940 à 1997, pas moins de 48 aventures trépidantes, dont douze scénarisées par Maurice Rosy. Le canevas débute invariablement par la découverte, fortuite, d’un indice. En bons limiers, les deux redresseurs de torts se précipitent sur la piste encore fraiche. Ils se séparent, Tif est capturé, Tondu le délivrera. À moins, que ce ne soit l’inverse. Ils traquent le crime organisé, mais ne reculent pas devant le fantastique. Ils courent beaucoup, s’encouragent mutuellement, jouent du coup de poing. On s’assomme plusieurs fois par page, sans autre séquelles qu’une bosse ou un mal de tête. Dineur et Will (Willy Maltaite), qui reprend les personnages de 1949 à 1990, ne dessinent que des têtes dures !


Le réveil de Toar est le douzième album de la seconde série, série dessinée par Will. Notre duo affronte Monsieur Choc, un digne émule de « Fantômas », imaginé par Rosy. Cet élégant et mystérieux génie du crime voit, à l’image du colonel Olrik de leurs confrères britanniques, régulièrement ses projets contrecarrés par nos amis. Une lourde clef les conduit en Bretagne… Un château et une légende locale plus tard, voici Choc qui réveille un géant mécanique assoupi. L’invraisemblance est assumée : Maurice Rosy ne tente même pas de proposer une explication plausible à cette horlogerie médiévale capable de mouvoir, sans source d’énergie extérieure, un colosse de ferraille. Que les amateurs de digressions scientifiques retournent à Black et Mortimer ! L’essentiel est que titan soit beau. Roar l’est assurément. Roar rugit. Le successeur de Rosy, Maurice Tillieux, l’aimera tant, qu’il lui donnera une nombreuse descendance, un tantinet plus moderne, dans Un plan démoniaque.


Typique de la ligne claire pour enfant, le dessin de Will est précis et amusant. Avec les années, il a pris un aspect vintage imprévu mais sympathique. Alors qu’il affectionnait les décors modernes (pour l'époque), nous retrouvons avec plaisir la France des Trente Glorieuses, celle de nos parents ou grands-parents, intacte et en couleurs.


P.S. : Le dessinateur Éric Maltaite (le propre fils de Will) et le scénariste Stéphan Colman sont à l’origine de la série Choc, qui attribue au célèbre malfaiteur un premier rôle mérité.

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le 11 mars 2017

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Step de Boisse

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